Depuis quelques années, il est devenu un proche, presque un ami. Pour faire plus moderne, on l’appelle aussi Warming ou même Warmmy quand on veut faire plus américain.
Grâce à lui, combien de réunions ont été faites, combien de pages ont été écrites, combien d’avions ont décollé pour des conférences sur le sujet, combien de nuits d’hôtel pour des conférenciers
ont été vendues ? Bref, il fait tourner le monde moderne occidental.
Par contre, il nous obligera peut-être à livrer nos vins dans l’avenir avec un âne pour éviter de trop faire monter notre bilan carbone.
On se met à comptabiliser les pets des vaches dont la nuisance est dramatique.
Heureusement, il est à géométrie variable car il exclut les billets d’avion pour aller se faire bronzer à Bora-Bora ou pour aller voir un match de foot dans un stade climatisé au Katar. Idem pour
les courses de Formule 1 sur tous les circuits du monde.
A travers mes propos, ne pensez pas que je nie l’impact des activités humaines sur la planète, ni même l’idée d’un réchauffement de la planète.
Je ne serai pas en vigneronne en biodynamie si je pensais que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes.
Mais la façon dont les « spécialistes » parlent du réchauffement climatique a quelque chose d’étrange.
Les spécialistes de la météo ne savent pas prédire l’arrivée des tsunamis avant quelques secondes après leur déclenchement. Et là, ils nous font des simulations à 50 ans de distance avec des
cartes très précises.
Vrai, pas vrai ? qui sait. En tous cas, pas moi.
Ce que je peux penser, c’est que comme toujours les choses sont bien plus complexes que la façon dont on nous les présente.
Mais si je vous parle du réchauffement aujourd’hui, c’est tout simplement parce que le 5 février prochain, il en sera question lors des journées techniques du CIVB au Palais des Congrès à
Bordeaux.
Et oui, les vins de Bordeaux n’ont plus aucun problème à régler et maintenant, ils ont décidé de s’attaquer aux conséquences du réchauffement climatique.
Il faut donc se préparer aux changements probables du climat en adaptant nos modes de culture et éventuellement en plantant de nouveaux cépages et des nouveaux porte-greffes.
Le changement climatique, a cela de bien, qu’il dédouane tout le monde de ses propres incompétences et de ses propres responsabilités.
Comme tout le monde est un peu responsable, personne ne l’est vraiment. Donc, c’est bien pratique.
Ceux, qui balancent des tonnes de pesticides et autres désherbants, mettent la main sur le cœur en se félicitant de lutter contre le réchauffement climatique car ils font moins de passages de
tracteur durant l’année. De ce fait, ils oublient qu’ils stérilisent les sols, et même les gens.
Et puis, on évite ainsi de remettre en question ses propres choix culturaux. Les hauteurs de palissage ont augmenté de 20, 30 ou 50% en quelques années pour une production qui a baissé
parfois significativement. Les effeuillages, les levures sélectionnées, les adjuvants divers et variés,…Tout concourt à faire monter les degrés dans les vins.
Mais, tout cela, c’est trop terre à terre. Pas assez dans la prospective.
Et donc, le 5 février prochain, on va passer des heures à refaire la viticulture bordelaise à la sauce réchauffement climatique. On va se demander quel cépage on pourrait choisir en 2050, quel
porte-greffe, quelles nouvelles levures résistantes aux forts degrés...
On va remettre sur la table la sacro-sainte irrigation dont tant de vignerons rêvent plus ou moins en secret.
Le réchauffement climatique sera un bon alibi pour l’imposer sans rougir au nom de la qualité !
On va même faire venir un universitaire espagnol qui s’y connait en chaleur dans les rangs de vignes.
On va parler, on va parler, on va parler,…
Une fois de plus, c’est le vendeur de viennoiserie qui va être content.
Dans ce monde de conférenciers qui est le nôtre, c’est sûrement dans le secteur de la viennoiserie qu’il faut se diriger si on veut assurer son avenir et celui de ses enfants.