En voyant la profusion des bottes de foin dans les prés, je ne peux pas m’empêcher de penser au vieil adage paysan qui dit « année de foin, année de rien ». Cela signifie que si l’herbe pousse beaucoup, c’est que le temps est humide. Et le temps humide, ce n’est pas bon pour les autres cultures la vigne en particulier.
On tente donc de donner tord à ce vieux dicton. Pour l’instant, on ne peut pas se plaindre car la vigne est magnifique ; sûrement plus belle que l’an dernier, où la sécheresse l’avait quand même stressée.
La récolte est belle sans être trop abondante ; juste ce qu’il faut et pas plus. Certains des ceps gelés au printemps ne s’en sont pas remis. Mais pour les autres, on ne peut qu’avoir de l’émotion en voyant ses grappes belles et aérées.
Cependant, les pluies on entrainé une pousse active des branches dans une année plutôt en retard sur la moyenne. Bilan : il aura fallu faire plus que l’habitude en moins de temps, donc disposer de plus de main d’œuvre que d’habitude.
En se promenant dans la campagne, on peut même voir ceux qui ont baissé les bras ou qui ne peuvent financièrement pas faire face. Dans ce genre de situations, plus les jours passent et plus la situation devient inextricable car la vigne continue de pousser et les moyens nécessaires augmentent de façon exponentielle. Et quand ce n’était pas possible avant, cela le devient encore moins ensuite. Et le cercle vicieux continue.
Heureusement, chez nous on gère au mieux en faisant en sorte de ne pas être pris de court sans non plus mettre les moyens d’un premier cru.
Toutes les vignes sont relevées et pratiquement présentables. Il faudra pourtant passer faire un épamprage supplémentaire, un de plus dans cette année poussante.
Les gourmands n’ont pas manqué de pousser, repousser et repousser encore.
Chez nous, il n’y a pas de vendange verte ou d’effeuillages ; marques d’une erreur de raisonnement et d’un manque de respect
vis-à-vis de la vigne. On est dans l’ « équilibre naturel » mais « naturellement » !
Cet épamprage est donc la dernière étape avant le calme de la fin de saison.
Mon sentiment est donc un mélange de fierté et de satisfaction de voir la période de tension s’éloigner.