Moi Président de la République, je supprimerai l’obligation faite aux agriculteurs de passer au GNR, nouveau « gazole non routier ».
Parmi la longue litanie d’engagements du candidat devenu Président, j’aurai bien aimé entendre ces mots. Mais ne rêvons pas, nos Présidents successifs ne doivent même pas savoir que les tracteurs roulent au Fioul.
Consommant peu de carburant avec les tracteurs, je suis toujours sur les stocks de fioul de l’an dernier. Mais je dois sérieusement m’occuper de trouver une solution pour m’adapter aux nouvelles contraintes.
Sur le papier et de très loin, le changement de carburant est une bonne mesure pour l’environnement. Mais en se rapprochant un peu, on se rend vite compte que les motivations et les arguments à cette mutation ne sont pas aussi clairs que prévu. Les vrais raisons de ce passage au GNR ne sont pas très avouables.
C’est en général ce qui se passe quand les pouvoirs publics s’intéressent à l’environnement. On part d’une situation donnée qui est ce qu’elle est. On décrète une solution de remplacement, jugée plus écologique.
Mais comme cette dernière se révèle être impossible à mettre en pratique car on n’avait pas pensé à tout dans les services concernés, on trouve toute une série d’adaptations qui au final, rendent l’amélioration pire que la situation du début ; et souvent plus chère.
Le GNR en est une illustration parfaite.
Il faut tout d’abord changer la cuve à carburant. La mienne va très bien mais son nettoyage pour recevoir le nouveau liquide coûte bien plus cher qu’une cuve neuve.
Ma cuve va aller à la ferraille alors qu’elle aurait pu durer encore très longtemps.
Ensuite, il faut vidanger chaque engin et changer les filtres ; même s’ils sont neufs.
Il y a un GNR d’été et un GNR d’hiver. Que faire si la cuve n’est pas vide avant l’hiver ? Faut-il faire tourner les engins dans la cour, simplement pour consommer du carburant et vider la cuve comme certains services de l’état savent le faire pour conserver les mêmes allocations l’année suivante ? Faut-il prendre le risque de casser un moteur pour avoir voulu économiser du carburant ?
Le pire dans tout cela, c’est qu’on ne s’est jamais demandé s’il n’était pas plus logique de réduire la consommation de carburant en évitant les débauches de puissance et en retrouvant un bon sens de base.
L’agriculture ne nourrit plus ceux qui la servent. C’était peut-être le moment de se poser la bonne question, à savoir : le modèle en vigueur est-il encore viable et n’y a-t-il pas une autre voie ?
Et bien,
Moi petite viticultrice, j’en ai marre de toutes ces contraintes idiotes.
Moi petite viticultrice, j’en ai marre de toutes ces règlementations contre-productives.
Moi petite viticultrice, j’en ai marre de financer par mes impôts des gens qui n’ont aucune idée.
Moi petite viticultrice, j’en ai marre tout court !