Comme je l’avais annoncé, je suis allé au Maroc pendant quelques jours et j’en suis revenu…malgré les grèves d’Air-France et les menaces d’annulations de vols.
La motivation de mon importateur, le groupe Ebertec, était de présenter à Casablanca tous les vins importés par ses soins. Pour le
pays, il semble que c’était une première. Nous étions une cinquantaine de producteurs réunis sous un même toit.
Malgré les menaces de religieux opposés à la consommation d’alcool, la manifestation a pu avoir lieu.
Les premiers jours, les visiteurs étaient surtout des restaurateurs. Par contre le dernier jour, les personnes étaient des particuliers, amateurs locaux ou simples curieux soucieux de découvrir le vin.
Ils représentent la face « positive » de ce pays. Ces habitants ont de belles maisons et de belles voitures. Ils consomment et vivent à l’occidentale.
A l’opposé, il y a l’autre aspect du Maroc. Il est symbolisé par les mulets croisés dans la rue qui transportent des marchandises pour une population pauvre, qui vit dans des taudis et dont les femmes sont surtout voilées.
La coexistence de ces deux mondes entretient en moi un sentiment de malaise.
Cependant, nous avons été accueillis avec le sourire par des gens aux petits soins pour nous.
La dernière journée fut l’occasion de visiter les vignobles de mon importateur.
J’avais déjà eu l’occasion de déguster la gamme lors du dernier Vinexpo à Bordeaux. Cette fois-ci, j’ai été impressionnée par les vins de Syrah.
C’est une fois de plus la preuve qu’un cépage de région chaude est le plus adapté à un climat chaud.
Un repas couscous-méchoui a conclu cette journée dans un cadre idyllique.
La consommation d’alcool est interdite mais elle représente aussi une source non négligeable de taxes pour l’état. Mais bien avant le vin, ce sont surtout la bière et les alcools forts qui ont les faveurs de la population.
La dégustation du vin en est encore au stade de la préhistoire pour une majorité.
Une poignée de gens très motivés et passionnés tente de mettre en place des cours de dégustation pour faire découvrir le vin.
Alors les restaurants proposent des mets raffinés et riches en saveurs, les cartes des vins restent d’une tristesse déconcertante.
Les interdits religieux ne briseront-ils pas cet élan de connaissance du vin ?
Je ne l’espère pas et je souhaite à tous les acteurs locaux une bonne chance.
Comme j’en avais fait le projet, j’ai pu prélever quelques grammes de cette terre rouge chère à mon père et que je déposerai sur sa tombe dans quelques jours.
Ce ne fut pas un moment facile pour moi et la présence d’une nouvelle amie marocaine m’a été très utile pour trouver la ressource nécessaire à la réalisation de ce geste symbolique.
Je ne pensais pas que de présence de terre dans ma main provoquerait autant de frissons et de larmes dans mon corps.
Maintenant que je suis rentrée sous la pluie de novembre pour traiter des factures en attente, je mesure la chance qui a été la mienne d’être reçue avec tant de chaleur sous le soleil marocain.