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8 septembre 2008 1 08 /09 /septembre /2008 08:05

Samedi dernier, c’était le jour du Marathon des Châteaux du Médoc à Pauillac et aux alentours. Il s’agissait de la 24ème édition.

Pontet-Canet étant sur le parcours, Jean-Michel était mobilisé pour l’occasion. Je suis allée moi aussi donner un coup de main pour servir le vin.

Mon but n’est pas de refaire un reportage de plus sur cet évènement médiatique car même la presse nationale en fait mention avec de beaux reportages.

Je souhaite seulement vous faire partager une partie de l’envers du décor c'est-à-dire la vie du stand de Pontet-Canet.

A plusieurs endroits du parcours, les Châteaux proposent aux coureurs de déguster du vin du cru. Très souvent, les verres sont en plastique.

Mais, tous les ans à Pontet-Canet, Monsieur Tesseron tient à servir le vin dans de vrais verres à dégustation. Il en faut plusieurs centaines et à la fin plusieurs dizaines manqueront à l’appel. Le cadre magnifique, les vrais verres, l’ambiance, le fait d’être à mi-parcours, tout concourt à faire de Pontet-Canet l’étape gustative incontournable, sinon tout simplement l’étape ultime à atteindre pour beaucoup de candidats. Peu de temps après Pontet-Canet, il y a les côtes de Saint-Estèphe qui tuent les jambes !


Comme dans plusieurs endroits « stratégiques », il y a un orchestre qui joue pendant toute la durée de la course.

Au début, c’est assez calme.

Les premiers coureurs ne consomment bien-sûr pas de vin. Le premier « oenophile » arrive quand même 15 à 20 minutes après le premier, ce qui est impressionnant car il lui reste 20 km à faire.


Puis, on monte en puissance jusqu’à avoir de pleines routes de coureurs qui arrivent sans discontinuer.



Là, il devient difficile de suivre le rythme. Les mains se tendent de partout et parfois les verres arrivent à manquer.

Pourtant, avec 2 machines à laver dont une qui avalent 24 verres toutes les 90 secondes, il y a du répondant.

On se dit alors que c’est le point culminant et que très vite la tension va retomber. Mais un coup d’œil rapide vers l’allée du château montre un flot toujours aussi important de coureurs.

Plus le temps passe, plus le nombre de coureurs motivés pas un chrono diminue. Au contraire, ils prennent leurs aises, se photographient et nous demandent de les prendre en photo.

C’est en général le moment où l’on voit des chars arriver, poussés par des coureurs motivés. C’est aussi une période propice pour apercevoir des drapeaux bretons fièrement hissés par des coureurs amoureux de leur magnifique région. Je dis que la Bretagne est magnifique tout d’abord parce que c’est vrai mais aussi car ma maman étant bretonne, j’ai la moitié de mon sang qui vient de là. A la maison, il y avait toujours conflit entre le beurre salé de ma mère et l’huile d’olive de mon père pied noir !

Au hasard des rencontres, j’ai servi du vin et échangé quelques mots avec des amis cavistes qui distribuent mes vins de Champ des Treilles.

Bonjour à Pierre de la cave Ruthène à Rodez,


Et à Eric et Patrick de la Cave des Vins de France à Angers



Le monde du vin est petit !!!

Il y a tellement de monde que l’on sert des dizaines de verres sans lever la tête ou presque. Même si les casiers de verres font le trajet vers les machines à laver au pas de course, rien n’y fait, les coureurs doivent attendre quelques secondes pour être servis.

On n’a pratiquement pas le temps de regarder tous les déguisements car la plupart des coureurs est déguisée. Certains rivalisent d’imagination et beaucoup ont une énorme motivation pour porter des accessoires farfelus ou pousser des chars.

J’ai toujours des remords à ne pas pouvoir prendre plus de temps à les observer car ils ont du faire des efforts pour concevoir leur équipement et le trainer jusque là.

Clin d’œil à la profession, j’ai pris en photo un char « machine à vendanger » venu de Vendée et poussé par les salariés d’un représentant local de matériel viticole.


Enfin,  le flot de coureurs diminue, nombreux sont ceux qui arrivent en marchant et qui n’iront pas plus loin. Plus de 3h 30 après le départ, la « voiture-balai » arrive et marque la fin de la course.

Il est alors temps de ranger.

Une fois de plus, la course aura « coûté la vie » à une barrique de vin de la propriété ! C’est un gros effort mais c’est aussi le prix à payer pour que la fête continue d’une année sur l’autre.

 

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5 septembre 2008 5 05 /09 /septembre /2008 08:33

A cette saison, autour de chez nous, les remorques de prunes passent sans discontinuer. Elles s’accompagnent de la bonne odeur de pruneaux dans toute la campagne. Il faut dire qu’étant en limite du Lot-et-Garonne, le pruneau d’Agen est cultivé jusque sous nos fenêtres.

Je ne suis pas une spécialiste du pruneau mais cette culture m’interpelle. Il y a encore quelques années, les prunes étaient ramassées par terre à la main par une main d’œuvre nombreuse. Pour Jean-Michel, le passage de ces équipes devant la maison était le signe du retour prochain à l’école.

Depuis, l’évolution du coût horaire du travail a entraîné l’apparition d’une récolte totalement mécanique. On en est arrivé à une situation incroyable où il n’est même pas rentable de ramasser les prunes tombées naturellement au sol entre deux « secouages » mécaniques des arbres.

Pourtant, celles qui tombent naturellement au sol sont des prunes mûres, les meilleures.

Elles vont donc pourrir au sol. Un de nos voisin ne produira cette année que 20 % de la production de l’an dernier, pourtant les prunes tombées au sol ne seront pas ramassées car le coût de la main d’œuvre est trop élevé.

Quel gâchis !

 

La machine fait tomber des fruits de toute la gamme de maturité, de très coloré à vert.

Je pense donc, qu’une fois de plus, l’évolution n’a pas été dans le bon sens pour la préservation des goûts.

Les différences ne sont sûrement pas énormes, mais à chaque modification, on perd toujours un peu, sans jamais gagner.

Je ne jette pas la pierre aux producteurs qui comme beaucoup d’autres se débattent dans les difficultés.

Il y aurait tout un système politique et social à repenser.

De plus, les pruneaux sont bien les derniers à qui on demande leur avis sur la question épineuse de la maturité.

Tous les ans nous succombons à la tentation d’aller en acheter chez nos voisins. Ce sont des gens très gentils qui nous autorisent à picorer sur les clayettes encore chaudes. C’est terrible pour l’estomac, mais tellement bon.

Lorsque Thomas y va, il serait plus honnête de le peser à l’arrivée et au départ du séchoir car il contient énormément de pruneaux.

En voyant ces fruits triés et séchés avec minutie, je ne peux pas m’empêcher de penser à ce qu’ils deviendront pour être proposés au consommateur final.

Dans mon ancienne vie de citadine, je ne connaissais pratiquement que les pruneaux mous, humides et gluants.

Lorsqu’ils sortent de chez le producteur, ils sont secs voire même très secs. S’ils ne le sont pas assez, il y a des sanctions financières au niveau du prix. Sauf erreur de ma part, il faut au maximum 21% d’humidité ; chiffres à comparer avec ceux inscrits sur les paquets de pruneaux du commerce…


Entre les deux périodes, il y a eu… l’industrie agro-alimentaire. Là, c’est mon domaine. Le passage d’un pruneau sec à un pruneau gonflé à l’eau, c’est ce que j’ai appris à l’école !!!

Je pourrais aussi ajouter, la viande de veau qui rétrécit de moitié à la cuisson ou le saucisson à l’ail qui ne reconnaîtrait pas un morceau de viande, pour n’en avoir jamais vu.

 

Pour en revenir aux pruneaux, le rôle de l’industrie est de « standardiser le taux d’humidité du pruneau ». En termes moins pompeux, cela revient à les imbiber le plus possible d’eau (pour vendre l’eau au prix du pruneau) et d’y ajouter un cocktail de conservateurs en tous genres, car sans adjuvants, les pruneaux ne pourraient pas se conserver.

 

Combien sont les consommateurs qui ont eu la chance de pouvoir goûter des pruneaux authentiques, sans autre ajout ? Sûrement très peu.

 

Pourtant, un pruneau nature, c’est drôlement bon.

 

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2 septembre 2008 2 02 /09 /septembre /2008 12:38

Les animateurs de ce forum très connu des amateurs de vin ont proposé à Jean-Michel d’intervenir dans la rubrique « Carte Blanche à… »

 

Dans un long texte, il y développe sa vision actuelle d’une viticulture d’exception qu’il tente de mettre en place à Pontet-Canet et que nous appliquons aussi sur le domaine avec des moyens différents.

 

Ces idées sont nées de nos expériences communes, de notre ressenti et de nos sensibilités respectives.

 

Le chemin que nous avons choisi n’est pas le plus simple, bien au contraire. Les sacrifices sont nombreux. Mais le sentiment de sérénité, que cette voie particulière anime en nous, nous conforte dans l’idée de persévérer.

 

Jean-Michel insiste sur le fait que la biodynamie n’est pas un aboutissement ni même une religion, mais plutôt un outil au service de la vigne et de l’amélioration de la qualité du vin.

Nous souhaitons devenir les porte-paroles d’une biodynamie pragmatique proche de la vie quotidienne de l’agriculteur.

 

Il y a beaucoup de choses à découvrir et nous le faisons pas à pas. Chaque nouvelle expérience nous aide à progresser. Le vivant se dévoile un peu plus chaque jour dans une complexité toujours plus grande.

 

Face à cela, nous abordons maintenant notre métier avec beaucoup de modestie car nous ne contrôlons rien ou pas grand-chose.

 

C’est aussi pour cela que la vigne et le vin conservent une part de mystère…ou de mystique !

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1 septembre 2008 1 01 /09 /septembre /2008 08:16

Ca y est, Thomas est à Tarbes depuis la fin de semaine dernière pour la pré-rentrée.

Nous avons fait un voyage là-bas pour l’installer dans ses nouveaux murs.

 

Le début des cours est aujourd’hui.

Même s’il lui est arrivé de rester plus longtemps absent que depuis son départ, la maison est particulièrement vide.

 

Bien sûr, il y a les quelques meubles partis avec lui à Tarbes. Mais, c’est une nouvelle vie qui commence pour nous ; le début de la séparation.

 

Je me souviens parfaitement de sa première rentrée scolaire à l’école maternelle du Pradina à Pauillac. C’était hier mais il y a longtemps aussi.

Le voilà maintenant jeune adulte mais encore tellement vulnérable dans une ville qu’il ne connaît pas. C’est la maman qui parle !

 

Aujourd’hui, comme tous les jours, je vais faire mon travail avec conscience et volonté.

 

Mais mon esprit sera ailleurs. Il sera à côté de Thomas pour sa première journée d’étudiant.

 

Que voulez-vous, c’est le rôle d’une mère d’être avec son enfant, tout au long de sa vie, même quand il est devenu adulte et autonome.

 

Il restera toujours mon petit Thomas.

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28 août 2008 4 28 /08 /août /2008 08:28

Depuis quelques jours, j’ai un peu rompu avec mes habitudes de vous faire partager mon quotidien, mes plaisirs et … mes coups de gueule.

J’étais en vacances !

Cependant, les vacances chez Jean-Michel Comme ne sont jamais de grandes vacances avec des destinations exotiques. Nous étions en vacances à…Margueron, chez nous sur le domaine.

C’est un avantage indéniable d’avoir deux « chez soi ». Lorsqu’on quitte un endroit pour l’autre, on a tout de suite l’impression d’être en vacances!


Nous n’avons jamais tellement eu la possibilité  (ni l’envie) de partir loin. Tous les ans, Jean-Michel « laisse » Pontet-Canet aux alentours du 15 août, lorsque les jeux sont pratiquement faits pour la récolte. Cela laisse peu de place pour partir loin. Souvent, il y a déjà les vendanges à préparer ou un mise en bouteilles en vue.

Et aussi, depuis nos premières années de viticulteurs, j’ai tellement pris l’habitude d’économiser sur tout que même si les choses se sont améliorées, j’ai toujours la main qui tremble au moment de faire le moindre chèque !

 

Donc, notre programme de vacances fut : travail dans les chais, traitements des vignes mais aussi quelques sorties locales et surtout lectures sur chaise longue. Un bonheur simple mais un vrai bonheur quand même.

Jean-Michel a enfin pu terminer son « livre-pavé » de 1000 pages en anglais sur le président américain Truman. Il doit être le seul en France à avoir lu un tel livre !

Pour moi, c’est plutôt lecture ou relecture, voire même re-relecture de romans de Stephen King. J’adore cet auteur. Au-delà de l’histoire, c’est surtout la façon dont il raconte qui me touche. J’ai pris la peine de lire certains de ces ouvrages en anglais et c’est encore mieux qu’en Français ; tout en étant plus difficile pour moi.


Thomas et son grand père ont fait les derniers traitements de couverture de l’année. Il restera éventuellement un poudrage au talc en fonction des conditions climatiques à venir.

 

Maintenant que la mise en bouteilles est faite, il restait à soutirer les barriques de rouge 2007 avant les vendanges.


Sûrement pour la dernière fois, nous avons effectué ce travail en famille. Thomas commencera sa nouvelle vie d’étudiant la semaine prochaine à Tarbes.


Il ne reviendra que de façon épisodique à la maison.


Le fait de voir mon mari et mes deux enfants affairés ensemble au travail des barriques m’a comblé de bonheur ; qui plus est sous le toit tout neuf !

 

Une fois ce travail achevé le chai a pu reprendre son aspect d’origine. Le vin a retrouvé sa quiétude pour plusieurs mois avant d’entamer son deuxième hiver d’élevage.


Je n’ai pas pu résister à l’envie de profiter de l’éclairage  par les chandeliers. Les bougies naturelles ajoutent une touche de sérénité, quasi mystique à l’endroit.


Pendant les vendanges, je prends parfois mon court et frugal repas de midi au milieu des barriques, c’est un moment, sinon Le moment calme de la journée. Je m’y ressource.

 

Ceux qui lisent le blog d’Eric B ont pu constater qu’il avait pris la peine de venir nous aider à déguster les nouveaux millésimes. Il y a encore des gens serviables sur terre !

 

En conclusion, j’ai pu passer des quelques jours de détente entourée des êtres chers, de mon vin et de mes pieds de vigne.


Le bonheur quoi !

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27 août 2008 3 27 /08 /août /2008 08:47

Jusqu’à mon départ de Sainte-Foy pour mes études à Bordeaux, le marché du samedi matin à Sainte-Foy me paraissait être une évidence.

Puis en découvrant un monde un peu plus large, je me suis rendue compte que notre marché de Sainte-Foy ne représente pas la majorité des marchés.

 

Il se tient dans plusieurs rues chaque samedi matin.

Cela fait plus de 500 ans que ça dure !

 

Depuis le début de la matinée, les rues concernées sont fermées à la circulation pour permettrent aux commerçants ambulants d’installer leur marchandise.

 

On y trouve tout ce que l’on attend d’un marché traditionnel : fruit et légumes, vins, poissons, fromages, …
Les étalages s'étendent sur plusieurs centaines de mètres de long. C'est assez incroyable!



 




Parfois, il n'y a presque rien à vendre. Aller vendre au marché, fait partie de la tradition familiale dans certaines familles; c'est même une passion.


Il y a aussi une place appelée « marché à la volaille ». Les paysans locaux y amenaient des animaux vivants, volailles diverses mais aussi lapins.
Maintenant, les gens n’ont plus franchement l’habitude de tuer eux-mêmes les animaux donc le marché à la volaille a un peu perdu une grande partie de sa raison d’être. Mais d’autres vendeurs ont pris la place.

 

Comme dans tous les marchés, il y a aussi l’article , qui nous fait craquer.


Remarquez qu'il existe en plusieurs couleurs. 


Finalement, je n'ai pas craqué pour cette fois, mais on en reparle dans quelques décennies.

Par contre, j'ai craqué pour une botte de basilic, plante aromatique que j’adore.

 

Le marché du samedi matin est donc un passage obligé à Sainte-Foy ; il fait parti de notre patrimoine local, sinon de notre patrimoine génétique.

 

Si vous passez à Sainte-Foy, ne manquez pas de vous y arrêter.

 

Je consacrerai bientôt un article à la ville elle-même et à ses maisons car chaque pierre de Sainte-Foy respire l’histoire.

Sans empiéter de trop sur l’article à venir, j’ai quand même le sentiment en voyant la photo de la poste, qu’il n’y a guère que les services de l’état n’ont pas encore vu la nécessité de préserver le patrimoine.


Heureusement, tout arrive à qui sait attendre.

Je dois cependant reconnaître que les années 60-70 et leurs beaux crépis au ciment peint ont encore leurs adeptes!

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20 août 2008 3 20 /08 /août /2008 09:18

Rassurez-vous, je ne vais pas vous réécrire le même texte que la dernière fois sur les méfaits des poubelles au bord les routes.

Cependant, je ne résiste pas à l’idée de partager avec vous de ces quelques photos prises le long de la départementale aux environs de la maison. Chronique d'une saleté ordinaire!

Et encore, j’ai laissé de côté tout ce qui s’apparente à du dégradable, c'est-à-dire les cartons et autres papiers.














Finalement, il y a presque assez de photos pour pouvoir faire un classement des emballages les plus fréquents. Le gagnant est…

Par contre, tous les déguelasses qui ont fait le geste pour jeter à travers la vitre de la voiture sont tous ex æquo !

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14 août 2008 4 14 /08 /août /2008 09:23

Je n’en avais pas encore parlé mais nous avons refait le toit. Par sécurité, j’ai préféré différer cette annonce car une maison couverte avec des bâches plastiques attire toujours plus les voleurs que lorsqu’il y a un vrai toit avec des tuiles. De ce côté-là, nous pensons avoir suffisamment donné (au sens premier du terme) et nous ne voulions pas tenter le diable…

Donc, nous avons refait le toit. Il faut dire que la dernière intervention majeure devait remonter à la construction des bâtiments, c'est-à-dire à y a presque un siècle et demi !

Une chose est sûre, il y a cinquante ans que la famille est installée là et elle n’a rien fait pour la couverture. D’ailleurs, le grand père de Jean-Michel était très fier de dire qu’il n’avait jamais acheté une tuile. On s’en est rendu compte !!!

Sa technique était très simple et consistait à « étirer » les tuiles. C'est-à-dire, par exemple que là où il y avait 4 tuiles dont une cassée on en trouve plus que 3 ; avec un recouvrement moindre entre les tuiles. C’est facile mais ne peut pas durer toute la vie.

Tout était à refaire. C’est du reste pour cela que nous avons mis tant de temps à prendre la décision, ou plutôt à la financer. Signer un devis n’est jamais difficile, c’est surtout de signer le chèque qui pose un problème.

Déjà, lors des « arrangements de famille », il y avait eu une décote sur les bâtiments à cause du toit. C’était plutôt une bonne affaire pour nous à l’époque, mais c’était aussi reculer pour mieux sauter. Tout était pratiquement prêt à tomber.

Les premières années, on avait entrepris de « rustiner » nous-mêmes le toit en changeant des voliges fatiguées puis en replaçant les tuiles après un balayage complet.

Moi qui n’aime pas monter sur les toits, je n’étais pas du tout dans mon élément.  Mais quand on n’a pas d’argent, on avale la salive et on y va sans se poser de question.

Malheureusement, l’ampleur de la tâche était telle que nous avons dû constater notre impuissance.

Les gouttières étaient toujours là.

Parfois, ou plutôt souvent, Jean-Michel montait sur le toit avec quelques tuiles pour réparer les grosses gouttières. Depuis l’intérieur, je lui indiquais les zones où le bois était humide. Puis, il changeait la tuile cassée ou tout simplement déplacée.

A la prochaine pluie, de nouvelles gouttières apparaissaient. C’était un travail sans fin.

Dans notre malheur, nous avions quand même la chance que la maison elle-même soit pratiquement épargnée par les gouttières. Pourtant, quand on voyait la situation de dessus, surtout autour des conduits de cheminée, on pensait que cela tenait tout simplement du miracle !

Enfin, un jour à la faveur de finances en amélioration, nous avons décidé de refaire le toit. Nous n’étions pas au bout de nos peines car ayant choisi de faire travailler un artisan sérieux local, il a fallu attendre et attendre encore.

Jusqu’au jour où c’est une entreprise médocaine qui a fait le chantier. Jean-Michel les connait depuis 20 ans et lui fait (presque) entièrement confiance.

Une fois le chantier commencé, il a fallu se rendre à l’évidence. Il y a de gros dépassements de budgets. Mais c’est une autre histoire car je n’ai pas encore reçu la dernière facture…

Nous savourons maintenant le luxe tout simple d’avoir des alignements parfaits de tuiles ; même si celles du dessus sont récupérées de l’ancien toit et sont donc faites à la main, avec toute l’imperfection et la beauté qui s’y rattachent.

C’est fini de redouter une averse lors des visites de clients. J’ai toujours trouvé un peu humiliant d’avoir à nettoyer en hâte ou même à ironiser sur l’état du toit lorsqu’il y avait autant d’eau dedans que dehors avant ou pendant la présence de visiteurs.

Nous avons aussi profité des travaux pour isoler les bâtiments. Je pense que mon compteur électrique va apprécier au moment où il faudra chauffer les cuves pendant les fermentations.

Les gens nous disent qu’avec un toit refait de la sorte, on en a pour au moins 30 ans. Mais avec 2 chantiers de toit en 150 ans, ce n’est pas très cher. Le seul problème est que nous ne sommes propriétaires que depuis 10 ans et que nous assumons bien plus que notre part !

C’est une sorte de loterie, celui sur qui ça tombe a gagné. Malheureusement, cette fois-ci, c’est sur nous.

Pour se réconforter, on peut déjà penser aux prochaines visites que nous ferons avec l’œil pétillant et le torse bombé en pensant à ce beau toit tout neuf au dessus de notre tête.

 

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13 août 2008 3 13 /08 /août /2008 10:02

Quelques jours après la mise en bouteilles, nous n’avons qu’une hâte, goûter les vins pour nous rendre compte de leur état après cette période douloureuse de leur jeune existence.

Mais chez nous, pas question de faire une dégustation façon « assemblage » avec un alignement de bouteilles et de verres. Ce ne serait pas respectueux du vin.

A chaque dégustation, nous n’ouvrons qu’un seul flacon…et en général nous le finissons.

Très souvent, le moment choisi est celui de l’apéritif. C’est un moment propice à la dégustation. Mais en plus, c’est une période de décontraction après les tracas de la journée.

On prend le temps de déguster tout en discutant. Parfois même, nous refaisons le monde ; et il y a de quoi faire !!!

On finit par se dire que ce n’est pas raisonnable et qu’on va devenir alcooliques. Mais en discutant avec nos proches ou des amis, on se rend compte que beaucoup d’entre eux font de même. Ça ne guérit pas mais ça rassure de se sentir appartenir à un clan !

Donc, la première bouteille ouverte fut bien entendu une bouteille de blanc sec 2007. Nous attendions ce moment avec impatience car nous avons fait évoluer notre gamme.

En fait, c’est en grande partie le vin lui-même qui a dicté nos choix. J’en avais  parlé il y a quelques semaines. Nous sommes revenus aux fondamentaux des vins blancs de Bordeaux.
Cette nouvelle cuvée est composée des 3 cépages, Sémillon, Sauvignon blanc et Muscadelle à proportions égales. Chacun apporte sa contribution à l’édifice. On retrouve donc  le vin blanc à servir dans un repas, aromatique, complexe mais ayant une belle structure en bouche avec la longueur venue du Sémillon. Exit la barrique pour retrouver l’essence même de chaque cépage. Dans ces conditions, c’est le terroir qui parle pratiquement seul. Le cépage devient son support. C’est une relation vraie. Quand j’ai dégusté ce nouveau blanc, j’ai ressenti par la minéralité les silex qui affleurent sur le sol des parcelles. Cette sensation se mêle aux arômes d’agrumes,  de fleurs, de tisane……que du bonheur !

Les résultats sont à la hauteur de nos attentes.

Ce vin est l’opposé d’un vin de concours. Mais surtout c’est un vin frais et digeste. Lorsqu’on a fini son verre, on n’a qu’une envie, s’en resservir un autre !

Jusqu’à l’ouverture de cette bouteille, la cuvée n’avait pas vraiment de nom, ou plutôt de prénom car elle portera avant tout les couleurs du Château du Champ des Treilles.

Finalement, un terme s’est directement imposé à nous : VIN PASSION.

Ces 2 mots illustrent parfaitement les relations que nous avons avec nos vignes et nos vins. La passion qui nous anime oriente totalement notre vie dans tous ses aspects. Nous le ressentons dans nos vins et bien souvent nos clients aussi. C’est donc que l’objectif est atteint.

Maintenant, il faut valider les nouvelles étiquettes, soumettre le projet à Ecocert,…

En plus, c’est le mois d’août, le mois où rien n’avance.

 

Pourtant, il faut faire vite car il ne reste plus que quelques caisses du  millésime précédent.

Maintenant, il reste encore à déguster les rouges puis le liquoreux « vieilles vignes ».

Que de travail en perspective…Mais enfin, le travail c’est le travail !!!

 

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11 août 2008 1 11 /08 /août /2008 08:31

Récemment, en rentrant de traiter  les vignes avec l'enjambeur, Jean-Michel a fait une remarque qui tout d'abord m'a surprise.

Il a vu des cailles! Certes, il n'y en avait que deux, mais il a été obligé de stopper son engin dans le rang à plusieurs reprises car les volatiles pas très futés, il faut bien l'avouer, courraient devant le tracteur devant les roues au lieu de s'envoler directement ou tout simplement de bifurquer dans le rang d'à côté.

Puis en parlant avec lui, je me suis rendue à l'évidence que c'était la première fois depuis 10 ans que nous évoquions ce gibier.

Nous sommes des habitués des lièvres qui ont élu domicile dans nos vignes indemnes de ces odeurs de mort. On ne fait plus cas des chasseurs qui habitent eux-aussi dans les mêmes parcelles. En fait, lorsque c'est la saison des chasseurs, les lièvres semblent disparaitre. C'est bizarre, même si mon beau-père m'assure que les chasseurs en question n'apprécient pas le lièvre. Ils doivent surement être là uniquement pour promener les chiens, qui comme chacun le sait, ne savent pas se promener sans la présence d'un fusil chargé porté par un individu en costume de guerre.

A l'occasion, on rencontre aussi un ou deux faisans, vestiges encore vivants du dernier lâcher du samedi après-midi pour la chasse du dimanche matin.

Dans tous ces cas, cela reste des anecdotes.

 

Par contre, les cailles!!!

L'arrivée de mon beau-père a donné quelques éléments historiques plus précis que ceux de Jean-Michel. Ce dernier était tout petit lorsque les cailles et autres petits animaux sauvages ont disparu du paysage rural.

Jusque dans les années 60-70, il était fréquent d'en voir. Parfois, en coupant le foin, la faucheuse détruisait malencontreusement un nid de caille. Ou bien un de ces volatiles était amputé par le terrible engin.

Les faisans et les perdreaux existaient mais sans avoir l'obligation d'en lâcher quelques uns un jour avant de les tuer.

Bref, il y avait de la vie dans les champs.

 

En écoutant ces récits qui n'avaient rien des aventures de Tartarin de Tarascon, j'ai pu faire la parallèle avec notre époque actuelle.

 

En 30-40 ans d'agriculture intensive, tout ou presque a disparu. On a tout détruit.

En écoutant mon beau-père parler avec passion de cailles cuisinées dans le passé par sa femme, sa mère ou sa grand-mère Ida, j'ai fait la comparaison avec celles que j'ai eu l'occasion de gouter il y a nombreuses années lorsque j'étais encore citadine et qui venaient d'un élevage intensif. Une fois de plus, quelque misère et quel appauvrissement culturel.

 

Je me suis aussi souvenue d'une remarque du grand-père qui aimait beaucoup voir les petits oiseaux. Lorsqu'il était arrivé à Margueron, à la fin des années 50, les mésanges avaient l'habitude de nicher dans la vieille pompe à main du puits. Puis avec l'arrivée des pesticides, particulièrement sur les pruniers, il avait de nombreuses fois découvert les oisillons morts dans le nid; sûrement après l'empoisonnement de leurs parents.

Une année, les mésanges ont tout bonnement disparu du paysage. La vieille pompe à eau, dont c'était la seule utilité, avait un jour était démontée.

Il nous reste encore son chapeau quelque part devant la maison, comme pour nous rappeler l'époque où il servait de toit à des couvées de petits oiseaux.


Certes, on peut très bien vivre sans avoir de caille dans ses champs ou de mésange dans sa pompe à eau, mais leur absence est le signe d'une situation beaucoup plus grave. On a vu les animaux disparaitre, progressivement, au gré des nouvelles molécules de l'industrie chimique.

Maintenant, on peut se demander quels seront les prochains sur la liste. Peut-être nous...

 

Pour conclure, je ne sais pas si les cailles resteront longtemps dans nos vignes, mais je suis très fière qu'elles aient élu domicile dans notre domaine. C'est une preuve supplémentaire que la voie choisie, même si elle est exigeante, reste la meilleure, pour nos vignes tout d'abord mais aussi pour l'avenir de nos enfants.

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le blog de Corinne Comme

En créant ce blog,  je souhaite faire partager une certaine approche de notre métier de vigneron afin de réhabiliter le mot « paysan ». Au-delà de son rôle dans la production de denrées alimentaires, il doit aussi être le gardien d’un savoir ancestral et faire le lien entre la nature, les animaux et l’humanité. Il est l’observateur et le garant des grands équilibres de la vie. C’est une tache prenante et passionnante qui s’accompagne de joies, de peines et de moments de doutes.

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