J’ai l’impression que les jours, les mois, les saisons et les années se succèdent à une vitesse de plus en plus grande.
Il y a encore quelques jours, on était en août et c’était l’été. Maintenant, on est encore officiellement en été mais ce n’est plus pareil. La preuve, on vient de faire les premiers labours d’automne sur les parcelles de blanc tout juste vendangées.
Comme toujours maintenant chez nous, c’est notre nouvelle recrue à chenilles qui a été chargée de l’opération. Et de ce fait, aucun compactage pour le sol.
Dans nos sols argilo-calcaires et à cette saison, la moindre pluie rend nos sols in-labourables pendant des jours et des jours. Aussi, on n’a pas attendu d’avoir terminé toute la récolte pour monter la charrue. On a profité de la coupure entre blancs et rouges pour intervenir.
C’est déjà une bonne chose de faite.
Mon fils Thomas s’est pris de passion pour ce petit engin rampant. Il a donc souhaité effectuer lui-même l’opération après réglages avec son père. Comme il aime les fruits et les raisins en particulier, il était aux premières loges pour repérer les grappes oubliées par les vendangeurs et qui continuent à rôtir avec plaisir. Il n’a pas son pareil pour saisir les raisins « au vol ».
Les conditions étaient idéales et la terre se retournait avec bonheur.
Je repensais à la mode actuelle qui veut qu’on ne laboure plus les sols. Comme toutes les modes, elle passera et sera remplacée par une autre mode.
Pourtant, le fait de voir le soc faire son travail génère en moi un sentiment de bonheur indescriptible.
En labourant, on a l’impression de faire du bien à la terre. Il est difficile de faire ressentir l’odeur qui se dégage ; la bonne odeur de la terre que l’on oublie jamais quand on l’a sentie une fois.
Cette proximité affective et physique avec la terre nous motive un peu plus chaque jour pour la respecter tout en essayant d’en percer quelques mystères et d’en comprendre des bribes de sa subtilité infinie.