Lors d’un voyage aller-retour à Pauillac fait dans la semaine, je me disais en conduisant que cela faisait bien longtemps que je n’avais pas abordé un sujet polémique dans ce blog.
Et là, miraculeusement, un sujet s’est imposé à moi en regardant les vignobles médocains traversés.
Dans de nombreux Grands Crus, c’est la période de la pré-taille. C’est une mode qui s’est développée depuis quelques années. Cela consiste à supprimer toute la portion du feuillage qui se trouve au dessus du dernier fil de fer dans le but de rendre les travaux manuels plus rapides et moins pénibles.
Personnellement, je ne pratique pas cette pré-taille mais je comprends que dans les vignobles « peu valorisés », il soit
opportun de diminuer les charges avec une pré-taille, l’hiver, ce qui est un moindre mal pour la vigne
Mais là je ne comprends pas car il s’agit de Grands Crus qui représentent toujours l’élite de la viticulture mondiale et dont les prix de vente ne nécessitent pas vraiment d’aller grappiller les
quelques centimes de prix de revient sur le dos de la vigne.
Il y a une semaine, les pieds de vigne portaient encore leurs raisins. Maintenant, on les scalpe brutalement.
Comment peut-on s’être éloigné à ce point de sa vigne au point de penser que lorsque les derniers raisins ont été récoltés, la vigne n’a plus d’intérêt jusqu’à la prochaine saison culturale ?
Que fait-on de la sève qui est encore présente dans les rameaux et les feuilles ?
On a oublié que le cep de vigne est vivant 365 jours par an.
Une fois la récolte amenée à maturité, la vigne doit un peu « penser à elle » et s’occuper d’elle-même. Pour cela, elle dispose de quelques semaines avant les gelées. Le feuillage doit « murir », c'est-à-dire que les feuilles doivent lentement aller vers la mort en changeant de couleur.
La sève doit regagner les racines. Il y a l’hiver à préparer mais aussi la prochaine saison qui se profile.
Comment peut-on aussi se dire préoccupé par les maladies du bois quand au même moment, on passe au hachoir une vigne en pleine végétation?
Peut-être qu’un jour, lorsque le dernier enfant aura quitté le domicile familial, on se mettra à amputer les parents à la serpe (et sans anesthésie ni antiseptique) sous prétexte qu’ils n’ont plus d’utilité.
Cela paraît irréel et pourtant, c’est ce que de nombreux vignobles grands vignobles subissent au nom de la productivité.
Où est passée la passion ?