Cette semaine, se tiennent les dégustations primeur dans les appellations les plus réputées de la région.
Rien n’est jugé « too much » pour donner aux domaines une dimension unique et s’approcher un peu plus du rêve de devenir une élite parmi l’élite.
Et cette année, la star incontestée de la fête fut sans conteste le cheval.
Ne me faites pas dire que les vins présentés sentaient le cheval ou l’écurie après quelque hypothétique contamination aux brettanomyces, les fameuses « brett ». Je suppose que les habitués ont du être fidèles à cette « touche de terroir » particulière et selon moi insupportable.
La grande majorité des vins devait être parfaitement nette ; à défaut d’avoir une âme.
Je veux bien-sûr parler du cheval de trait qui a envahi la région.
Le marché restreint de la traction animale a du connaitre une surchauffe spectaculaire en quelques jours.
Il y a plusieurs semaines, j’avais parlé ici-même de l’absence de logique qu’il y avait à redéfinir le cheval comme une priorité devant beaucoup d’autres choses plus simples, économiques et évidentes.
Mais là, on a franchi un nouveau pas. C’est la présence régulière de chevaux dans les vignes pendant le séjour de tous les visiteurs professionnels venus déguster le vin nouveau.
Les vignes en question ne sont pas n’importe quelle vigne mais plutôt les parcelles les plus en vue depuis la route ou la pièce qui sert à la dégustation ; voire les deux si possible pour une rentabilité maximale de l’opération.
Et bien loin du projet de Pontet-Canet, construit, logique et bâti sur la durée, on a vu des chevaux et leur propriétaire, prestataire de service, débarquer pour faire le show pendant quelques heures ou quelques jours, pour rien de sincère.
Quand je dis pour rien, je devrais me mordre la langue car un cheval loué coûte 500€ par jour ; quand même… A ce prix là, c’est un vrai investissement pour la qualité et on peut en faire 2 ou 3 jours mais au-delà, vous comprenez, il y a des impératifs économiques…
Déjà que bien souvent, on ne peut labourer que les vignes qui « se voient depuis le château car ça coûte trop cher ». Les autres sont abandonnées au désherbage chimique sans aucune forme de remord. Après tout, « on ne les voit pas depuis le château ».
Mon sentiment est partagé entre amusement et une certaine forme de pitié devant des démarches aussi puériles ; dignes des gamins qui montrent leur nouvelle mobylette à leur copain en faisant vrombir le modeste moteur.
Et finalement, j’en arrive à me dire que le cheval est devenu bien ringard ces temps-ci.
Pour être tout à fait « in », il faudrait trouver des solutions plus originales.
Il y a bien les bœufs mais ce ne serait pas très vendeur ; trop paysan.
La vraie solution serait éventuellement le zébu. Il peut tirer une charrue, même s’il n’est pas très puissant.
Et surtout on peut tendre une banderole entre les cornes…avec le nom du Château !