A ma façon, je commémore l’indépendance de l’Algérie en pensant à mon papa qui a vu son monde s’effondrer autour de lui, il y a cinquante ans. Née dans ce pays que je ne connais pas en 1965, je n’ai pas vraiment refermé la plaie de l’histoire et plus le temps passe, plus ce manque de racines me pèse.
Un demi-siècle est passé depuis et les commentaires des uns et des autres sont nombreux, parfois même déplacés, pour donner un éclairage plus ou moins partisan aux « évènements ».
Mon sentiment aujourd’hui est que la France, terre d’accueil, a accepté depuis ce demi-siècle et de tous les horizons des millions de personnes.
Pourtant, beaucoup de ces gens attirés par le niveau de vie de notre pays, n’avaient rien fait pour elle ; certains même, la détestent ouvertement et profitent de notre liberté de parole pour le dire.
Pourtant, il y a cinquante ans, lors de l’indépendance de l’Algérie, notre pays a abandonné à un sort terrible les Harkis qui avaient choisi la France.
A la lumière de l’histoire, on peut dire que ces gens là s’étaient trompés de camp.
Mais notre pays leur devait assistance et protection. Ceux qui ont échappé à une mort certaine et ont pu gagner la France, ont connu l’humiliation des camps dans des conditions à mi chemin entre la prison et la caserne militaire.
Autre temps, autre époque pourrait-on rétorquer.
Oui mais, depuis cinquante ans aucun gouvernement n’a accepté de leur témoigner une quelconque excuse ou compassion sincère et durable.
Ils sont pour le coup, les grands oubliés d’une histoire qui s’est écrite pour eux avec des lettres dont le sang était teinté d’encore
plus d’amertume que pour les rapatriés « français de souche ».
J’ai honte de ce que mon pays a fait subir à ces gens, fidèles parmi les fidèles à un drapeau qui n’était pas le leur.