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1 octobre 2014 3 01 /10 /octobre /2014 14:57

Le moment est arrivé, les cuves de blanc fermentent. Je n’irai pas jusqu’à dire « le moment tant attendu est arrivé » car nous ne forçons jamais nos vins, ni nos vignes.

Chaque lot de jus a pris le temps qui lui était nécessaire pour commencer à pétiller.

Cela dépend de l’endroit d’où vient la vendange, du cépage,… Chaque détail apporte sa petite touche.

Mais en aucun cas, nous ne prenons la décision.

C’est toujours un moment magique qui se reproduit tous les ans, depuis que l’homme et la vigne ont décidé, il y a quelques millénaires, de faire du chemin ensemble.

Les petites levures se multiplient. Pourquoi une levure et pas une autre ? Là-aussi, c’est le terroir qui s’exprime et qui va décider laquelle sera l’élue. Ou lesquelles fermenteront.

La peau du raisin d’un endroit ne ressemble pas totalement à celle d’un autre endroit. Et donc, les levures qui vivent naturellement sur cette peau seront-elles-aussi, d’une certaine façon l’expression de l’endroit.

Evidemment, quand on a passé au lance-flamme-pesticides tout ce qui pouvait constituer un être vivant dans la parcelle, on aura des difficultés à voir les levures se multiplier et même tout bonnement exister ! Heureusement, les copains des fabricants de produits produisent des levures très musclées qu’ils proposent en sachets. Partout la même, dans le monde entier ou presque.

Chez nous, c’est l’harmonie et le respect qui règnent. On fait confiance à nos vignes et on fait aussi confiance à nos levures.

Les résultats semblent montrer qu’elles nous le rendent bien.

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24 septembre 2014 3 24 /09 /septembre /2014 13:07

Les vendanges en blanc 2014 ne sont désormais plus qu’un souvenir ; souvenir de soleil, de grappes saines et sucrées qui collent aux mains. L’idéal !

C’est vrai que malgré une certaine excitation, je n’avais pas encore évacué les stigmates de la campagne précédente où la grêle tombée après seulement deux jours de vendanges avait particulièrement mis à mal notre motivation ; en plus de changer la donne de la récolte.

Cette vendange actuelle, ensoleillée me redonne du punch pour affronter la suite.

Pour le moment, tout va bien dans le chai.

Les jus passent 24h à basse température pour permettre la sédimentation des pulpes et débris divers. Ensuite, ils sont débourbés, c’est-à-dire séparés de ces particules indésirables pour une fermentation optimale et une palette aromatique large et nette dans le futur vin.
La sédimentation se déroule parfaitement.

Pendant ce temps, les raisins rouges continuent imperturbablement leur chemin. Ils sont aidés eux-aussi par la chaleur qui a décidé de nous accompagner depuis le début septembre. Chaque jour qui passe rend les peaux plus onctueuses et les équilibres plus harmonieux.

J’ai profité du calme de dimanche pour faire un tour complet des parcelles et déguster les raisins.

Pendant ce temps, les rouges

Un sécateur à la main, on peut aussi couper les roses fanées en bout de rang.

Pendant ce temps, les rouges

J’aurai maintenant un peu plus de temps pour suivre les derniers jours des Merlot de près et les « prendre » au meilleur moment.

On se dit alors qu’on va repousser d’un jour par rapport à la prévision précédente. Puis, d’un jour supplémentaire puisque finalement le soleil reste avec nous.
Quand ils sont comme cela, les raisins dégagent une impression de sérénité qui me fait toujours chaud au cœur et me fait aussi frissonner dans le dos.

Ils sont beaux tout simplement et on sait tout de suite qu’ils produiront de bons vins.

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21 septembre 2014 7 21 /09 /septembre /2014 20:59

On a donc commencé à récolter le blanc 2014. Quelques gouttes de pluie sans conséquence et surtout de la chaleur et du soleil. On avait presque oublié qu’on pouvait avoir le sourire en vendangeant.

J’ai retrouvé mon équipe avec plaisir. Aujourd’hui c’est surtout de ces gens-là que je souhaite parler car sans eux, point de jus dans les cuves. On parlera du vin à un autre moment !

Blagues bien grasses, recettes de cuisine, chasse, actualité,… Tout y passe dans les rangs. C’est un peu la même chose chaque année. C’est la vie qui veut ça et c’est un vrai bonheur.

fin de journée

fin de journée

Certains racontent (et parfois même le pensent) que la vendange mécanique c’est la même chose que la récolte manuelle. Evidemment, il n’y a aucune comparaison entre les deux systèmes. L’un est pratique et pas cher, c’est tout.

Mais au-delà des considérations techniques, la vendange manuelle, c’est la vie vraie de quelques personnes humbles et qui vont partager quelques jours ensemble dans un même but : « rentrer la récolte ».

Le soleil aidant, beaucoup ont décidé cette fois-ci de prendre leur déjeuner sur place à midi. C’est un moment spécial où chacun peut parler de lui de manière plus intime que dans le rang de vigne. Chacun raconte son année aux autres, ses joies, ses galères et ses espoirs.

déjeuner

déjeuner

Malgré les longues heures de travail, depuis avant le jour jusqu’à tard dans la nuit, je ne regrette pas cette période humainement si riche.

Je suis fière de mon équipe et je leur souhaite le bonheur !

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18 septembre 2014 4 18 /09 /septembre /2014 12:13

C’est le top départ pour le début des vendanges.

Il fallait encore ces quelques jours de beau temps pour peaufiner les raisins. C’est maintenant chose faite pour les premières parcelles. Les autres suivront avec les deux jours du week-end en plus.

Le timing est le bon ; du moins selon moi…

Le matériel a été lavé, graissé et révisé. Il n’y a qu’une personne capable de bien laver mon matériel : c’est moi !!! Donc personne d’autre que moi n’y touche.

C’est pour aujourd’hui

Les remorques de cagettes sont chargées. Les vendangeurs sont déclarés. Ils ont été prévenus mais ils me harcelaient depuis quelques jours voyant les machines à vendanger s’activer autour d’eux un peu partout.

C’est pour aujourd’hui

Le fait d’avoir une date les a rassurés.

Certains viennent depuis le début de l’aventure ; il y a presque 15 ans. Depuis le temps, ils ont toujours la même motivation et la même envie de venir vendanger.

Certains n’ont plus la possibilité de venir vendanger car ils ne peuvent plus travailler ou ont trouvé une situation plus stable. Mais quand ils passent devant la maison, ils font un signe amical ou mieux encore, s’arrêtent pour dire bonjour et discuter quelques minutes.
C’est là que je me dis que la maison ne doit pas être la plus mauvaise ni l’ambiance la plus détestable…Cela me fait chaud au cœur et donne du courage.

Nous entamons une grande ligne droite, tête baissée le nez dans le travail intense. Quand nous relèverons les yeux, on sera aux portes de l’hiver et les premières décorations de Noël seront déjà installées.

A ce moment-là, l’époque actuelle nous semblera être la préhistoire tellement elle nous paraitra éloignée.

Assez parlé, prenons à bras le corps cette vendange 2014 pleine de promesses.

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15 septembre 2014 1 15 /09 /septembre /2014 13:43

A cette saison c’est un peu la question que tous les vignerons se posent : être ou ne pas être … en vendange.

Il n’y a rien de très philosophique dans tout cela, ou plutôt, si c’est philosophique dans le sens où en choisissant ou pas de vendanger, on décide quel type de vin on souhaite produire et donc proposer aux clients.

Un tour des vignes de blanc hier a montré une progression spectaculaire dans le goût des raisins depuis dimanche dernier. Les acidités encore fortes il y a quelques jours ont bien diminué. Les jours prochains devraient permettre d’atteindre définitivement les équilibres harmonieux ; même si on s’en rapproche fortement dès maintenant.

J’ai quand même fait des prélèvements de maturité (c’est devenu une obligation légale, sinon prison…) Mais il y a un signe qui ne trompe pas, c’est quand le sucre colle aux mains en prélevant. C’est bon signe !

Etre ou ne pas être

Pourtant, je suis toujours amenée à me demander si je fais de bons choix. Dans notre métier, la seconde chance n’existe pas. Une vendange récoltée trop tôt ou trop tard marquera le vin jusqu’à la dernière bouteille.


Pour brouiller ma décision, il y a toujours les quelques voisins qui ont décidé de vendanger il y a maintenant une semaine alors que chez moi, objectivement le compte n’y était pas encore et de loin.

Il ne s’agit pas de grands vignerons et souvent aussi, ils « confient » la vendange à une cave qui se chargera du reste. Plus tôt on vendange, plus tôt on supprime tout risque météo et sanitaire. D’autres se chargeront des raisins pour en faire du vin comme ils le pourront.

Si on ajoute à ce tableau la traditionnelle « inflation » sur les degrés récoltés, il y a de quoi brouiller le tableau et faire douter la plus inquiète des vigneronnes.

C’est une autre histoire quand on doit faire soi-même son propre vin et se présenter avec lui devant des clients fort-logiquement exigeants et de plus en plus connaisseurs.

Lorsque je produisais des liquoreux, dans mes premières années de vigneronne utopiste, j’entendais toujours des degrés potentiels à faire pâlir les plus grands Sauternes et venant de vignes hautes et larges très chargées en raisins et vendangées en une fois à la machine !

Dans mon coin, j’étais très loin de ces records en ayant une viticulture dédiée, des rendements faibles et un récolte en tries successives.

Heureusement, c’est toujours le résultat qui compte !


Pour en revenir à cette année, je pense toujours qu’il était préférable d’attendre pour profiter de cet été indien aussi incroyable que bienvenu.

Dans tous les cas, ce sera pour cette semaine. Il est prévu un peu de pluie avant le prochain week-end, mais d’ici là, les raisins auront profité de quelques jours supplémentaires de ce grand beau temps.

Etre ou ne pas être
Etre ou ne pas être

Pendant ce temps, les rouges dorent eux-aussi au soleil. Je pense que la coupure entre blancs et rouges sera très réduite cette année.

Etre ou ne pas être

Autrement-dit, aucune année ne ressemble aux autres et le vigneron ne fait qu’écrire une histoire nouvelle qui parfois rappelle un peu le passé mais jamais complètement.

C’est ce qui rend ce métier si particulier et si attachant

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12 septembre 2014 5 12 /09 /septembre /2014 10:25

Pendant les jours et semaines qui précèdent les vendanges, il y a bien-sûr la nécessaire préparation du matériel et la dernière main à mettre sur le vignoble pour une maturation la plus aboutie possible. J’en ai déjà parlé.

Mais on peut aussi trouver le temps de faire des travaux plus secondaires mais finalement tout aussi importants.


C’est ainsi, qu’on a préparé nos marquants pour l’année prochaine. Pour ceux qui ne le savent pas, les marquants sont les petits piquets que l’on met à chaque pied, dans le cas de jeunes plants ou de ceps tordus ou fragilisés par l’âge. Leur présence permet entre autres aux charrues d’avoir un point dur pour s’escamoter lors des décavaillonnages et ainsi préserver le pied de vigne.

Dans le passé, tous les piquets et marquants étaient autoproduits, au moins en partie sur les exploitations ; petites ou grandes, modestes ou prestigieuses.

C’était finalement une sorte d’autarcie, pilier fondateur de l’approche biodynamique.

Chez nous, je pense que les premiers piquets achetés sont arrivés au moment où nous avons repris le domaine. Avant le grand-père allait couper les arbres dans les forêts de la ferme.

Par contre, dans nos premières années, les vieux piquets étaient récupérés par les voisins pour le chauffage.
Puis lorsque nous avons remis en fonction le vieux poêle, on a gardé tout ce bois gratuit et disponible pour l’utiliser nous-aussi en complément ou remplacement des radiateurs.

Mais un jour, il nous a semblé qu’on pouvait redonner une deuxième vie à une partie des vieux piquets ; ceux qui étaient encore assez grands pour être recoupés. Les marquants mesurent 80 cm et on trouve toujours cette longueur utilisable dans les vieux piquets réformés.


Donc, depuis plusieurs années, sauf situation exceptionnelle, nous autoproduisons nos marquants en recyclant nos vieux piquets.

Il y a l’étape du sciage à la bonne longueur. C’est le travail de Jean-Michel. Concentration requise…

Le vrai recyclage

Puis, il y a le fendage pour donner au marquant la grosseur nécessaire à partir de piquets d’un diamètre beaucoup plus important. Ainsi, on peut faire 2 à 4 marquants à partir d’une seule section de piquet.

Au début, il fallait fendre à la main avec une hache et autres outils. Puis, sûrement en forçant sur sa hache, Jean-Michel a imaginé une petite fendeuse dédiée à cette opération.

Depuis, ce travail est devenu un jeu d’enfant et même un plaisir tant la sensation de puissance procurée donne une vraie satisfaction ! C’est mon travail qui demande de la réflexion pour choisir le bon endroit où appliquer le fendage.

Le vrai recyclage

Enfin, il faut épointer les bouts de bois pour en faire des marquants dignes de ce nom. C’est la dernière étape qui interviendra dans quelques temps.

Evidemment, tous les débris et les chutes finissent quand même dans le poêle et nous chaufferons durant l’hiver.

Finalement, c’est quand même cela le vrai recyclage ; de redonner une vie au lieu de jeter et cela sans que le recyclage ne coûte plus d’énergie qu’il n’en sauve.

C’est malheureusement souvent le cas où on dépense plus de pétrole qu’il n’y en a dans la chose à recycler..

Ce qui impressionne aussi, c’est que parfois les piquets que nous changeons ont eu une première vie de 50 ou 70 ans car les bois avaient été coupés en respectant certaines règles et certaines qualités.

Ce qui n’est plus le cas maintenant où le bois était un arbre avec ou sans feuille hier, aujourd’hui, il est un piquet et demain ce piquet sera en terre. Pour arriver à la parcelle, ce dernier aura parcouru quelques milliers de kilomètres en camion.

Sa durée de vie ne sera que de quelques années car en ne respectant rien du vivant même pas la parcelle de vigne, il faudra le renouveler rapidement ; voire même renouveler la vigne avant sa pleine maturité.

Heureusement, cette filière arborera un logo attestant qu’elle durable et écoresponsable. Soit…

Ainsi va notre société.

A notre petit niveau, nous avons un autre raisonnement. La biodynamie, c’est avant tout une philosophie de vie qui impacte sur notre quotidien dans tous ses aspects ; bien au-delà du simple pied de vigne.

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9 septembre 2014 2 09 /09 /septembre /2014 09:54

Début de préparatifs pour les vendanges. Ce n’est pas encore la grande précipitation des derniers jours mais on sent que les choses s’approchent.

Le matériel commence à être inspecté et réparé, au moins pour les petites interventions car pour des choses vitales il fallait s’y prendre un peu avant…

Nous avons profité du week-end pour faire un tour complet du vignoble et ainsi prendre la mesure de l’avancement de la maturité. Sous le soleil, tout est plus beau et les choses semblent être plus faciles.

Avec les quelques jours de très beau temps que nous venons d’avoir, la maturation des raisins a beaucoup avancé.

Pour être parfait, il faudra encore quelques jours supplémentaires.

Dans les peaux, les tanins commencent à bien s’affiner.

On peut penser que le début des vendanges sera cependant légèrement différé par rapport aux premières prévisions. Il faut dire que les espoirs de beau temps ne semble pas devoir être déçus, pour le moment.

Voilà pour les nouvelles du moment…

Le jour approche
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5 septembre 2014 5 05 /09 /septembre /2014 14:06

Alors qu’on est dans la dernière ligne droite avant les vendanges, il reste beaucoup de choses à faire dans les vignes pour qu’elles soient parfaites.

Les conditions du mois d’aout n’ont pas été propices au travail du sol car il était difficile de trouver la bonne humidité du sol pour faire un travail efficace. Le mois n’a pas été très pluvieux mais des averses réparties à intervalles réguliers ont maintenu les sols frais.

Maintenant, c’est trop tard pour travailler les sols. S’il pleut sur un sol griffé de frais, l’eau imbibe la terre meuble au lieu de s’évacuer. Elle devient donc facilement accessible aux racines de la vigne et donc aux raisins qui gonflent et parfois se fendent et pourrissent.

Il y a donc de temps à autres une grande herbe à couper.

Le rognage n’étant pas notre spécialité, nos vignes recèlent de branches un peu « hirsutes » qui ont certes arrêté de pousser mais qui méritent parfois d’être remontées dans le palissage.

C’est donc un vrai travail de petites mains. On s’y active. Heureusement, j’ai eu pendant quelques jours, l’aide de ma fille Laure. Ce n’est plus trop fréquent de voir nos enfants dans nos vignes ; mais quand cela arrive, c’est toujours un moment de proximité avec eux ; un moment d’échange aussi.


Les deux souhaitent un jour travailler dans le monde du vin, plus ou moins proches de la production. Et je constate qu’avec l’âge adulte qui arrive pour eux, ils sont de plus en plus en phase avec l’approche sensible du vivant que nous appliquons au quotidien dans notre viticulture exigente.

La biodynamie, ils l’ont vue au début de leurs yeux d’enfants et d’adolescents comme une approche marginale et donc dérangeante car éloignée de la norme confortable.

Maintenant, qu’ils entrent dans la conscience et avec le recul de plus de 10 ans de pratique autour d’eux, ils se rendent compte de l’intérêt et de la pertinence ; d’autant plus face à un modèle « classique » aux lendemains hasardeux.


Encore un petit effort et les vignes seront belles et désirables. Les vendangeurs seront heureux de s’y activer.

Les raisins seront encore meilleurs par tant d’ondes positives autour d’eux !

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1 septembre 2014 1 01 /09 /septembre /2014 08:09

Cela faisait plusieurs semaines que je n’ai pas donné de nouvelles. C’était l’été…

Comme l’été dernier et celui d’avant, nous avons passé quelques jours en Californie, à Napa, haut lieu de la viticulture US, et même mondiale.

Nous aimons beaucoup cet endroit attachant et ensoleillé. Notre fille Laure, qui a passé là-bas 8 mois l’an dernier, nous accompagnait. Elle y est un peu chez elle maintenant et y fera sûrement sa vie.

Evidemment, notre temps a surtout été consacré à des visites de vignobles et de wineries. Désolé, on ne se refait pas…

Le voyage aurait pu se terminer sur des impressions douces et nostalgiques. Mais voilà, le sort en a décidé autrement.

Lors de notre dernière nuit sur place, nous avions peine à trouver le sommeil à l’idée de quitter cette ambiance sereine pour retrouver le quotidien bordelais, ces tracas et surtout ses vendanges !

Vers 3 h du matin, nous avons été violemment tirés de nos rêves par des secousses. Que dire quand on ne s’y attend pas ? Le temps de réaliser qu’il s’agissait d’un tremblement de terre, c’était presque fini Dans ces cas-là, on hurle sans retenue. Tout bouge. Le lit remue comme s’il était dans le tambour d’une machine à laver géante, les cadres au mur tombent et leurs vitres se brisent en arrivant au sol. Les étagères se vident et répartissent sur le parquet tout ce qu’elles contenaient. Le bruit est assourdissant mais tout va aussi très vite. 6,1 sur l’échelle de Richter. Difficile malgré tout d’avoir des référence car pour nous, c’est une première.

Puis, le calme revient et la parenthèse se referme. La tranquillité de la nuit reprend ses droits ; comme s’il ne s’était rien passé.

On reste hagard ne sachant que penser.

J’avais eu le même sentiment en 2010 après la grêle dévastatrice. Le calme était revenu après les furies de la nature. La vie était comme avant, enfin presque car ma récolte était partie sur les coups de buttoir des grêlons.

Un Parkinson géant

Le tremblement de terre a laissé place à un calme surprenant sur la ville de Napa. L’électricité et internet n’ont même pas été coupés. Seule l’eau a fait défaut.

On ne sait pas si on doit entendre des répliques, si on doit repartir se coucher ou même si on commence le nettoyage, histoire d’évacuer le stress.

Puis, on attend d’hypothétiques répliques en repensant aux reportages qu’on a entendu sur le sujet mais d’une oreille distraite cas désintéressée à l’époque. Donc, on ne sait pas trop.

La plus forte réplique est intervenue vers 5 heures alors qu’on tente de retrouver un peu le sommeil avec les sirènes de pompier en tâche de fond ; car entre-temps, les pompiers ont commencé leurs interventions, nombreuses finalement.

Au petit matin, point de grasse matinée. Tout le monde est sur le pont à la pointe du jour.

On prend le balai et la pelle et on remplit des sacs poubelles de verre et autres objets cassés. On va aider les voisins ; bien plus affectés que nous.

Quoi qu’il arrive, les américains ont toujours le moral. C’est bien !

Les infrastructures et les bâtiments semblent avoir peu souffert. Plus tard, on apprendra que les empilements de barriques et les cuves ont subi des dommages. C’est malgré tout un peu logique…

Evidemment, les rayons de supermarché ne sont qu’un fatras impénétrable.

Quelques heures plus tard, nous quittons ce pays en réalisant que rien n’est jamais totalement idyllique. Ils ont le soleil durant toute la saison mais vivent avec le risque toujours présent du « big one » qui dévastera tout. Nous n’avons pas cela mais souvent la pluie et même la grêle s’invitent durant la saison culturale ou pendant les vendanges.

Une expérience forte et des souvenirs à raconter au retour…

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21 juillet 2014 1 21 /07 /juillet /2014 16:17

Le mois de juillet ne va pas déroger à la règle de l’année, il pleut assez souvent.

Seul le mois d’avril est inférieur aux moyennes mensuelles.

Heureusement, la vigne n’est pas en retard et elle est dans un état sanitaire parfait ; ce qui n’est pas le cas tous les ans quand la pluie s’invite dans la saison.

La conséquence de tout cela, c’est qu’avec la fraicheur dans les sols et des températures souvent assez chaudes, l’herbe n’arrête pas de pousser.

Il y a quelques semaines, j’avais dit ici-même que la première façon de labour ne s’était pas forcément bien passée cette année car les sols étaient encore lourds au moment où l’herbe semblait atteindre un point de non-retour. Il avait donc fallu travailler les sols dans des conditions peu favorables.

Evidemment, c’est un choix dicté par les évènements que nous sommes obligés de payer maintenant en faisant une nouvelle façon de travail du sol.


C’est plus ou moins la première fois depuis le début de notre aventure qu’on est obligé de repasser des outils sous les rangs pour supprimer l’herbe à cette saison.

Pour l’occasion, nous avons opté pour des lames « intercep » montées directement sur nos décavaillonneuses, en lieu et place des versoirs traditionnels.

Je me suis faite mainte fois l’écho de Jean-Michel dans son admiration sans borne des décavaillonneuses Egretier.

Petit rappel pour ceux qui n’auraient pas suivi : l’appareil reste le même depuis 50 ans tout en étant encore une référence dans ce secteur. Les améliorations se sont greffées sur la base existante de sorte que les premières machines sorties il y a un demi-siècle peuvent être remises au goût du jour actuel sans aucune modification de structure. Connaissez-vous un autre exemple ? Imaginez la première DS des années 50 qui devient une DS5 actuelle en y ajoutant quelques aménagements !

Eh bien, la décavaillonneuse Egretier, celle-là même qui était déjà géniale dans l’esprit de mon mari, peut recevoir aussi des lames « intercep » et entrer dans la modernité des façons culturales superficielles.

Cette option n’est pas nouvelle mais je ne m’en étais jamais servie.

Et c’est vrai que je rejoins Jean-Michel dans son admiration. Le décavaillonnage devient alors une sorte de jeu d’enfant. La vitesse de travail est doublée, l’arrachage accidentel de souches est presque inexistant et donc la concentration nécessaire pour le chauffeur est bien diminuée.

Bref, c’est le bonheur !

J’ai pris en charge les vignes à 2 m avec mon petit chenillard.

Puis ce week-end, Jean-Michel est venu prêter main forte pour labourer les vignes à 1 m avec l’enjambeur. Ainsi, il n’oublie jamais totalement Pontet-Canet en se replongeant dans le même type de vignes étroites à peine sorti de son travail dans ce grand domaine…

Seule ombre au tableau samedi soir, la pluie qui est venue gâcher l’avancée merveilleuse de nos chantiers. D’une part, nous avons arrêté de travailler et d’autre part, l’herbe aura pu en partie se repiquer en étant remise en conditions humides.

Pour le premier point, c’est un peu la limite et la frustration de notre aventure. La double-vie que nous avons, nous oblige parfois à ne pas être là au moment le plus opportun et au contraire à ne pas pouvoir travailler alors que nous sommes disponibles mais que la météo en a décidé autrement.

Pour le second point, c’est aussi l’inconvénient des façons superficielles souvent présentées comme « La » solution de travail du sol.

On va vite mais, particulièrement au printemps, l’herbe a tendance à se repiquer instantanément car elle n’est pas retournée totalement comme c’est le cas avec un labour plus classique. Il faut donc passer et repasser souvent ce qui finit pas coûter plus cher en temps et en énergie.

Evidemment, pour ceux qui débutent le travail du sol après 20 ans de désherbage chimique et des vignes jeunes et bien droites, les interceps représentent une solution facile, surtout si le printemps est sec. Ils se disent alors, le travail du sol ? Facile !

Quand les vignes sont plus noueuses, le printemps humide et que l’accumulation du désherbant dans le sol s’estompe, les interceps montrent vite leurs limites et les solutions miracles n’existent pas.

Cela étant, ces outils nous auront permis de redonner cette année à nos vignes une tête de vigne (en bio) avec un peu d’herbe mais pas trop.


Cela sans stress et en bronzant ; même si le bronzage agricole n’est pas le plus esthétique qui soit…

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le blog de Corinne Comme

En créant ce blog,  je souhaite faire partager une certaine approche de notre métier de vigneron afin de réhabiliter le mot « paysan ». Au-delà de son rôle dans la production de denrées alimentaires, il doit aussi être le gardien d’un savoir ancestral et faire le lien entre la nature, les animaux et l’humanité. Il est l’observateur et le garant des grands équilibres de la vie. C’est une tache prenante et passionnante qui s’accompagne de joies, de peines et de moments de doutes.

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