En cette période de calme avant les fêtes de fin d’année, c’est un moment propice pour réfléchir sur soi-même.
Tous autant que nous sommes, qui nous sommes, quel est notre vrai « Moi » intérieur ?
Dans cette quête, il est un livre qui revient toujours à mon esprit. C’est « L’Etranger » de Camus. Je l’ai lu et relu des dizaines de fois et il reste sûrement mon livre préféré entre tous.
Je suis fan de longue date de Stephen King et j’ai lu presque tous ses livres ; certains en français, d’autres en anglais, parfois même dans les deux langues. J’adore sa façon d’écrire et les sujets qu’il évoque à travers ces romans.
Mais L’Etranger possède une dimension supplémentaire ; quelque chose qui me touche au plus profond de mon être.
Sûrement parce que je suis aussi un peu étrangère dans ma mon cœur.
Evidemment, il y a la façade la plus simple, celle du lieu de l’histoire, Oran, qui est mon lieu de naissance et que je n’ai jamais vue. Ce déracinement me pèse de plus en plus au fur et à mesure que le temps passe. On dit que les plaies mettent du temps à se refermer. C’est vrai pour celles de surface.
Cependant, les plaies plus internes, plus intimes ne se referment jamais vraiment. Et dans notre vision symbolique de la vie, quand on vieillit et qu’on laisse progressivement de côté le superflu, qu’on se débarrasse de la surface, du superficiel, pour ne conserver que l’essentiel, les plaies enfouies ressortent telles de vieilles fondations qui revoient le jour quand on enlève la terre qui les recouvrait depuis des siècles ou des millénaires.
Mais avant tout, il y a surtout le caractère du personnage qui est une sorte de handicapé des sentiments. Et parfois, je suis moi aussi comme lui ; avec toute la difficulté que cela génère dans les relations à l’autre. L’effort qu’il faut accomplir pour dire à quelqu’un qu’on l’aime. L’impossibilité d’exprimer ses peines ou ses frustrations.
Heureusement, j’ai eu la chance de rencontrer le meilleur des maris. Son caractère solaire (toujours dans notre symbolique) et la verticalité que cela lui procure, en fait une vraie colonne vertébrale pour l’Etrangère que je suis.
Je ne suis pas la seule accrochée à lui car il doit aussi porter une grande partie de Pontet-Canet.
Parfois, il doit avoir les épaules un peu retombantes avec tous ces fardeaux à porter !
Le personnage de Camus n’a pas eu cette chance. C’est aussi pour cela qu’il reste un proche dans mon âme, depuis longtemps et de toute évidence, pour longtemps encore…
Etrangère, certes mais je me soigne !