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13 février 2013 3 13 /02 /février /2013 11:53

Une fois n’est pas coutume, nous avions pris quelques jours de vacances avec des amis. Mais comme on ne se refait pas, on était allé visiter des vignobles et déguster des vins.

Nous étions en Bourgogne.

C’était la deuxième fois que nous nous y rendions. La fois précédente, nous étions encore étudiants. N’étant pas mariée à Jean-Michel, je n’avais pas encore épousé la vigne. La vigne ne m’intéressait pas vraiment et seule la dégustation du vin avait quelque crédit à mes yeux.

Nous y avions été très bien reçus, avec générosité par des vignerons soucieux de partager le fruit de leur travail avec ses deux étudiants bordelais sans argent. C’était, il y a 25 ans !

 

Cette fois-ci, il s’agissait autant de passer de bons moments entre amis que de visiter des caves car étant les seuls professionnels d’un groupe de 14 personnes, dont une bonne moitié d’américains, il était difficile de demander à faire le tour des vignes, voir le matériel,…Bref, faire le vigneron en ballade chez d’autres vignerons.

Qu’importe, cette partie non-réalisée sera pour une prochaine fois.

 

Le programme prévoyait diverses visites avec deux points culminants, les domaines Leroy et Domaine de le Romanée Conti.

Ce qui est marrant dans notre société moderne, c’est qu’on peut penser connaitre les gens connus sans jamais les avoir rencontrés. On sait ce qu’ils pensent, on connait leur voix, leurs goûts, leurs mimiques,…

Ce fût un peu le cas avec Aubert de Villaine qui nous a reçus dans son beau domaine.

En descendant les marches du chai, j’ai eu une pensée pour tous les millions d’amateurs de vin dans le monde qui n’auront jamais l’opportunité de connaitre ces endroits deux fois millénaires.

Au-delà, du caractère viticole à proprement parler, il y a des endroits spéciaux, des endroits particuliers. Ils inspirent notre corps et notre âme sans qu’on puisse vraiment décrire ce que l’on ressent. En général, ils sont connus et reconnus depuis longtemps et les implantations humaines s’y sont succédées les unes sur les autres, une religion ou croyance y remplaçant une autre.

Je pense que Romanée-Conti fait partie de ces endroits. Cela donne une dimension supplémentaire aux vins qui y sont produits.

 

Cependant, le temps fort parmi les temps forts de cette semaine restera la visite des Domaines Leroy. Peut-être aussi parce que Lalou Bize-Leroy a une approche de la vigne dans laquelle nous nous reconnaissons. L'an dernier, Jean-Michel a eu la chance de la recevoir longuement à Pontet-Canet. Ce fut un privilège et un honneur pour le vigneron qu’il est. Je l’envie toujours avec une pointe de jalousie.

Dans notre esprit, elle reste la plus grande vigneronne de France.

La dégustation de ses vins n’ont fait que confirmer notre point de vue.

Dans le groupe que nous étions, d’âge, de sexe ou d’histoire variés, personne n’est resté insensible dans sa chair. Beaucoup ont été émus. Pour Jean-Michel, l’émotion a bien dû faire place à quelques larmes. De mon côté, j’ai été retournée, fière d’être là et consciente de vivre un grand moment de dégustation.

 

Depuis des années, Jean-Michel cite à qui veut l’entendre la phrase magique de Michel Bettane : « Le Domaine Leroy rappellent à tous la marge existante entre le très bon et le grand ».

Effectivement, les vins que nous avons dégustés ont permis de faire le constant que l’essentiel des vins produits sur Terre ne sont qu’au mieux de très bons vins. Et que pour prétendre au grand, il faut amener l’émotion au dégustateur.

Et ça, c’est très rare.


Ce qui fait que dans le monde, il y a quelques grands vins et puis il y a tous les autres.

 

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1 février 2013 5 01 /02 /février /2013 14:31

Ceux qui lisent ce blog depuis longtemps savent qu’au moins une fois par an, je reçois la famille Mostade, client historique de Champ des Treilles. En balade de client-ami en client ami, leur camping-car est aussi connu de la France viticole que les voitures jaunes de la poste !

 

Quelque fois, cela s’est passé sur le domaine, pendant les vendanges. Et je dois dire que les mélanges de vins jusqu’à 2 heures du matin quand on se lève 2 ou 3 heures après, ce n’est pas le mieux pour avoir les idées claires. En général, on a même l’impression quand on se penche vers un pied de vigne que le cerveau vient taper contre la boite crânienne.


Heureusement, cette fois-ci, on n’était pas en vendange et le repas était à midi.

C’est à Pauillac que nous avons passé ces moments de partage.

Cette année, ils ne sont pas arrivés seuls. Ils avaient invité un vigneron bien connu des Côtes du Marmandais ; Elian Da Ros.

Nous nous étions croisés mais n’avions jamais eu le temps de discuter et d’échanger sur nos expériences respectives.

Maintenant, Elian est devenu un ami, un proche dans cette grande famille des vignerons vrais, ceux qui ne font qu’un avec leurs vignes.

 vins-mostade.jpg

Recevant à Pauillac, les vins de Pontet-Canet se sont un peu imposés dans la dégustation…

On a aussi essayé de mettre les liquoreux à l’honneur avec un Climens 2008. C’est un domaine auquel je suis attachée et que je commence à mieux comprendre maintenant à force de m’y promener souvent en long, en large et en travers.

 

Nous avons aussi dégusté deux bouteilles de Champ des Treilles. Il s’agissait pratiquement des seules bouteilles dont je pouvais disposer car les autres sont soit vendues, soit retenues.

 

En fin de repas, on a aussi sorti de la cave un Tokaji Disznoko 5 puttonios de 1993. C’était l’époque de la reprise en main par l’équipe d’AXA-millésime alors dirigée par Jean-Michel Cazes. Ce vin de 20 ans a montré le potentiel de l’endroit pour faire des grands vins de garde.

 

Enfin, notre fils Thomas a tenu à servir un Cognac Lot 29 de chez Tesseron. Ayant fait son premier stage dans cette entreprise proche de nous, il s’est découvert une vraie passion pour ce produit de la vigne. Passion qui ne le quitte pas ; même deux ans après et d’autres expérience et années scolaires entre temps.

Belle et noble passion cependant !

 

Ces quelques heures nous auront permis de refaire le monde et de mieux connaitre Elian. Nous avons prévu de nous revoir bientôt, chez lui près de Marmande ou chez nous à Margueron.

 

La famille Mostade est repartie avec son camping-car mais leur gentillesse et leur délicieux accent belge hantent encore la maison.

 

C’est rassurant de connaitre des vrais gens biens !

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30 janvier 2013 3 30 /01 /janvier /2013 11:38

Le nouveau scandale sanitaire du moment concerne cette fois un « cachet anti boutons sur la figure » et qui a été transformé en pilule contraceptive.

Il y a quelques jours, c’était les pilules, des troisième et quatrième générations.

La constance de tout cela, c’est la naïveté de certains et la cupidité d’autres.

 

L’expérience montre que rien n’arrête le désir de rentabiliser une molécule même s’il faut faire quelques entorses aux précautions de base.

 

Et dans chaque cas, des personnes font confiance au discours de professionnels qui finalement vont contribuer à dégrader leur santé ou même à les tuer.

 

La femme que je suis ne peut pas ignorer le rôle joué par la contraception dans l’émancipation des femmes.

Mais il ne faut pas oublier que tous les produits contenus dans ces petites pastilles numérotées sont bel et bien des hormones. Et une hormone reste une hormone ; c’est-à-dire un produit très puissant.

Aucune molécule extérieure, surtout si elle est synthétique, n’est anodine.

 

Au-delà des drames humains, que peut-on retenir de tout cela ?

 

Premièrement que rien ne sert de leçon. Jamais l’histoire passée n’est prise en compte pour éviter que les choses similaires se reproduisent. On nous dira qu’il y a le principe de précaution. Certes, on va l’activer pour le sujet précis au cœur du scandale.  Mais le problème d’à côté sera magistralement oublié. Avant-hier, c’était le vaccin contre le cancer du col de l’utérus, hier c’était les coupe-faim. Aujourd’hui, c’est la pilule. Demain, ce sera autre chose. Mais jamais on ne se dira que le système tourne mal, sans contrôle et sans direction.

 

Si on veut se rassurer, il n’y a pas que les médicaments qui sont dans ce cas. Ainsi, après une inondation, on nous dit la main sur le cœur, qu’on ne construira plus dans les zones inondables. Puis, la pression démographique, la bêtise, l’absence de nouvelle crue pendant 10 ou 20 ans, la volonté des élus de remplir une école avec de nouveaux arrivants,… On se dira que finalement on a fait bien du bruit pour rien et que c’était avant et que maintenant, on sait réagir. Et on redonnera des permis de construire dans les zones inondables. Puis, une nouvelle crue viendra...

 

Deuxièmement, pour en revenir à notre métier, on peut se rappeler que les hormones, les vignerons en inondent les campagnes et leurs habitants grâce à  la confusion sexuelle pour « lutter contre » les vers de la grappe. Cela est fait avec la bénédiction de tous ceux qui disent ou pensent que c’est très « propre ». C’est même homologué bio !

Officiellement, la barrière des espèces est très étanche. Officiellement ! Aussi étanche que la frontière française face au nuage de Tchernobyl…

Après, avec ça et le reste, on va se demander pourquoi en quelques années, on constate une baisse importante de fertilité chez les agriculteurs. On va faire de grandes études. On donnera de belles conférences, toujours avec de la viennoiserie de qualité. Et le sujet va s’endormir, jusqu’au prochain scandale sanitaire.

 

Enfin, tout cela me fait penser qu’on opère les gens à la chaine du syndrome du canal carpien ou de tendinite, ou les deux à la fois. Sans se demander si la cause de cette épidémie n’est pas à rechercher un peu plus loin que sous la peau qu’on va couper au scalpel.

Hormones (contraceptives ou pas), molécules de synthèse (médicamenteuses ou pas), additifs alimentaires,…

Que sais-je d’autre ?

On pourrait éventuellement rajouter les revêtements anti-adhésifs des poêles à frire qui finissent toujours dans notre assiette. En réfléchissant un peu en regardant autour de nous, on devrait pouvoir allonger la liste !

Toutes ces substances mériteraient d’être étudiées dans une vision globale pour déceler celles qui sont neutres et celles (sûrement nombreuses) qui ne le sont pas.

 

Une question me traverse l’esprit. Chez nos décideurs, responsables politiques et leurs conseillers, quelle est la part de bêtise et celle de cupidité, de collusion dans les choix souvent idiots ou dangereux qui sont faits ?
Mais quand on regarde fonctionner des collectivités locales, on se rend compte que ce n’est pas forcément l’argent ou le copinage qui sont à l’origine des mauvais choix !

 

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28 janvier 2013 1 28 /01 /janvier /2013 14:07

Comme tout le monde le sait, le vendredi ce n’est pas ravioli mais expertise judiciaire !

C’est moins fun mais meilleur pour la ligne car les tracas ont tendance à me faire maigrir alors que d’autres se jetteraient sur la nourriture.

 

Donc l’expertise du jour, c’était pour le Vin Passion 2010 contaminé par un filtre avant la mise en bouteille et parti de ce fait à la distillerie. Ceux qui lisent ce blog savent bien de quoi je parle !

Récemment, j’ai donc été payé de la valeur du vin « liquide ».

La rencontre du jour c’était pour faire reconnaitre le préjudice commercial ; c’est-à-dire que le fait de rester un an sans vin à proposer aux clients, c’est un préjudice.

Cela paraît évident à tout le monde sauf à l’assureur du prestataire, fautif et conscient de sa faute.

 

Il y avait d’abord, l’expert judiciaire et les protagonistes de l’affaire accompagnés de leurs avocats.

 

Le but du jeu était d’examiner les documents comptables prouvant le préjudice que j’estime avoir subi.

C’est usant et humiliant d’avoir à ouvrir des choses personnelles tels que les éléments du bilan comptables, les factures émises, les ventes par produit, par client, par gros client, particulier, professionnel, …

 

Maintenant, il faut attendre que l’expert expertise les chiffres à sa disposition et donne son point de vue.

 

En attendant et comme un bonheur n’arrive jamais seul, je peux attendre en lisant le compte-rendu que je viens de recevoir par la poste de l’autre expert judicaire, pour les bâtiments « à problèmes ». En entrant dans 2013, on va fêter les 10 ans de leur construction et les 10 ans de la procédure judiciaire que j’ai engagée pour faire reconnaitre et réparer les nombreuses malfaçons qui se sont très vite présentées.

Le bâtiment est payé depuis 10 ans mais l’affaire n’est pas réglée. Le sera-t-elle un jour ? Je finis par en douter.

Ce qui me rassure, c’est que l’expert m’a donné raison sur à peu près tout. Mes requêtes n’étaient donc pas vaines.

Maintenant, il faut finir lire attentivement l’épais rapport et attendre un dénouement.

 

Ce qui est usant dans ce métier, ce n’est pas le travail, les week-ends qui chez nous ne sont que des fins de semaines mais pratiquement jamais des jours de repos.

L’usure morale et ensuite physique vient des tracas fastidieux et durables générés par de telles affaires.

Cela dissuade d’investir, d’agrandir,… bref, d’avancer.

Souvent, j’en arrive même à me demander pourquoi on continue à faire vivre une entreprise comme la nôtre.

Elle marche bien ce qui est déjà très bien dans le contexte actuel. Mais nous n’aurons ni la fortune ni la gloire avec ce petit domaine.

 

Heureusement, il suffit de déguster un verre de notre vin pour retrouver des forces morales. Je n’ai pas la prétention de dire que mon vin est le meilleur du monde ; loin de là.

Mais il contient un peu de moi, de mon mari et de mes enfants.

Il est un peu nous.

Et la famille c’est sacré !

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21 janvier 2013 1 21 /01 /janvier /2013 16:00

Si j’ai été bien discrète dans la dernière semaine, c’est que je n’étais pas chez moi.

 

J’ai rajouté une corde à l’arc de mes activités en devenant formatrice en biodynamie. Plus exactement, c’est une évolution de celle de conseil car bien souvent les gens n’osent pas franchir le pas de la biodynamie. Ce qui les freine, c’est la peur du lendemain tant les propos qui s’y rapportent peuvent être sulfureux, incompréhensibles et donc déroutants.

 

Avant de se lancer éventuellement dans cette approche, les vignerons doivent d’abord être capables de comprendre un peu mieux ce qu’est la biodynamie avec des mots qu’ils vont comprendre. Ainsi, ils pourront connaitre certaines des facettes de cette « technique » pour évaluer les réponses qu’ils peuvent en attendre.

 

Je suis donc en démarches pour devenir organisme de formation agréé. Là aussi, paperasses-paperasses et…extrait de casier judiciaire. Comme quoi, c’est plus surveillé pour devenir formateur que pour être homme politique !

 

Tout comme pour le conseil, je n’ai jamais désiré faire de la formation et je n’ai jamais pensé en vivre.

Je reste avant tout vigneronne et c’est mon activité principale.

 

Mais justement, ce lien direct et constant avec la réalité de ce qu’est un domaine viticole donne aussi une crédibilité à mes propos. Je produis du vin tous les ans. Dans sa gamme, ce dernier est plutôt apprécié par les consommateurs à tel point que je n’ai plus une bouteille à vendre. Je m’habille normalement et je ne suis pas un remake de mai 68 !

Autant d’arguments pour les vignerons, biodynamistes en puissance, qui se posent la question, de savoir ce que c’est au quotidien, sinon de s’engager.

 

Donc, pour dispenser ma première formation,  je suis partie dans le Sud-Est de la France. 2 jours de formation … et 2 jours de voyage en train. Il faut plus de temps pour faire Pauillac-Aix en Provence en train que Paris-San Francisco en avion ! Quand j’attends parler d’égalité des territoires par les politiques, je pense qu’on ne doit pas parler du même pays !

 

Le grand et beau domaine qui a fait appel à moi souhaite gagner dans ses vins en pureté, éclat de fruit.

Face à de tels objectifs, seule la biodynamie est capable d’amener des réponses et surtout dans un délai assez court.

J’ai donc expliqué au personnel du domaine, les bases de la biodynamie et les relations au terroir et aux cépages locaux.

Dans mon esprit, la biodynamie est une approche globale qui intègre évidemment les relations avec les « pathogènes ». Remarquez que je ne parle pas de « maladies » ou de « ravageurs » car dans l’approche biodynamique, le « pathogène » qui se développe n’agit que comme une réponse à une situation donnée et spécifique de la plante et dépendant de nombreux paramètres qu’il faut intégrer (terroir, cépage, climat local et climat du moment, état de la lune,…)

 

La mise en place de la biodynamie reste la meilleure réponse à la problématique évoquée par les responsables du domaine en question.

 

Mais, comme souvent des problèmes pratiques très simples peuvent servir d’argument à une absence d’évolution vers cette voie. Cela peut être le tracteur, le pulvérisateur, la parcelle argileuse, le personnel hypothètiquement réticent au changement,…

 

Je pense que dans le cas présent, ce ne sera pas le cas. Mais sait-on jamais ?

J’espère que grâce à mon intervention ils ont maintenant les cartes en main pour choisir leur destin.

 

Ce magnifique vignoble mérite la biodynamie !

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19 janvier 2013 6 19 /01 /janvier /2013 14:14

On a vu que le vin peut générer de l’émotion si les pratiques culturales permettent à la vigne de pouvoir accéder à ce niveau de subtilité.

Durant son cycle, la vigne doit normalement connaitre deux phases successives, la phase juvénile et la phase d’identité.

A son niveau à lui, l’homme possède aussi dans son cycle de vie deux périodes importantes avec deux traits de caractère antagonistes. Schématiquement, c’est justement l’émotion et la conscience.

La phase d’émotion nous vient des animaux. C’est un peu l’action par la pulsion, par l’instinct de survie,…

La conscience est le propre de l’homme par rapport aux animaux. Il a la capacité de dépasser le stade de l’émotion pour analyser les situations y compris en intégrant le passé et le futur. Ainsi, il peut prendre les décisions adaptées, réfléchies.


Dans sa phase juvénile, l’homme en devenir agit surtout dans l’émotion. Le bébé qui a faim pleure et est incapable de se raisonner.

L’adolescent ne sait pas vraiment qui il est et adopte donc la personnalité d’autres personnes, chanteurs, musiciens, sportifs,… Ses références changent dans le temps car le jeune est dans l’émotion, dans l’instant. C’est le goût du moment, sinon de l’instant, qui devient la référence pour lui.

 

Puis, progressivement, il trouve son identité. Il apprend aussi à gérer son émotion. Il entre dans la phase de conscience. Il acquiert l’ « âge de raison ». Il sait de plus en plus qui il aime et pourquoi.

 

Tout comme la vigne, l’homme peut conserver des attitudes de sa phase juvénile, c’est-à-dire agir dans l’émotion, alors que son âge lui permet d’être dans la conscience.

Les exemples sont multiples et variés. L’accro aux machines à sous qui ne peut pas se raisonner, le gourmand qui ne sait pas résister à une sucrerie, l’achat dont on n’a pas besoin, la parole méchante qu’on lance dans un moment de colère avant de la regretter,…

 

Chez les politiques aussi, l’émotion est un moteur important de l’action politique alors que la première qualité d’un homme d’état serait au contraire d’agir en conscience. On ne compte plus les lois élaborées dans l’action du moment, dans l’émotion, pour faire suite à un fait divers. C’est tout le contraire de la raison. L’émotion est d’ailleurs un des principaux outils et un terreau de la vie politique actuelle. L’hyper-communication ne fait qu’amplifier le phénomène.

L’actualité nous donne un nouvel exemple de décision politique dans l’émotion avec le départ en guerre de notre pays, sans avoir visiblement évalué toutes les composantes de la situation !

 

De même, dans beaucoup de cas, les néo-vignerons ont connu des sorts malheureux tout simplement car ils n’avaient vu de ce métier que la face noble, celle du vin que l’on fait et dont on n’a qu’à parler avec poésie pour qu’il se vende et qu’il se vende cher.
Si ces gens-là n’avaient pas été dans l’émotion au moment de prendre la décision d’acheter un domaine, une simple calculette de première génération leur aurait montré que leur projet était mort-né car non rentable dans n’importe quel scénario.

Difficile parfois de faire ressurgir la nécessaire conscience dans la décision que l’on doit prendre.

 

Et le vin dans tout ça ?

Lui aussi va dépendre du degré d’émotion contenu dans les décisions du vigneron. Quand on a la possibilité de regarder vers l’arrière, on voit un grand nombre d’idées surgir et être suivies, avant de disparaitre. Ces idées, ces modes d’un moment sont autant de leviers qui vont orienter le vin. Ce dernier se trouve modifié par des décisions, des choix techniques dont beaucoup ne sont pas pris en conscience, après un raisonnement dans l’intérêt du vin et par rapport à la vision idéale que l’on a pour lui. Ces orientations sont au contraire prises dans l’émotion en fonction d’un discours entendu ou de la réussite d’un exemple croisé ailleurs.

 

Ces vins créés dans l’émotion ne peuvent pas vraiment devenir des grands vins car il manque une ligne directrice au vigneron. La vigne le ressent à sa manière et produit alors un vin imparfait ; c’est-à-dire un vin qui peut être un bon vin mais pas un grand vin, de ceux peuvent générer de l’émotion au moment de la dégustation.

 

Autrement dit, pour qu’un dégustateur ressente de l’émotion en dégustant un vin, il faut que le vigneron qui a élaboré ce vin n’ait pas été dans l’émotion…

Bougrement compliqué !

 

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11 janvier 2013 5 11 /01 /janvier /2013 13:50

Souvent, il m’arrive de parler d’émotion lors de la dégustation d’un vin.

 

Pourtant, ce mot ne s’applique pas forcément que pour qualifier un vin. Dans l’approche biodynamique qui est la nôtre, il revient très souvent dans les conversations.

 

Pour que le vin puisse générer de l’émotion, il faut entre autres que durant son cycle annuel, la vigne ait pu réaliser les deux étapes indispensables à son épanouissement.

 

La première, qu’on pourrait qualifier de juvénile va permettre à la vigne de faire sa croissance en produisant des branches et des feuilles.

 

La seconde période, dite d’identité arrive normalement après la fleur, …quand elle arrive.

En effet, la viticulture moderne est devenue tellement dégradée pour ne pas dire décadente que bien souvent la vigne ne fait qu’effleurer cette phase d’identité tout en restant dans la période juvénile.

 

En faisant le parallèle avec les humains, la première phase, c’est la croissance de l’enfant. Il grandit par une multiplication vigoureuse de ses cellules. Puis, quand il arrive à l’âge adulte, il trouve qui il est, c’est-à-dire qu’il découvre sa propre identité.

 

Lorsqu’on laisse à la vigne l’autonomie de sa destinée, elle produit des feuilles pendant une période donnée de son cycle annuel, c’est son adolescence. Puis elle s’arrête de pousser en atteignant l’âge adulte après sa fleur et elle va pouvoir s’occuper de ses raisins. Ainsi, elle peut accéder à l’identité. Et l’identité d’une vigne, c’est celle de l’endroit où elle a poussé ; c’est donc l’expression de l’endroit, du terroir dans les raisins puis dans le vin.

 

Beaucoup de vignes modernes restent dans l’adolescence pendant tout leur cycle. Elles ne trouvent jamais l’identité ou plus exactement, les pratiques culturales et les décisions du vigneron les empêchent d’accéder à cette phase cruciale.

 

Pour preuve, les rogneuses qui coupent jusqu’aux vendanges des jeunes feuilles sans cesse renouvelées. Ou même des rameaux qui continuent de pousser bien après les vendanges.


Transposé à l’humain, c’est l’adulte qui continuerai tà grandir ou le vieillard dont les pantalons seraient sans cesse trop courts.

Aberrant, pourtant une réalité pour cette pauvre vigne décidément bien malmenée

 

La suite bientôt car je suis dans la saisie du bilan comptable...

 

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9 janvier 2013 3 09 /01 /janvier /2013 11:03

Samedi, c’était  « battue au sanglier » au village !

Rien d’exceptionnel à cela car en cette saison, les chasseurs se la rejouent guerre du golfe tous les week-ends ; au moins.

 

Mais là, c’était dans nos vignes ! Il faut préciser que nous n’y constatons jamais aucun dégât de sanglier, ni d’autres « nuisibles ».

sangliers1.jpgsanglier2.jpg

Il n’y a rien de miraculeux à cela. Simplement la prise en compte du rôle de chacun dans la nature et l’obligation qui est la nôtre de maintenir de système équilibré pour que chacun puisse mener sa vie sans perturber l’autre.

Il ne faisait pas bon s’y promener.

Et évidemment, ils n’ont rien vu et c’est tout à fait normal.

 

Je l’ai dit et redit ici-même, la présence excessive de sangliers et de chevreuils n’est que la conséquence de l’évolution désastreuse qu’a connue l’agriculture depuis quelques décennies.

En essayant de supprimer la conséquence sans regarder un peu plus en amont, on ne change rien à la situation qui continue de se détériorer.

 

Mais, finalement les chasseurs ont-ils vraiment envie de changer de mode opératoire ou de système de pensée ?

On peut quand même avoir des doutes, quand on les voit nourrir ces « nuisibles » en hiver pour qu’ils restent en pleine forme et surtout bien gras, ne pas tirer sur les femelles pleines pour préserver leur progéniture qui donnera de bonnes grillades ou civets lors des repas de chasseurs…


A chacun sa vision des choses, non pas sur l’équilibre de la nature et des rapports hommes / animaux, mais sur choix délicat entre grillade et civet !...

Rassurez-vous, en général, il y a les deux !

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8 janvier 2013 2 08 /01 /janvier /2013 17:23

LIES4.jpgDans ce monde de brutes, quelques photos de lie de vin rouge prises samedi dernier lors du soutirage de deux cuves.

Pas facile de prendre des clichés à peu près présentables ; mais l’intention y est…

 

Je n’ai jamais vu de couleurs aussi profondes que celles de la lie de vin rouge.

On y retrouve toute la complexité du monde vivant. Mises dans une bassine, des lies ne s’arrêtent jamais de bouger. Elles créent des formes complexes et envoutantes.

 LIES3.jpgLIES2.jpgLIE1.jpg

C’est tout simplement magnifique  et je ne m’en lasse pas!

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4 janvier 2013 5 04 /01 /janvier /2013 14:00

Ces quelques jours de fête de fin d’année ont été une occasion devenue bien rare de retrouver nos habitudes avec les enfants autour de nous.

Il s’agit d’une certaine manière des instants volés au temps qui passe car Thomas et Laure ne sont plus vraiment des enfants mais des jeunes adultes qui commencent à avoir leur vie propre tout en étant encore souvent avec nous.

 

Il y a peu d’années, ils étaient des bébés ou de jeunes enfants, attachés à nous ou dépendants de nous pour toute les facettes de notre vie.

Les fêtes de Noël se passaient avec eux et même autour d’eux.

 

Dans peu de temps, ils auront définitivement construit leur vie ailleurs. Jean-Michel et moi ne serons plus qu’une composante de leur existence.

Nous sommes aux prémices de cette nouvelle période car très souvent, ils sont loin de nous. Il arrive que les anniversaires ou les fêtes se passent sans l’un ou l’autre, voire les deux.

 

Eh bien, cette année nous avons profité pratiquement à temps complet de nos deux gros bébés.

Les repas de fête ont été élaborés avec eux ou même par eux et c’est ensemble autour de notre table du petit cocon familial que nous avons dégusté les plats préparés.

 

Avec l’âge, ils ont gagné en précision culinaire et peuvent ou souhaitent s’attaquer à des recettes beaucoup plus élaborées qu’avant.

 

Un autre avantage d’avoir de grands enfants, c’est qu’ils sont capables d’apprécier de bons vins.

Très jeunes, ils ont été initiés à la dégustation des vins ; en crachant bien-sûr.

Ils donnaient avec beaucoup de spontanéité leur ressenti sur les arômes et l’équilibre du vin.

Pour pouvoir exprimer les subtilités d’une structure tannique alors qu’ils maitrisaient encore mal les méandres de notre langue, Jean-Michel leur demandait de dessiner sous forme d’une courbe l’évolution des sensations de la structure tannique dans leur bouche.

Ils pouvaient ainsi matérialiser les vins courts, les vins montants, les vins équilibrés,…

C’est d’ailleurs une façon d’aborder la dégustation qu’on pourrait conseiller à tous les débutants et même à beaucoup de « dégustateurs confirmés » incapables de faire la distinction entre la profondeur dans le vin et le gras amené par l’alcool ou la sucrosité due à la barrique…

 

Puis est venue pour Thomas et Laure, la période d’adolescence durant laquelle ils ne trempaient plus leurs lèvres dans un verre de vin. Histoire de ne pas faire comme nous !

Ils redécouvrent maintenant les choses vraies de la vie ; le vin en fait partie. Heureusement !

 

Donc, on se pose moins de questions au moment d’ouvrir plusieurs bouteilles quand on sait qu’il y a au moins quatre amateurs autour de la table.

 

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le blog de Corinne Comme

En créant ce blog,  je souhaite faire partager une certaine approche de notre métier de vigneron afin de réhabiliter le mot « paysan ». Au-delà de son rôle dans la production de denrées alimentaires, il doit aussi être le gardien d’un savoir ancestral et faire le lien entre la nature, les animaux et l’humanité. Il est l’observateur et le garant des grands équilibres de la vie. C’est une tache prenante et passionnante qui s’accompagne de joies, de peines et de moments de doutes.

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