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21 novembre 2012 3 21 /11 /novembre /2012 20:57

Récemment alors que je travaillais dans le cuvier, j’ai eu besoin d’une tige pour m’aider à récupérer un outil tombé entre deux petites cuves.

En cherchant l’objet de mes rêves dans le placard, j’ai retrouvé l’agitateur qui nous servait dans le passé pour remettre les lies en suspension dans les barriques de vin blanc.

Il n’est plus utilisé depuis de nombreuses années et pour être totalement sincère, j’avais même presque oublié qu’il existait.

branlou.JPG

 

 

Il m’a rappelé l’époque de nos débuts, où nous réalisions ce travail, jusqu’à trois fois par semaine, « pour donner du gras au vin ».

Ainsi, on pensait naïvement pouvoir se comparer aux références bordelaises dans ce registre et prétendre alors à une gloire aussi rapide qu’universelle !

 

Puis, le temps a passé. La gloire facile telle que nous la rêvions n’a jamais vraiment été au rendez-vous et des doutes sont nés sur la pertinence d’une telle démarche, surtout quand on  souhaitait remettre par la biodynamie le terroir et son expression au centre de notre démarche.

 

L’ « outil-brasseur » a progressivement perdu de son rôle de bras armé de la reconnaissance éternelle. Puis les barriques ont disparu elles-aussi.

On est revenu aux fondamentaux : du raisin pressé, fermenté avec les levures venues de la vigne (ou venues d’où elles veulent) et c’est tout.

C’est tout et c’est l’essentiel.


Dans cette phase d’adolescence viti-vinicole que nous avons connue, cette technique d’élevage sur lies et quelques autres étaient des négations du terroir et du cépage. Mais elles nous ont permis de construire notre identité.


En voulant copier les autres, nous faisions comme l’adolescent qui s’identifie à son chanteur favori ou à son joueur de foot fétiche. Nous n’étions pas nous-mêmes.

De ce fait, nos vins n’avaient pas eux non plus leur propre identité. Cela se ressentait mais nous ne pouvions le voir.

 

Maintenant, peut-être aussi que l’âge aidant, nous avons trouvé une sorte d’identité qui nous est propre et que nous transmettons au vin.

Ce dernier a trouvé sa propre identité, sa verticalité avec les pieds bien ancrés dans la terre et la tête dans les étoiles.


Un vin bien avec lui-même et ressenti comme tel par ceux qui le dégustent.

C’est le principal !

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le blog de Corinne Comme

En créant ce blog,  je souhaite faire partager une certaine approche de notre métier de vigneron afin de réhabiliter le mot « paysan ». Au-delà de son rôle dans la production de denrées alimentaires, il doit aussi être le gardien d’un savoir ancestral et faire le lien entre la nature, les animaux et l’humanité. Il est l’observateur et le garant des grands équilibres de la vie. C’est une tache prenante et passionnante qui s’accompagne de joies, de peines et de moments de doutes.

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