C’est un titre à voie variable et chacun aura le loisir de le compléter à sa guise.
En cette période de vendange humide, l’inspection du travail vient de rappeler aux vignerons girondins que la loi s’appliquait à tous et que l’on ne pouvait pas dépasser 6 jours de travail consécutifs pour les salariés.
La citadelle que l’on croyait imprenable est tombée. La récolte du raisin n’est plus sacrée. On lui a substitué la « pseudo » sécurité des salariés.
Vous me direz que je ne dois penser qu’à moi en disant cela. Et bien non car pour des questions financières, je ne vendange jamais le week-end et mon salarié permanent ne fait en général jamais d’heures supplémentaires.
C’est moi qui assume l’intégralité du travail dominical ; sinon mon entreprise fait faillite.
La tolérance qui voulait que pendant les vendanges on laisse de côté les 6 jours maximum de travail a été brutalement supprimée, en pleine vendange ; sans même que les vignerons n’aient pu s’y préparer.
Une forme de mépris supplémentaire…
Celui qui a pris cette décision tout seul dans un bureau n’a jamais dû voir une entreprise privée de près. Il doit même ne connaitre le monde du travail qu’à travers des stages dans des administrations.
Il ne doit pas savoir que le raisin doit être récolté parfois très vite sous peine de le perdre.
Il ne doit pas savoir non plus qu’un moût en fermentation ne s’arrête pas pour le week-end comme lui.
Et pour la grande majorité des domaines employant de la main d’œuvre en viticulture, les vendanges et la vinification nécessitent tous les moyens humains disponibles sur place ; c'est-à-dire des gens formés qu’il est difficile de remplacer pour le 7ème jour.
En écoutant les gens, on apprend que la mort dans l’âme, beaucoup de domaines se sont pliés à ce nouvel excès de zèle, jonglant ainsi avec les emplois du temps du personnel et n’améliorant pas forcément la sécurité.
Il est beaucoup moins risqué de remonter d’Espagne en Go-Fast à 200 à l’heure chargé de cannabis que de faire travailler le dimanche, des vendangeurs volontaires dans un rang de vigne !
Particulièrement dans cette année humide, les équipes de vendangeurs ont dû s’arrêter en laissant la pourriture gagner. Des gens ont été mis à l’arrêt pendant une journée,…à simplement une journée de la fin des vendanges. Ubuesque !
J’avais déjà fait part de ma consternation en voyant que dans notre société en fin de cycle, les producteurs de prunes roulaient avec les tracteurs sur les prunes tombées au sol parce que mûre pour aller récolter en faisant tomber à la machine des prunes pas mûres. Trop cher de payer des gens pour ramasser à la main les bonnes prunes au sol.
Maintenant, il faut laisser pourrir la vendange pour respecter une loi qui n’a jamais protégé personne.
Comment expliquer à un vendangeur espagnol de 20 ans qui vient pour travailler, d’un pays comptant 25% de chômeurs qu’il doit s’arrêter car ici, pays de 10% de chômeurs et 2000 milliards de dette, on doit laisser le travail de l’année pourrir sur pied car comme dans l’ancien testament, le 7èmejour est chômé ?
Le produit sacré pour nous qu’est le vin est bafoué alors qu’il représente un rare îlot de prospérité de notre balance commerciale dans un océan de misère.
Les principaux intéressés, les salariés se sentent eux aussi trompés. Ceux qui, au lieu de rester au chômage, font l’effort de venir faire les vendanges sont loin d’être concernés par l’imposition à 75% du candidat Hollande. Ils comptaient sur des heures supplémentaires pour arrondir, par le travail, leur modeste revenu.
On leur répond, rentrez chez vous, reposez-vous ! Il leur reste des vendanges sans heure supplémentaire. Sans oublier le travail au noir qui va continuer de prospérer.
Encore une fois, le fossé se creuse entre les conditions des salariés et celle des exploitants agricoles. Même chose pour les artisans, commerçants,…
Comme souvent, c’est l’exploitant qui va combler par son travail le manque généré.
Lui travaille pour son vin qui va lui permettre de payer son personnel, ses factures, ses impôts et s’il reste un peu d’argent de faire vivre sa famille. Il a donc obligation d’assurer le résultat.
On se demande aussi pourquoi la machine à vendanger continue de progresser…
Pour l’exploitant, pas de limite dans le nombre d’heures travaillées. Les éleveurs laitiers travaillent 7 jours sur 7 et même pour la plupart 365 jours par an.
Aucun inspecteur du travail ne pense à eux. C’est normal ils ne sont pas salariés !
En disant cela, il me revient à l’esprit l’histoire d’un ébéniste de mon entourage. Il représentait la nième génération d’ébénistes de notre petite ville. Il y a quelques années, il employait deux salariés et son entreprise marchait bien. Durant un mois d’août, il avait à construire une cuisine pour un client. Les deux salariés étant en congé, il a fait lui-même le travail et a livré la cuisine. Le montant de la facture a tout juste servi à payer les salaires et les charges sociales. Il s’est acquitté de ces deux dépenses puis a arrêté son activité et a donc licencié ses employés.
Depuis, il fait des brocantes et vit ainsi.
Une entreprise et deux salariés victimes collatérales d’une société décadente qui s’autodétruit.
Je vous laisse donc le soin de compléter le titre de ce post.
On parlait du redressement productif. On a très vite vu qu’il avait souvent un aspect punitif.
Maintenant, en étant obligé de laisser pourrir son raisin pour des raisons « sociales », on est assez proche de l’effondrement punitif.
Celui dont on ne se remet pas !