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8 juin 2012 5 08 /06 /juin /2012 18:35

 Moi Président de la République, je supprimerai l’obligation faite aux agriculteurs de passer au GNR, nouveau « gazole non routier ».

Parmi la longue litanie d’engagements du candidat devenu Président, j’aurai bien aimé entendre ces mots. Mais ne rêvons pas, nos Présidents successifs ne doivent même pas savoir que les tracteurs roulent au Fioul.

 

Consommant peu de carburant avec les tracteurs, je suis toujours sur les stocks de fioul de l’an dernier. Mais je dois sérieusement m’occuper de trouver une solution pour m’adapter aux nouvelles contraintes.

 

Sur le papier et de très loin, le changement de carburant est une bonne mesure pour l’environnement. Mais en se rapprochant un peu, on se rend vite compte que les motivations et les arguments à cette mutation ne sont pas aussi clairs que prévu. Les vrais raisons de ce passage au GNR ne sont pas très avouables.

 

C’est en général ce qui se passe quand les pouvoirs publics s’intéressent à l’environnement. On part d’une situation donnée qui est ce qu’elle est. On décrète une solution de remplacement, jugée plus écologique.

 

Mais comme cette dernière se révèle être impossible à mettre en pratique car on n’avait pas pensé à tout dans les services concernés, on trouve toute une série d’adaptations qui au final, rendent l’amélioration pire que la situation du début ; et souvent plus chère.

 

Le GNR en est une illustration parfaite.

Il faut tout d’abord changer la cuve à carburant. La mienne va très bien mais son nettoyage pour recevoir le nouveau liquide coûte bien plus cher qu’une cuve neuve.

Ma cuve va aller à la ferraille alors qu’elle aurait pu durer encore très longtemps.

 

Ensuite, il faut vidanger chaque engin et changer les filtres ; même s’ils sont neufs.

 

Il y a un GNR d’été et un GNR d’hiver. Que faire si la cuve n’est pas vide avant l’hiver ? Faut-il faire tourner les engins dans la cour, simplement pour consommer du carburant et vider la cuve comme certains services de l’état savent le faire pour conserver les mêmes allocations l’année suivante ? Faut-il prendre le risque de casser un moteur pour avoir voulu économiser du carburant ?

 

Le pire dans tout cela, c’est qu’on ne s’est jamais demandé s’il n’était pas plus logique de réduire la consommation de carburant en évitant les débauches de puissance et en retrouvant un bon sens de base.

L’agriculture ne nourrit plus ceux qui  la servent. C’était peut-être le moment de se poser la bonne question, à savoir : le modèle en vigueur est-il encore viable et n’y a-t-il pas une autre voie ?

 

Et bien,

Moi petite viticultrice, j’en ai marre de toutes ces contraintes idiotes.

Moi petite viticultrice, j’en ai marre de toutes ces règlementations contre-productives.

Moi petite viticultrice, j’en ai marre de financer par mes impôts des gens qui n’ont aucune idée.

Moi petite viticultrice, j’en ai marre tout court !

 

 

 

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23 mai 2012 3 23 /05 /mai /2012 08:22

 Notre pays s’est doté d’un « Ministre du Redressement Productif » ! La belle affaire, il n’y a que les politiques qui puissent avoir de telles idées.

 

Un tel nom m’a fait penser à des passages du film Le Petit Monde de Don Camillo.

Souvenez-vous de Don Camillo voulant créer sa « Cité Jardin » en opposition à Peppone qui bâtissait sa « Maison du Peuple ».

Je pense qu’on n’en est pas loin…

Il témoigne d’une étrange naïveté qui ferait presque sourire si on en oubliait les drames humains qu’elle sous-entend.

 

Comment peut-on espérer réindustrialiser la France quand on n’a pas prévu de changer quoi que ce soit aux raisons qui ont conduit à cette situation ?

 

Moi qui suis une lilliputienne employeur de main d’œuvre, je sais combien il est difficile, cher et souvent déconcertant d’embaucher du personnel.

 

Les contraintes, de difficulté, coût, (…) n’étant pas prévues d’être diminuées, bien au contraire, on se demande bien comment on pourrait voir la tendance de la désindustrialisation du pays s’inverser.


En y réfléchissant, il existe une autre solution. Là encore, c’est dans notre patrimoine culturel qu’il faut chercher.

C’est la chanson de Brassens, Le Mécréant, qui dit :

 

Mettez-vous à genou, priez et implorez

Faites semblant de croire, et bientôt vous croirez

 

Finalement, le plus dur pour redresser la France, c’était de trouver le nom du Ministère…

 

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11 avril 2012 3 11 /04 /avril /2012 09:47

 

Il y a longtemps maintenant, je fêtais Pâques avec mes parents. C’était l’occasion d’aller aussi à la messe car ma maman était très croyante et assez pratiquante.

 

Puis, est arrivé le moment où, j’ai commencé à échanger le repas de Pâques avec Jean-Michel et sa famille.

 

Ensuite, il y a eu l’arrivée des enfants qui ont donné un air de jeunesse et des préoccupations nouvelles aux repas de famille en présence de grands-parents et même d’arrière grands-parents.

 

Progressivement, le nombre de génération s’est réduit alors que les enfants grandissaient.

 

Alors, les repas de famille sont surtout devenus des repas de la famille, c'est-à-dire des parents entourés de leurs enfants.

 

Puis, comme un nouveau commencement, nous avons vu arriver une nouvelle tête, Chloé, qui s’est glissée dans ce cocon originel. Elle n’était pas tout à fait nouvelle car on l’avait déjà vue petite fille, lors d’anniversaires.

Mais maintenant, elle est revenue avec un nouveau statut…

 

Et maintenant, on se met à fêter Pâques avec la famille de Chloé. Là aussi, il ne s’agit pas d’inconnus pour nous. Mais nos relations ont de fait changé là-aussi de statut. Ils sont passés d’amis à presque parents de notre fils.

 

Le repas était organisé autour de deux poulets cuits à la broche au feu de bois.

 poulets.jpg

Les vins servis étaient un équilibre entre Jean-Michel et moi.

N’ayant plus de liquoreux, je me mets à faire la promotion d’un très connu qui m’est cher.

 

climens.jpg

Ensuite, évidemment il y a eu le Vin Passion 2011 sur terrine de poisson aux poireaux.

 

vp.jpg

Pour les poulets, Jean-Michel avait prévu du Pontet-Canet 2004 et du Pontet-Canet 2000.

 

Enfin, sur le plateau de fromages de nos amis producteurs Van der Horst, deux autres vins.

 pc95.jpg

Il y avait tout naturellement un Pontet-Canet 1995. Mais, recevant des vignerons, Jean-Michel avait ouvert un vin californien de l’endroit où il avait fait un stage durant ses études et qui reste toujours un peu dans le cœur de ce grand sentimental.

C’était un Pine-Ridge Stag’s Leap Cabernent Sauvignon 1983. D’une qualité surprenante malgré ses presque trente ans.

pine.jpg 

Après le café, les amateurs ont pu déguster un Cognac Tesseron lot 29.

 

Bons amis, bonne nourriture et bons vins ; rien de mieux pour passer un bon moment sans penser aux tracas du quotidien et à une campagne électorale qui n’offre pas de perspective positive pour le pays.

 

Il ne me manquait que ma fille, prisonnière des brumes suédoises. Elle a passé Pâques, loin de chez elle mais surtout sous 5 cm de neige tombée la journée précédente. Quel pays étrange !!

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2 avril 2012 1 02 /04 /avril /2012 07:51

Il y a quelques jours, je protestais une fois de plus contre le nouveau prélèvement de mes vins dans la cadre de l’agrément, nouveau modèle.

Lorsque le préleveur est passé pour le Grand-Vin rouge 2010, quelques jours après la mise en bouteilles, environ 90% des bouteilles avaient déjà été expédiées chez les clients. 

 

Le reste étant réservé, pour un peu, il aurait trouvé des casiers vides.

 

Cette anecdote fut pour moi une satisfaction simple et gratuite ; comme un enfant qui rit seul de sa blague.

 

Mes répartitions entre clients se font à la bouteille près pour tenter de contenter le plus de monde possible. La perte de 3 bouteilles parties pour contrôle et 3 bouteilles bloquées au chai risquent de se retrouver à la fin.

Déjà que je ne peux plus guère faire déguster ce vin pour économiser des bouteilles…

 

Ce qui m’impressionne toujours c’est de voir que l’on s’intéresse à l’arbre en bonne santé tout en oubliant la forêt vérolée qui est juste derrière.

En pensant à tout cela, j’ai justement pris en photo quelques ceps de vigne non loin de chez moi.

 

SAUVIGNON-MR.jpg

Les connaisseurs seront de quoi je parle.

Pour les autres, il faut juste retenir qu’un système comme le nôtre nivelle par le bas en tirant par le pied celui qui fait mine de partir devant et en tolérant l’intolérable par souci politique, par manque de volonté ou de vision.

 

Par manque d’amour de la vigne avant tout.

                                                                                                           

 

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30 mars 2012 5 30 /03 /mars /2012 10:12

 

Je reçois un message d’amis-clients bretons et je ne résiste pas à l’envie de vous faire partager ma satisfaction et ma fierté en lisant ces lignes.

 

Il dit cela :

 

« Nous ouvrons notre première bouteille du vin passion 2011: nous sommes sous le charme et on s’empresse de vous le dire entre 2 gorgées ; nos clients vont se régaler cet été... Bises à vous ».

 

C’est simple, direct et tellement réconfortant.

 

Deux lignes qui rendent une journée plus légère…

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28 mars 2012 3 28 /03 /mars /2012 09:29

Avec l’approche du printemps on a eu les grues fendant le ciel de leur vol majestueux et de leurs cris stridents.

Mais maintenant,  peut-être à cause du réchauffement climatique, il faut compter sur les migrations de chevaux de trait.

 

A l’approche de la campagne primeur dans les grands crus, ils envahissent la campagne Bordelaise.

 

Est-ce une façon de donner une image nature à la propriété qui les fait venir ? Est-ce pour sauver les sols malmenés dans cette semaine capitale pour les affaires ?

Est-ce pour dérouiller la charrue sortie du 19ème siècle et qui attendait sagement dans un hangar depuis l’an dernier ?

 

Nul ne peut répondre à ces questions complexes. C’est un peu comme pour la migration des pibales, il y a encore de nombreuses zones d’ombre.

 

Heureusement, avec la dizaine de rangs travaillés au cheval pendant une semaine, le bilan carbone de la planète va s’en trouver fortement amélioré.

Bien-sûr, il ne faudra pas tenir compte des moteurs des camions qui ont transporté les animaux jusqu’à la parcelle de grand cru en venant parfois de départements voisins ; souvent pour une heure ou deux de « travail ».

 

Heureusement, en matière de respect de l’environnement, chez ses gens là, rien n’est impossible. Il suffit de faire un SME ou autre glandouillerie intellectuelle du même genre et on enlève la ligne qui dérange. Toujours pareil, il faut bien garder la main sur le cœur en disant qu’ « on ne pouvait pas faire autrement ».

Ainsi, à la fin il n’y a que du positif. Et on se félicite du chemin parcouru.

 

J’espère cependant une chose : qu’aucun chasseur n’ait l’idée de tirer sur un de ces vols de chevaux ; parce que quand un Percheron tombe du ciel, il vaut mieux ne pas être dessous !!!

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19 mars 2012 1 19 /03 /mars /2012 15:27

A ma façon, je commémore l’indépendance de l’Algérie en pensant à mon papa qui a vu son monde s’effondrer autour de lui, il y a cinquante ans.  Née dans ce pays que je ne connais pas en 1965, je n’ai pas vraiment refermé la plaie de l’histoire et plus le temps passe, plus ce manque de racines me pèse.

 

Un demi-siècle est passé depuis et les commentaires des uns et des autres sont nombreux, parfois même déplacés, pour donner un éclairage plus ou moins partisan aux « évènements ».

 

Mon sentiment aujourd’hui est que la France, terre d’accueil, a accepté depuis ce demi-siècle et de tous les horizons des millions de personnes.

Pourtant, beaucoup de ces gens attirés par le niveau de vie de notre pays, n’avaient rien fait pour elle ; certains même, la détestent ouvertement et profitent de notre liberté de parole pour le dire.

 

Pourtant, il y a cinquante ans, lors de l’indépendance de l’Algérie, notre pays a abandonné à un sort terrible les Harkis qui avaient choisi la France.

 

A la lumière de l’histoire, on peut dire que ces gens là s’étaient trompés de camp.

Mais notre pays leur devait assistance et protection. Ceux qui ont échappé à une mort certaine et ont pu gagner la France, ont connu l’humiliation des camps dans des conditions à mi chemin entre la prison et la caserne militaire.

 

Autre temps, autre époque pourrait-on rétorquer.

Oui mais, depuis cinquante ans aucun gouvernement n’a accepté de leur témoigner une quelconque excuse ou compassion sincère et durable.


Ils sont pour le coup, les grands oubliés d’une histoire qui s’est écrite pour eux avec des lettres dont le sang était teinté d’encore plus d’amertume que pour les rapatriés « français de souche ».

 

J’ai honte de ce que mon pays a fait subir à ces gens, fidèles parmi les fidèles à un drapeau qui n’était pas le leur.

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16 mars 2012 5 16 /03 /mars /2012 12:04

 

Mes vins sont pour la n-ième fois d’être prélevés pour l’agrément de mes dernières mises en bouteilles. L’an dernier déjà, j’avais fait un message sur le même sujet.

Théoriquement, on doit être prélevé en moyenne, une fois tous les cinq ans.

Pour moi, c’est tout les ans !!!

 

Je n’ai pas l’intention de me venger sur le préleveur qui est gentil et ne fait que son métier. Mais je m’interroge quand même.

 

Le logo AB qui orne mes bouteilles ne focalise-t-il pas l’attention des personnes chargées de la sélection des prélèvements ?

 

Suis-je la seule à vendre du vin au point d’être la cible du système d’agrément tous les ans et sur le même millésime? Je ne le pense pas.

 

Autour de nous, beaucoup de propriétés sont officiellement à vendre. Bon nombre des autres continuent tant bien que mal leur activité par habitude et surtout en ayant perdu tout espoir de pouvoir leur trouver un repreneur.


Et bien dans ce contexte particulièrement noir, c’est le domaine qui vend bien son vin qui doit justifier une fois encore du niveau de qualité des vins mis sur le marché. Lors du dernier contrôle, après la mise en bouteille du second vin, le Petit-Champ2010, j’ai obtenu la note A, c'est-à-dire la meilleure appréciation.

 

Cela justifie-t-il de me contrôler de nouveau, pour le Grand-Vin ?

A moins que les dégustateurs préfèrent se faire plaisir avec de bons vins ; plutôt que tous ces vins issus de vignes hautes et larges, sans structure, relief ou personnalité et qui représentent la majorité du marché…


A méditer…

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12 mars 2012 1 12 /03 /mars /2012 11:11

Comme beaucoup, j’ai revu ce week-end les terribles images du tsunami de mars 2011 au Japon.

Je sais que c’est vrai, mais je n’arrive toujours pas à me dire que c’est vrai.

 

Je suis toujours aussi admirative du peuple japonais qui tout en pleurant une quantité effrayante de morts s’est mis à déblayer, nettoyer et reconstruire pour bâtir un nouvel avenir à des endroits où rien ne reste debout.

 

En voyant la détermination de ce peuple, je pense à une phrase d’un éditorialiste, lue récemment dans la presse et qui disait à quelque chose près ceci : au lieu de se demander ce qu’il peut faire pour le pays, le français se demande ce que le pays peut faire pour lui.

 

Et bien, pour les japonais, c’est le contraire.

Ils grattent et trient des millions de tonnes de débris à la main. Ils économisent drastiquement l’électricité quand on leur demande. Et tant d’autres sacrifices. Et personne ne se plaint.

 

Je pense même que beaucoup ont le sentiment de ne pas en faire assez en mémoire de tous ceux qui n’ont pas eu la chance de s’en sortir ce terrible jour.

 

Belle leçon de civilisation… 

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9 mars 2012 5 09 /03 /mars /2012 15:41

 

Je viens d’avoir un appel d’un amateur et je ne résiste pas à l’envie de le dire.

Le Monsieur était chez sa sœur et ils buvaient une bouteille de vin en discutant. La dame peu connaisseuse en vin, elle achète son vin chez un caviste sans savoir ce qu’elle achète.

N’ayant pas l’habitude de vins particuliers chez sa sœur, le Monsieur en question discutait sans vriament prêter attention à ce qu’il buvait.

 

Puis, tout à coup, il s’est rendu compte que ce vin avait autre chose, une profondeur, un équilibre qui méritait l’attention.

Il a gardé le nom du vin, a fait des recherches sur internet et m’a téléphoné. Car le vin en question était un Champ des Treilles, un Petit-Champ.

 

Nous avons discuté de qui nous sommes, de notre travail et de nos relations vis-à vis de la vigne.

Et j’ai passé un bon moment.

 

Tous les goûts sont dans la nature car Jean-Michel, après avoir eu 100/100 avec Parker, n’arrive pas à s’extasier sur un résultat qui frise la perfection en « n’oubliant pas que l’essentiel reste encore à faire dans la voie de la qualité et de la compréhension de la vigne ».

 

Et bien moi, je suis très contente et très fière d’avoir un tel coup de fil. Cela montre qu’un vin produit avec sérieux, respect de la vigne peut engendrer une émotion chez un consommateur.

 

On touche là au but ultime de notre travail, donner un instant particulier à une personne que l’on ne connait pas mais qui va, à travers cette boisson magique qu’est le vin, ressentir un terroir, un travail,  une  philosophie.

 

Si ce Monsieur me lit, je le remercie de son geste. Il m’a rendu le cœur léger en donnant encore plus envie de continuer !

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le blog de Corinne Comme

En créant ce blog,  je souhaite faire partager une certaine approche de notre métier de vigneron afin de réhabiliter le mot « paysan ». Au-delà de son rôle dans la production de denrées alimentaires, il doit aussi être le gardien d’un savoir ancestral et faire le lien entre la nature, les animaux et l’humanité. Il est l’observateur et le garant des grands équilibres de la vie. C’est une tache prenante et passionnante qui s’accompagne de joies, de peines et de moments de doutes.

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