Souvent, il m’arrive de parler d’émotion lors de la dégustation d’un vin.
Pourtant, ce mot ne s’applique pas forcément que pour qualifier un vin. Dans l’approche biodynamique qui est la nôtre, il revient très souvent dans les conversations.
Pour que le vin puisse générer de l’émotion, il faut entre autres que durant son cycle annuel, la vigne ait pu réaliser les deux étapes indispensables à son épanouissement.
La première, qu’on pourrait qualifier de juvénile va permettre à la vigne de faire sa croissance en produisant des branches et des feuilles.
La seconde période, dite d’identité arrive normalement après la fleur, …quand elle arrive.
En effet, la viticulture moderne est devenue tellement dégradée pour ne pas dire décadente que bien souvent la vigne ne fait qu’effleurer cette phase d’identité tout en restant dans la période juvénile.
En faisant le parallèle avec les humains, la première phase, c’est la croissance de l’enfant. Il grandit par une multiplication vigoureuse de ses cellules. Puis, quand il arrive à l’âge adulte, il trouve qui il est, c’est-à-dire qu’il découvre sa propre identité.
Lorsqu’on laisse à la vigne l’autonomie de sa destinée, elle produit des feuilles pendant une période donnée de son cycle annuel, c’est son adolescence. Puis elle s’arrête de pousser en atteignant l’âge adulte après sa fleur et elle va pouvoir s’occuper de ses raisins. Ainsi, elle peut accéder à l’identité. Et l’identité d’une vigne, c’est celle de l’endroit où elle a poussé ; c’est donc l’expression de l’endroit, du terroir dans les raisins puis dans le vin.
Beaucoup de vignes modernes restent dans l’adolescence pendant tout leur cycle. Elles ne trouvent jamais l’identité ou plus exactement, les pratiques culturales et les décisions du vigneron les empêchent d’accéder à cette phase cruciale.
Pour preuve, les rogneuses qui coupent jusqu’aux vendanges des jeunes feuilles sans cesse renouvelées. Ou même des rameaux qui continuent de pousser bien après les vendanges.
Transposé à l’humain, c’est l’adulte qui continuerai tà grandir ou le vieillard dont les pantalons seraient sans cesse trop courts.
Aberrant, pourtant une réalité pour cette pauvre vigne décidément bien malmenée
La suite bientôt car je suis dans la saisie du bilan comptable...