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18 décembre 2013 3 18 /12 /décembre /2013 10:39

Je ne sais pas si vous vous souvenez de ce film adapté du livre du même nom.

Je n’ai jamais oublié ce livre qui reste attaché à mes cours d’allemand lors de mes années de lycée.


Il vient de me revenir brutalement à l’esprit en lisant un article sur la confusion sexuelle, vous savez la technique que je critique souvent ici-même et qui consiste à diffuser des hormones sexuelles de synthèse en grande quantité dans l’environnement.

Le but est justement de « diluer » d’une certaine manière les hormones émises naturellement par les femelles pour attirer les mâles. Ainsi femelles et mâles ne se reproduisent pas et donc, il n’y a pas de chenille par la suite pour percer les grains de raisin ; du moins dans la théorie…

Eh bien, justement cette année, cette « avancée » n’a pas fonctionné dans le Languedoc-Roussillon !

Je ne vais pas vous redire pourquoi je déteste cette technique, dangereuse car manipulant des hormones.

Mon propos du jour est justement de rappeler que les populations de vers de grappe sont fonction des terroirs (avec une influence évidente du climat de l’année). Cela n’a rien à voir avec une quelconque harmonie due à la biodiversité comme on l’entend aussi.

C’est juste que certaines zones sont plus « favorables » que d’autres au développement de vers de grappe. Cela tient à la composition du sous-sol tout simplement ; le terroir.

Dans mon vignoble, il n’y a pas de vers de grappe. Ce n’est pas vraiment dû au fait que la biodiversité y est préservée mais tout simplement une conséquence de la composition des sols ; peu favorables à cet insecte. Ce n’est pas non plus grâce aux voisins qui me protègeraient par un Dôme de pesticide autour de mon vignoble. Ces gens-là sont comme moi, ils ne traitent pas car il n’y a pas d’utilité à cela.

Sauternes est dans une situation comparable à mon vignoble, par contre Barsac est très sensible car les sols y sont moins argileux et plus chauds.

Par ses sols et son terroir, le Languedoc-Roussillon sera toujours plus sensible que d’autres régions.

C’est d’ailleurs le même raisonnement pour tous les « pathogènes » avec des affinités différentes en fonction du terroir et du pathogène.

Comprendre cela est la première étape dans la maitrise du problème. Et aussi une leçon d’humilité.

Au lieu de comprendre le vivant, on a remplacé les insecticides « classiques » par des hormones en s’auto-congratulant pour le respect de l’environnement que l’on génère.

Au passage, on oublie les pathologies spécifiques qui, comme par hasard, ne touchent que les agriculteurs…

Là où les choses commencent à ne plus aller, c’est justement quand le climat de l’année amplifie l’effet terroir par un effet de bras de levier. La confusion ne fonctionne plus !

Dans notre raisonnement, il faudrait au contraire « tempérer » l’effet du terroir par des actions inverses. Il ne s’agit pas de sortir la grosse artillerie mais de choisir la plante adaptée à l’endroit et à l’objectif du moment et d’en pulvériser préventivement une infusion. Rien de plus et rien de moins.

Malheureusement, on prévoit au contraire d’en remettre une couche et revenant aux « neuro-toxiques » en plus des hormones préalables. Ainsi, on a la totale !!!

Mais cela devient encore plus cocasse quand on apprend qu’après Eudémis et Cochylis, visées par la confusion, il ressort maintenant un troisième larron, presque oublié, l’Eulia.

N’ayant pas fait d’études agricoles, je n’en avais jamais entendu parler. Pour Jean-Michel, c’était un nom profondément enfoui dans les souvenirs d’étudiant.

Donc, là où on est dans l’histoire sans fin, c’est justement qu’on va disposer dans l’avenir proche de confusion sexuelle pour lutter contre l’Eulia.

Et ainsi de suite devrais-je dire.

Il est même question d’une autre chenille au nom barbare que j’ai oublié et qui mange l’intérieur des grains. Elle nécessite des produits « classiques » pour l’éradiquer mais on peut supposer qu’une autre confusion sera bientôt disponible contre elle.

C’est une nouvelle raison d’associer les deux types de produits, pas pour le meilleur mais surtout pour le pire.


On est vraiment dans le cas du serpent qui se mord la queue. Plus on en fait, plus il faut en faire dans une sorte de cercle vicieux sans fin.

Quand on ne cherche pas à comprendre le vivant et à s’en accommoder, c’est ce qui arrive.

La grande question qui va finir par se poser, c’est celle de la place disponible sur les fils de fer pour prendre tous les petits diffuseurs d’hormones. Auront-ils chacun une couleur spécifique ?

Autant de questions qui nécessiteront encore beaucoup de réunions…

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16 décembre 2013 1 16 /12 /décembre /2013 20:49

Dans cette période de morosité ambiante, il reste un bon moment dans l’année, c’est celui de Noël et surtout la période qui précède ce jour particulier.

Comme une enfant, je m’active toujours à préparer le sapin. Il faut être dans l’Esprit de Noël quand on pense aux décorations ou qu’on les met en place sur l’arbre.

Sinon, on perd une partie de la magie !


Avec les enfants, on a donc décoré le sapin au Champ des Treilles.

C’est un moment d’autant plus émouvant qu’on perpétue ainsi l’histoire familiale.

Jean-Michel et son frère, jeunes enfants faisaient la même chose au même endroit et au même moment de l’année. Je n’ai plus la possibilité de revivre de tels moments mais les liens entre mon mari et moi sont si forts que je prends un peu de son histoire pour m’en imprégner et je fais perpétuer dans son cœur ces instants de joie de l’enfance.

Ainsi, ceux qui ne sont plus là et que l’on aime peuvent revenir un peu parmi nous dans la joie de Noël.

Le résultat de notre travail n’est jamais entièrement parfait mais il s’en approche.

Noël Noël

Cependant une chose m’a perturbée dans ce week-end de préparation, c’est le souvenir de nos premiers sapins dans notre vie de vignerons.

Maintenant, ces arbres sont plus hauts que les garages.

Noël Noël

D’ailleurs, quand ils ont été plantés, les bâtiments en question n’existaient pas et l’endroit avait encore son aspect de petite ferme. Ils avaient été placés en prévision d’une hypothétique allée qui est arrivée plusieurs années après.

Cela nous montre que le temps a passé et nous rappelle que nos jeunes enfants sont devenus adultes. Ils pourront eux-aussi rapidement faire découvrir la magie de Noël à leurs enfants futurs, qui seront eux-aussi ébahis par les lumières et les boules scintillantes.

Mais profitons donc de l’instant présent.

L’esprit de Noël est en moi et il me met le baume au cœur !

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11 décembre 2013 3 11 /12 /décembre /2013 19:03

Dans la fièvre des vendanges, je n’avais pas pris le temps de raconter une aventure qui m’est arrivée à cette époque.

Alors que nous étions occupés à couper tant bien que mal les grappes de blanc, j’ai vu arriver dans les vignes un homme avec un grand chapeau.

Il s’est présenté comme un prestataire de service en traction animale. Il m’a proposé son intervention dans mes vignes ; éventuellement pour faire un essai.

Puis, devant mon refus tout économique, il a fini par me suggérer de faire seulement quelques rangs pour faire des photos de promotion.

Ce fut un nouveau non catégorique de ma part et même doublement non !

Et c’est d’ailleurs là tout le problème.

Les chevaux se sont mis à pulluler dans les vignes, au moins ponctuellement le temps d’une photo ou dans les parcelles visibles.

Notre société de l’immédiat et de l’émotion génère de ce fait des vignerons qui voient, ou plutôt espèrent, une reconnaissance médiatique instantanée avec l’apparition des chevaux dans les vignes ou encore dans les plaquettes publicitaires.

Parmi tous ces gens, qui a vraiment pensé à la vigne ? Sûrement bien peu de monde, bio ou pas bio.

Cette démarche dessert finalement la cause du cheval de trait car malgré tout, les consommateurs ne sont pas dupes.

Je n’ai pas de chevaux de trait, mais on peut dire d’une certaine façon que je vis avec depuis qu’à Pontet-Canet Jean-Michel s’est lancé dans l’aventure de la traction animale il y a plusieurs années. Je connais donc le problème de près.

C’est toujours selon moi, le seul exemple de traction animale réfléchi.

Le cheval de trait doit être une réponse à une problématique dans la vigne, c’est-à-dire la compaction du sol par les passages successifs d’engins.

Il doit être global.

Il doit permettre de supprimer la cause du compactage et pas uniquement les travaux les plus faciles en « oubliant » magistralement tout ce qui dérange et qu’on ne sait pas faire sans tracteur.

Il ne doit pas concerner que la parcelle ou le rang sur le bord de la route et bien évidemment pas des parcelles recevant des pesticides.

Enfin, il doit être économiquement acceptable pour le domaine, sinon il ne dure jamais longtemps. Cela paraît évident mais beaucoup l’oublient.

Chez moi, je sais que je n’ai pas les moyens de le mettre en place donc je ne cherche pas à faire croire que les chevaux cultivent mes vignes.

Je continue de favoriser mon petit tracteur à chenilles ; solution moins poétique mais tout aussi efficace pour lutter contre le compactage des sols.

Lorsque mon travail sera parfait sous tous les angles, alors peut-être que le cheval deviendra un passage obligé pour améliorer la qualité des vins.

Mais d’ici là, le cheval sera dépassé, la traction par les vaches aussi.

On en sera sûrement au zébu ou au yack. Qui sait ?

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9 décembre 2013 1 09 /12 /décembre /2013 14:32

Je viens de faire un voyage à Metz à l’occasion du salon organisé par mon ami caviste…… exactement à Plappeville.

Devant aussi passer par Paris, c’est presque une semaine qui manque à mon emploi du temps local avec le travail qui s’accumule et qui n’avance malheureusement pas tout seul.


Bref, j’ai pris pour la première fois de ma vie la direction de Metz. Le Nooord !

C’est vrai que quand on pense que le Nord commence au moment où on franchit la Loire, il n’est pas évident d’aller passer quelques jours à Metz ; et surtout quand on est né à Oran !

J’en ai profité pour faire aussi un peu de tourisme et il est évident que Metz est une très jolie ville.

Mais le but premier du déplacement était le vin et la passion commune qui anime tous les vignerons (ou presque).

Il a fallu raconter et raconter encore notre histoire et notre philosophie faite de biodynamie et de respect de l’identité de la plante.

Evidemment, il y a toujours des incrédules hargneux vis-à-vis de la biodynamie.

Mais d’une façon générale, les gens sont vraiment intéressés et ouverts. Je dirais même qu’ils sont très souvent réceptifs à l’éclairage que nous leur donnons de cette approche. Ils sont aussi rassurés de comprendre qu’il n’y a finalement pas de magie mais des faits pratiques et pragmatiques pour appréhender le vivant dans toute sa subtilité.

Pour moi qui ne voyage pas beaucoup, ces moments sont aussi des occasions uniques de rencontrer des vignerons d’autres régions, d’autres sensibilités.
Il est amusant de voir qu’avec certains, on a tout de suite l’impression de se connaitre depuis longtemps tellement on se sent proche dans nos viticultures respectives.

Un bon moment de partage, un de plus…

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27 novembre 2013 3 27 /11 /novembre /2013 09:53

Il y a quelques semaines, un article dans Le Monde a attiré notre attention. Il était consacré aux réflexions d’un vigneron de Bourgogne, Philippe Pacalet au sujet de la vigne. Ce confrère que nous ne connaissons pas en était arrivé aux mêmes conclusions que nous sur l’état de « dégénérescence » des vignes modernes.

Il suggérait la nécessité de réintroduire des phases de reproduction sexuée dans la culture de la vigne car selon lui, cette étape autrefois réalisée par les moines pour sélectionner de nouvelles variétés a disparu à la révolution française.

C’est simple, construit et logique.

D’où l’idée de repartir du pépin. Evidemment, quand on replante une graine de raisin, on n’a aucune chance de retrouver les caractéristiques du parent ou des parents. Le brassage génétique fait son œuvre et c’est la magie du vivant.

Philippe Pacalet donne une organisation chronologique à une évolution que nous avions sentie tout en ayant une théorie historiquement moins élaborée.


Pour la première fois dans l’histoire de la viticulture, on a figé les gènes des cépages qui qualitativement donnent satisfaction. Avec les AOC, on a ensuite scellé dans le marbre ces cépages. Et comme toujours, on a pensé qu’en les multipliant de manière végétative par bouturage sur les siècles, les choses pourraient continuer dans la bonne humeur.

Même la surmultiplication avec l’arrivée des clones n’a questionné personne.

Une chose qui marche, marche pour toujours ; tout le monde le sait…

Et il nous a semblé que les pratiques modernes et destructrices étaient une explication malgré tout un peu courte pour expliquer l’explosion des pathologies actuelles que subit la vigne ; même si on ne doit pas nier leur rôle déterminant et agressif sur l’état d’affaiblissement des vignes actuelles.

La nature ne connait pas le bouturage, c’est une pratique que l’homme a trouvé pour conserver la génétique d’individus qualitativement intéressants.

Souvenons-nous de Dolly le mouton cloné, qui en fait avait en naissant l’âge de son « parent » génétique.

Le brassage des gènes est une nécessité pour la survie d’une espèce. Bien-sûr, cela contrarie nos pratiques mais il ne faut pas oublier les fondamentaux.

Pourtant, dans une réponse, tout ce que la viticulture bordelaise compte de « chercheurs » a amené une critique cinglante aux propos de Philippe Pacalet.

Tous ces gens, tentent d’expliquer que les viroses sont provoquées par des virus, le phylloxéra est un fléau toujours présent qui impose le greffage,…
Et avec une certaine condescendance, ils renvoient leur opposant désigné à ses vignes.

Que dire sinon que de tels propos sont affligeants ?

Pacalet, le vigneron, lançait une réflexion en prenant de la hauteur et du recul sur la situation de la vigne alors que ses détracteurs, les penseurs et les chercheurs en sont restés au ras du sol, dans une certitude qui me dérange profondément.

Finalement, il n’y a rien de bien surprenant à cela. Mon quotidien de vigneronne biodynamique est fait de reproches récurrents de la part de gens qui refusent ce qui diffère des idées qu’ils ont reçues à l’école.

Il y a les Ayatollah du réchauffement climatique qui n’envisagent même pas d’écouter une autre théorie que celle des gaz à effet de serre. Sûrs qu’ils sont de leurs idées, ils seraient prêts à détruire tous ceux qui émettent d’autres hypothèses sans même les avoir écoutées.

Enfin, en écrivant ces lignes dans la douleur de mes poignets, je me souviens qu’il y a quelques années j’ai été opérée du syndrome du canal carpien des deux côtés et aussi d’un coude. J’étais jeune, naïve et confiante.

Effectivement, quand les gens ont mal au poignet, on ouvre le poignet et on charcute tant bien que mal. Et on fait de même à des milliers voire des millions de gens sans se rendre compte de l’inflation vertigineuse du nombre de cas en peu d’années et surtout pas en se demandant si la cause du mal est bien dans le poignet et pas à tout autre endroit du corps ou de l’esprit. On n’envisage pas de cause externe et de notre quotidien, tels que les produits chimiques, pesticides ou autres, le téflon de nos poêles, le parabène des emballages,…Que sais-je encore.

Pour en revenir à la vigne, il y a pleins de gens qui vont passer leur vie à décrire avec précision des maladies nouvelles ou anciennes, vont élaborer des stratégies de plus en plus lourdes car de moins en moins efficaces pour les « combattre »,…

Mais ils ne prendront jamais la peine de se demander pourquoi on en est arrivé là.

A la question « pourquoi le phylloxéra ?, ils répondront en citant la date d’arrivée de l’insecte par bateau ; on aura peut-être même le nom du bateau. Mais ils ne chercheront jamais à savoir pourquoi la vigne a croisé la route d’un tel « pathogène » à ce moment-là et pas 500 ans plus tôt ou 100 ans plus tard.

Plus récemment, il nous est arrivé la flavescence dorée, bombe atomique viticole dégoupillée. On vous dira où les premiers foyers sont apparus. On fera des jolies cartes d’évolution de la maladie et de féroces programmes de traitement sous contrôle de l’état et de ses agents zélés.

Mais on ne fera aucun lien avec les pratiques qui ont diamétralement changé dans les dernières décennies.

On a tout simplement oublié que le vivant, ce n’est pas une machine. C’est une organisation complexe et subtile et qui possède ce caractère fabuleux qui le différentie du mort.

Quand je travaillais en biscuiterie, les farines issues de blés dégermés, changeaient au printemps et il fallait en tenir compte et adapter les pratiques pour perpétuer la qualité des gâteaux.

A priori, une farine est un produit inerte, mort mais il n’en est rien. Les molécules qui la composent peuvent « ressentir » l’arrivée du printemps, période où normalement le blé monte en épi et se transforme profondément.

Par contre, chauffée la farine perd son caractère vivant et devient une simple matière alors qu’elle semble être la même. C’est la magie du vivant !

Bravo à Philippe Pacalet d’avoir ouvert le débat.

Pour nous, il était acquis que la vigne est génétiquement en bout de course. Les solutions à mettre en œuvre ne sont à envisager que sur plusieurs décennies. Et il est plus aisé de commenter ce qui se passe plutôt que de travailler à régler le problème en le reprenant depuis sa base.

C’est la vie de nos vignobles qui est en jeu.

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20 novembre 2013 3 20 /11 /novembre /2013 10:23

Parmi ceux qui lisent ce blog, certains sauront de quoi je parle. D’autres se demanderont d’où vient ce titre bien étrange.

La fermentation malo-lactique, qui d’ailleurs n’a rien à voir avec une fermentation au sens strict du terme, est une transformation, sous l’action de bactéries lactiques, de l’acide malique du raisin en acide lactique, qui lui n’est pas présent naturellement dans le vin. Celui-ci apparait alors plus souple et légèrement modifié au niveau aromatique. L’idéal est de maintenir le vin vers 20°C pour favoriser cette étape. En général c’est assez facile car le vin sort de macération où il était maintenu à température plus élevée. Avec l’effet de masse surtout s’il y a plusieurs cuves dans un bâtiment bien isolé, un léger chauffage suffit.

La fermentation malolactique est un passage obligé pour prétendre à l’AOC.

Il y a encore peu d’années, toutes les fermentations malolactiques étaient réalisées avec des bactéries « indigènes », c’est-à-dire sans ensemencement par des levains commerciaux.

Puis, l’industrie des produits œnologiques a flairé le bon filon après que le taux de pénétration du marché des levures soit arrivé pratiquement à 100%. Il fallait de nouveaux marchés.

Les bactéries lactiques prêtes à l’emploi sont alors apparues.

Pour les faire adopter par les vinificateurs, on a utilisé les mêmes recettes qu’avec les levures.

On a d’abord fait peur aux gens en leur prédisant toutes les misères du monde pour leurs vins passés dans les mains des bactéries indigènes. Puis on a aussi joué sur la corde environnementale en disant que le maintien des vins à bonne température c’est mauvais pour la planète.

Enfin, on a aussi pris la peine d’expliquer tout cela avec une flute de Champagne lors d’un cocktail soigneusement préparé.

Et très vite, dès qu’une fermentation tardait à démarrer, les gens se sont mis à croire qu’ils allaient perdre leur vin. Et quand il y a urgence, on accepte la solution sans même en demander le prix.

De fil en aiguille, on va maintenant tendre vers 100% de fermentations malolactiques faites avec des bactéries du commerce.

On trouve aussi des solutions très techniques où on met levures et bactéries ensemble dans le moût pour un résultat encore plus rapide et surtout plus sûr. C’est la co-inoculation.

Il y également les levures super-fortes qui mangent toutes seules l’acide malique.

Et comme le marché est maintenant conquis, les fabricants se retournent vers les levures en proposant des inoculations en cascade avec plusieurs souches, pour recréer ce qui se passe dans la nature et qui donne les meilleurs résultats qualitatifs…et qu’ils ont dénoncé pendant des années pour promouvoir un ensemencement avec une souche unique de levure sélectionnée. On marche sur la tête !!!

Chez nous, vous l’aurez compris, on laisse faire la nature et ma foi, les choses ne se passent pas trop mal.

Les bactéries font comme les levures, elles arrivent quand elles pensent que c’est le bon moment pour elles.

Donc là, toutes les cuves (du moins le peu de cuves qu’il y a cette année) ont commencé leur fermentation malolactique. Dans quelques heures pour certaines ou éventuellement quelques jours pour d’autres, ce sera terminé.

Après ? Les vacances, enfin presque…

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14 novembre 2013 4 14 /11 /novembre /2013 15:58

Depuis cet après-midi, le temps est devenu nettement plus froid. Le vent est orienté au Nord. Enfin une accalmie dans cette période pluvieuse.

Déjà, samedi alors que Jean-Michel et moi remplissions le pressoir, nous avait les commentaires de mon beau-père, excité par les vols de palombes qui passaient sans discontinuer ; « des pleins ciels » selon l’expression consacrée.

Aujourd’hui c’est au tour des oies de nous saluer de leur cries rauques. Elles, on peut les entendre bien avant de les voir !

J’ai pu faire en hâte un mauvais cliché pour immortaliser le moment.

Il n’est pas rare de voir passer des migrateurs mais c’est toujours un spectacle extraordinaire et qui nous rappelle la beauté et la complexité du monde.

Notre technologie du 21ème siècle nous permet maintenant de connaitre notre itinéraire pour aller d’un point à un autre avec les GPS. C’est un outil formidable même si parfois on se demande pourquoi la machine nous fait faire des zigzags plutôt que des lignes droites.

Pourtant, sans technologie et sans polluer l’espace de débris divers et variés, les animaux migrateurs connaissent leur chemin depuis des milliers d’années, dans un rituel immuable.


Ils savent aussi quand il faut partir en fonction du temps qui va changer.

Belle leçon d’humilité pour nous pauvre humains qui ne savons pas encore prévoir un tremblement de terre avant qu’il ne se déclenche !

Passage des oies
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11 novembre 2013 1 11 /11 /novembre /2013 17:55

On peut maintenant dire que les vinifications 2013 ont franchi un dernier pas significatif : la dernière cuve a été décuvée.

Il s’agissait de la cuve de Petit-Verdot. C’était aussi une petite cuve.

Ce cépage a un caractère très particulier qui lui fait aimer les conditions que les autres n’apprécient pas ; c’est aussi vrai pour les sols que pour les conditions climatiques.

C’est lui et c’est pour ça qu’on l’aime !


Donc, dans ce millésime très atypique, il convenait de ne pas bâcler sa vinification. C’est sûrement le cépage qui m’aura demandé le plus d’attention cette année. Petite cuve, certes mais maxi concentration et exigence maximale.

Les extractions ont été faites en délicatesse. C’est-à-dire qu’on était au-delà de la douceur. Il fallait, avec doigté faire évoluer les extractions avec un suivi très précis ; plusieurs fois par jour.
La couleur n’est jamais un problème avec le Petit-Verdot donc le vin a très vite été noir !

Le challenge était de donner du milieu de bouche plein tout en conservant une finale aux tanins harmonieux. L’acidité toujours présente dans ce cépage et plus importante que d’habitude consistait l’élément majeur de l’équilibre parfait à négocier.

En complément des extractions, j’ai aussi joué sur la température de macération.

J’ai baissé la température en donnant du temps au vin pour se faire avec cette harmonie que je souhaitais.

Enfin, après un peu plus d’un mois de macération sous marc, je pense avoir obtenu le résultat souhaité.

Le temps était donc venu d’écouler le vin nouveau et de décuver.

Comme la cuve était petite, c’est tout naturellement moi la personne proposée pour le poste de décuveur.

Jean-Michel n’aurait pu y entrer que très difficilement. Il était donc à la hotte pour convoyer la vendange jusqu’au pressoir.

J’ai donc pris la fourche et c’est avec un certain plaisir que j’ai manipulé une dernière fois ces raisins de l’année. Ils étaient beaux et parfaits en raisins frais, le marc était lui-aussi magnifique et m’a vraiment procuré de la fierté et de la joie du parent comblé.

Fin des écoulages

Puis ce fut le pressurage et le traditionnel nettoyage final du pressoir. Je suis persuadée d’être la seule à pouvoir faire ce travail avec perfection.


Enfin, on a remis la poignée pour diriger le pressoir dans ses mouvements et aidés par notre fille Laure, on a repoussé cette machine dans le garage jusqu’à l’année prochaine.

Il a ainsi rejoint le reste des machines de réception de vendange.

Il n’y a donc plus que du liquide dans le chai.

Une page se tourne mais rien n’est jamais terminé. La prochaine étape sera les fermentations malolactiques, puis les soutirages,…

Il ne faut pas oublier que dans la vigne, on a déjà tourné la page car c’est déjà le millésime 2014 qui est en préparation.

C’est la grande roue du temps qui tourne !!!

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8 novembre 2013 5 08 /11 /novembre /2013 17:07

Les mouvements de contestation fleurissent à la faveur des reculades récentes du gouvernement.

Après les dindons, les bonnets rouges, tous les animaux de la basse-cour et toutes les couleurs de l’arc en ciel vont y passer. Celui qui choisit un symbole pour son action doit bien prendre garde qu’il ne soit pas déjà utilisé par ailleurs.

Je pense qu’il serait temps de créer mon propre mouvement contre les incohérences de la MSA, notre sécu agricole. C’est de très loin l’administration la moins efficace.

Un problème avec les douanes ou une erreur signalée par moi, même s’ils sont de mon fait, sont réparés sur l’heure.

Avec la MSA, rien de tout cela !

Leurs erreurs de leur part sont nombreuses, voire presque permanentes.

La dernière en date, c’est l’appel de cotisation pour mon salarié où le montant dépasse celui du salaire !

Quelques jours avant, c’était le cas d’un vendangeur, déclaré comme les autres en contrat vendanges et dont les documents de déclaration ont été considéré hors délais et reçus par la poste alors que faxés en temps et heures.... Bilan pour moi, à payer les cotisations plein tarif !

Et quand on signale une erreur, il faut d’abord payer quand même. Puis ensuite, on peut demander un « arbitrage amiable ».

Je me suis déjà humiliée à cette pratique dans le passé, ne voulant pas entrer en conflit direct avec ces gens.

Mais, là j’ai pris l’option d’appeler « le médiateur » nommé pour gérer les relations entre les agriculteurs et la MSA.

Il m’a été gentiment avoué qu’il est préférable de ne pas communiquer par courrier car son ouverture étant sous-traitée, il est fréquent que des lettres se perdent ! Et donc, en toute logique, au lieu de fiabiliser cette étape cruciale, on envoie une lettre menaçante au « contrevenant », dont la seule erreur est d’avoir envoyé une lettre perdue à la MSA, en lui rappelant ses devoirs et les sanctions qui pèsent sur lui en cas de manquement !


J’ai alors demandé à mon interlocuteur dans quel camp se situe cette administration. Est-elle là pour couler les entreprises agricoles ? Pourquoi ne peut-elle pas être considérée comme un partenaire, même si son rôle est de collecter des cotisations sociales ?

Les douanes surveillent mon activité et prélèvent mon argent mais c’est la loi et je l’accepte ainsi.
Mais les douanes représentent un maillon de mon activité et je sais que ce maillon n’est pas le point faible du système qui pourrait le mettre à terre.

Avec la MSA, c’est le contraire.
J’en arrive au point d’avoir envie de tout envoyer balader, d’arrêter et d’attendre la bouche ouverte comme le font de nombreuses personnes.

Et encore, mon activité marche bien et je n’ai pas de problème de trésorerie.
Mais que doivent penser ceux qui ont la tête tout juste hors de l’eau et dont le moindre incident leur fait boire la tasse ?

Je suis persuadée qu’eux-aussi finissent par rêver du Grand Soir !

Malheureusement un Grand Soir, on sait quand ça commence, mais on ne sait jamais comment et quand ça finit et surtout combien de drames humains cela va générer…

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4 novembre 2013 1 04 /11 /novembre /2013 13:30

On vient de pouvoir commencer les labours d’automne. Cette année n’aura pas été la plus facile pour cela. Après tout le reste du millésime, c’est maintenant le travail du sol qui s’avère être délicat à effectuer.

Une petite pluie de quelques gouttes est très difficile à oublier à cette saison ; même si à quelques centimètres sous la surface, la terre est parfaitement à la bonne humidité.

Après un essai infructueux avec le tracteur à pneus, on a repris le tracteur à chenilles qui lui passe et tracte sans dommage pour le sol. C’est tout juste si on voit qu’il est passé.

On a ressorti la charrue vigneronne dont je vante les qualités tous les ans et même deux fois par an car c’est la même qui sert au printemps et à l’automne, juste en changeant les réglages.

Elle a bien 50 ans et n’est toujours pas « has been ». On trouve toujours les pièces de rechange et les pièces d’usure. Comme quoi, les bonnes choses durent et franchissent le temps.

C’est vraiment un moment exceptionnel et spécial de suivre la charrue quand elle ouvre le sol.
J’ai toujours l’impression de participer au grand cycle du vivant.

Les labours entre les averses

D’ailleurs, en parlant de vivant, on ne compte plus les lombrics qui pointent le bout de leur nez en se demandant ce qui se passe. Puis, très vite ils redisparaissent en repartant à leur activité de labeur.

Chaque fois que je vois un ver de terre derrière la charrue, je pense aux écolos de la dernière heure qui voudraient interdire tout labour histoire de sauvegarder les vers de terre. Ce sont les mêmes qui souhaitent la disparition de vaches, coupables selon eux par leurs pets de produire des gaz à effet de serre.

Quand on sait qu’il y a environ 2 tonnes de vers de terre par ha dans un sol vivant, on peut penser qu’il n’est pas très grave d’en guillotiner quelques-uns tous les ans. L’activité qu’on stimule dans les sols permet de les faire prospérer.

C’est la même chose pour le cuivre dont on nous rabat les oreilles et qui est supposé porter à lui seul toute la misère du monde. Dans une année difficile comme celle que nous venons de vivre, on a consommé 2 kg de cuivre métal soit 3 fois moins que le seuil autorisé. L’an dernier, autre année compliquée, on était dans les mêmes eaux. Cela prouve qu’on peut être en bio, produire du vin tous les ans et utiliser peu de cuivre.

Il me semble même que plus le temps passe, plus il y a de vers de terre dans mes vignes.

J’en ai vu un qui devait mesurer 30 cm ; un vrai monstre.

Les labours entre les averses
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le blog de Corinne Comme

En créant ce blog,  je souhaite faire partager une certaine approche de notre métier de vigneron afin de réhabiliter le mot « paysan ». Au-delà de son rôle dans la production de denrées alimentaires, il doit aussi être le gardien d’un savoir ancestral et faire le lien entre la nature, les animaux et l’humanité. Il est l’observateur et le garant des grands équilibres de la vie. C’est une tache prenante et passionnante qui s’accompagne de joies, de peines et de moments de doutes.

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