Samedi soir, nous avons subi une véritable tempête sur le domaine.
Alors qu'on avait passé la journée avec un calme relatif, le ciel est devenu très menaçant dans la soirée.
Puis, depuis les fenêtres, c'est un mur d'eau qui est apparu sur les forêts qui nous entourent. En quelques secondes, la pluie a commencé à tomber de plus en plus fort. Ensuite, ce fut le tour des grêlons qui se sont mêlés aux énormes gouttes.
Et on regarde atterré en pensant aux vignes et aux grappes mûres qu'il reste à ramasser.
Ainsi, il est tombé pratiquement 50 mm en quelques minutes !
Des flaques partout, des égouts submergés, de l'eau sous les portes,...et des larmes.
Quand la pluie cesse enfin, il est difficile de reprendre ses esprits et de revenir à ses occupations d'avant. On est groggy, ne sachant s'il faut rire ou pleurer; en espérant néanmoins que les choses iront moins mal que ce que l'on suppose.
Dimanche matin, tour des vignes complet pour évaluer la situation. Finalement, il y avait bien plus de grêlons que ce que l'on pensait. Beaucoup de feuilles sont déchiquetées.
Toutes les parcelles sont concernées mais les dégâts "ne sont que" des baies fendues. On finit par penser qu'on a eu de la chance car la récolte est encore là et qu'elle pourrait très bien être totalement par terre.
Pourtant, la situation n'est plus la même car la pourriture très au fait cette année risque de rendre les choses plus compliquées pour les raisins à rentrer.
En fait, je n'ai fait que commencer et il me reste 90% de la récolte sur pied...
C'est là qu'on commence à refaire le monde en se demandant pourquoi on n'a pas vendangé plus tôt, comme les voisins. En effet, certains ont fini les blancs depuis bien longtemps, ont aussi terminé les merlots et en sont maintenant aux cabernets. Evidemment, ces gens ont leurs priorités qui doivent être bien différentes des miennes.
Quand on déguste les peaux des raisins maintenant, les sensations sont devenues très agréables alors que la semaine précédente, ce n'était pas encore totalement le cas. Les quelques jours de très beau temps sont passés par là et qualitativement je ne regrette rien.
Pour les merlots, ils commencent tout juste à être proche du but. Les Cabernets et le Petit-Verdot sont encore loin et pour eux, il faudra être vigilant et sûrement aussi prier quelque divinité qui pourrait nous venir en aide et éloigner les nuages.
Comme le dit Jean-Michel, il y a toujours un prix à payer pour tout. Celui de la qualité, c'est l'acceptation du risque qu'il y a à attendre la maturité la plus parfaite.
La suite pour moi, c'est de reprendre mes esprits en évaluant au fur et à mesure quelle est la meilleure solution en fonction de l'évolution de chaque parcelle.
On est maintenant assis sur une cocotte-minute avec la pourriture qui menacera de s'étendre jusqu'à ce que le dernier grain soit récolté.
La vie n'est pas un long fleuve tranquille...
Courage Corinne !...