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26 novembre 2008 3 26 /11 /novembre /2008 11:40

Quelques jours après la fin des fermentations alcooliques, c’est maintenant le dernier décuvage de la saison.

Il y a un peu plus d’un mois que les vendanges ont pris fin. Depuis, on avait décuvé les Merlots et les Cabernets. Il manquait LA cuve de Petit-Verdot. C’est maintenant chose faite.

Pourquoi attendre si longtemps par rapport aux autres cuves ? Tout simplement parce que le vin nous le demandait.

Depuis que nous avons repris le domaine, nous n’avons jamais cédé à la dictature du Merlot. Le Petit-Verdot s’est imposé à nous comme une alternative crédible. Certes, il ne faut pas que du Petit-Verdot, mais avec une certaine proportion, on peut gagner en complexité aromatique et en longueur en bouche dans les assemblages.

Cependant, dans nos terroirs argilo-calcaires, il faut beaucoup de précautions à tous les instants pour ne pas tomber dans l’austérité avec ce cépage qui est naturellement très tannique. Dans le vignoble, le Petit-Verdot est planté avec une densité de 10000 pieds par hectare pour une faible vigueur.

Durant la vinification, j’agis avec une infinie douceur, particulièrement avec le Petit-Verdot.

Celui-ci dispose d’une vinification pratiquement manuelle.

La petite taille de la cuve (20 hl) aide aussi pour avoir ces relations presque affectives avec le vin.

Avec les autres cépages, je déguste les cuves 2 fois par jour. Pour le Petit-Verdot, il faut parfois augmenter fortement la fréquence des analyses sensorielles. Les grains de raisins sont tellement petits (donc concentrés en tanins) que la moindre erreur dans l’extraction peut devenir fatale.

Puis, pendant les dernières semaines, alors que la fermentation alcoolique était achevée, j’ai changé plusieurs fois la température du vin pour coller en permanence aux messages que le vin m’envoyait. Pour lui, un ou deux degrés de plus ou de moins font une différence à la fin.

Puis comme toutes les bonnes choses ont une fin, on a décuvé le Petit-Verdot lorsque c’était le « bon moment ».

La cuve, achetée d’occasion au début de notre aventure, n’a pas vraiment été conçue pour les vinifications. Tout y est donc un peu plus fastidieux.

Mais, ce n’est pas grave, on le fait toujours avec bonne humeur car dans tous les cas, on a connu bien pire et on est sûr de faire du bien au vin avec notre méthode manuelle.

Il est illusoire de vouloir aller dans la cuve tellement la cuve et la porte sont petites. Lorsque les enfants étaient plus jeunes, donc plus petits, c’était eux qui entraient dans les cuves de 20 hl pour en extraire le marc.

Maintenant, ils sont pratiquement des adultes, donc mis à part moi, personne ne peut plus y aller car lorsqu’il y a du marc, on ne peut pratiquement pas bouger.

C’est donc, depuis l’extérieur que l’on tire le marc. D’abord à la main, puis avec un trident.

Il tombe dans la hotte situé sous la porte de la cuve. La hotte est ensuite hissée sur le dos de Jean-Michel jusqu’au pressoir.

Là aussi, on pourrait faire beaucoup plus simple en utilisant la pompe à vendange qui est aussi une pompe à marc. Mais le travail ne serait pas le même car facilité et qualité ne font jamais bon ménage.

C’est donc fini, la dernière cuve est décuvée. Maintenant, il faut se concentrer sur le vin nouveau en se disant que le temps passe tellement vite que les prochains décuvages arriveront très vite.

Un an, c’est si vite passé !

 

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commentaires

I
Ah, que je connais bien ce genre de décuvages - nes notres sont encore devant nous... Comme aucune de nos cuves dépasse 10 hl, et une partie de la vendange demande même souvent les garde-vins encore plus petiots - c'est toujours d'abord avec un trident par le haut et ensuite à la main par le bas, là, où il existe une petite trappe, que nous visonds pour mettre sur notre pressoir verticale - seule différence: ce n'est pas dans une hotte, mais dans une comporte, qu'on porte à deux et que nous avons gardé pour ce gernre de transport, que cela se passe:-)
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le blog de Corinne Comme

En créant ce blog,  je souhaite faire partager une certaine approche de notre métier de vigneron afin de réhabiliter le mot « paysan ». Au-delà de son rôle dans la production de denrées alimentaires, il doit aussi être le gardien d’un savoir ancestral et faire le lien entre la nature, les animaux et l’humanité. Il est l’observateur et le garant des grands équilibres de la vie. C’est une tache prenante et passionnante qui s’accompagne de joies, de peines et de moments de doutes.

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