Avec la montée en puissance de la notoriété du « bio » chez les consommateurs, il est devenu de bon ton de montrer qu’on en
est ; que ce soit véritablement ou pas.
Me sentant impliquée par ce sujet, j’écoute autour de moi tout ce qui se dit et parfois, c’est surprenant.
Tout d’abord, pour bien cadrer le débat, pour le moment, la seule façon d’être « en bio » est d’avoir la totalité de sa
culture en bio et d’être contrôlé par un organisme habilité qui vérifie que l’on respecte bien le cahier des charges défini au niveau européen, voire français.
Cependant, il existe différentes catégories de personnes.
Il y a d’abord les « bios non certifiés ». Ceux là, communiquent sur le bio mais n’en acceptent pas les règles, ne serait-ce
que le contrôle pouvant prouver qu’ils sont bien en bio.
Différentes raisons sont évoquées pour justifier cette attitude. La première est bien-sûr le refus du contrôle, véritable
« flicage » de notre travail. En ce qui me concerne, travaillant dans la transparence, je ne crains absolument pas la venue de la contrôleuse, que ce soit avec rendez-vous ou de façon
inopinée. Je pense que bien souvent la véritable motivation est la possibilité qui est alors conservée d’aller chercher la boite de pesticide
lorsqu’on estime que « les conditions le nécessitent ». Cela veut tout dire et rien dire mais c’est bien pratique !
Ensuite, il y a les « presque-bios ». Ceux-là font tout comme les bios,…sauf un ou deux traitements sans importance. Dans
leur esprit, le résultat est le même. Enfin, presque. Quand on en est rendu à ne plus faire qu’un seul pesticide dans l’année, je ne pense pas que ce seul produit soit d’une efficacité telle
qu’il puisse à lui seul sauver la récolte. Les pesticides, c’est comme le reste, il faut les raisonner dans leur globalité.
Enfin, il y a ceux qui font des essais bios et qui communiquent beaucoup à ce sujet.
Je pense là à tous les grands domaines prestigieux qui « testent » le bio sur de petites surfaces, souvent pendant plusieurs
années et qui n’arrivent pas à passer à de vrais surfaces, c'est-à-dire des proportions significatives de leurs vastes vignobles. Preuve que la motivation semble faire défaut à un niveau de la
hiérarchie, sinon à tous les niveaux.
Mieux vaut ça que rien, me direz-vous. Certes mais le plus cocasse c’est que certains n’ont en fait aucune idée de ce qu’est le bio.
Oui, c’est possible, même en 2010 !
Tout existe. Il y a ceux qui pensent être en bio à partir du moment où ils ont arrêté le désherbage chimique sur la parcelle
concernée. Ceux pour qui le bio commence après les désherbages chimiques et s’arrêtera avant le prochain herbicide. Ceux qui font de l’épamprage chimique, des anti-pourritures (chimiques), des
insecticides,…Voire même tout à la fois.
Bref, leur bio ne consiste qu’à avoir remplacé le fongicide anti-mildiou par de la bouillie bordelaise.
Ne pensez pas que je porte un regard acide pour autant sur ces personnes. Tout d’abord, beaucoup ne font même pas les efforts que
ceux-là ont entrepris, aussi modestes soient-ils.
Mais surtout, ils sont les victimes d’un système de pensée qui consiste à remplacer dans les programmes de traitement les pesticides
par des produits « homologués » bio mais avec la même philosophie et surtout en restant les clients des grandes firmes pharmaceutiques.
Ainsi, on banalise le terme « bio », on lui enlève sa substance pour mieux contrôler le marché et éviter que les producteurs
aient l’idée de remplacer tous ces produits du commerce par des plantes récoltées gratuitement dans la nature.
La biodynamie n’est pas en reste car là aussi, il existe de petites perles.
Après la biodynamie raisonnée, qui entérine la présence de fongicides « au cas où », on rencontre même la biodynamie sans
dynamisation. Qu’on soit pour ou contre la biodynamie, la dynamisation est un pilier de la technique. Faire de la biodynamie sans dynamiser revient à faire de l’homéopathie sans dilution ou le 18
juin sans De Gaulle ; c’est lié.
Bref, rien n’est simple.
Une chose est sûre, on n’a pas parlé de la vigne et c’est pourtant d’elle qu’il s’agit.