Parfois dans la vie, les bonnes idées peuvent cacher des réalités moins favorables.
Il y a quelques mois, l’Union Européenne a eu l’idée de donner des primes à l’investissement aux viticulteurs pour leur permettre de mieux se préparer dans une compétition mondiale qui va devenir plus dure.
Ainsi, jusqu’à 40% de certains investissements peuvent être financés par des fonds communautaires.
Le succès a été tel que le dépôt de nouveaux dossiers est bloqué jusqu’à la fin de l’année.
De loin, on peut se dire que c’est louable mais en y réfléchissant, mon point de vue devient plus nuancé.
Tout d’abord, la viticulture, comme l’agriculture en général, doit-elle être condamnée à ne vivre que de subventions et pas du fruit de son travail ?
C’est une vaste question.
Les responsabilités sont partagées entre agriculteurs et « décideurs ». Ces derniers ont orienté et conforté les premiers dans une voie sans issue.
Ensuite, concernant le montant lui-même ; jusqu’à 40% de l’investissement. Dans tous les cas, il restera toujours au moins 60% à payer par ses propres moyens.
En profitant de ce coup de pouce, certains ne vont-ils pas se laisser aller à des achats d’une rentabilité douteuse et pas forcément
nécessaires ?
Longtemps, on a dit aux agriculteurs d’investir pour devenir compétitifs. Ils ont rempli leurs bâtiments de matériel de toute sorte, de plus en plus gros. Pour simplement les rembourser, il a fallu produire de plus en plus. Ce système précaire, qui a oublié l’essentiel, s’arrête à la première difficulté car récolte ou pas, vente ou pas, il faut rembourser les emprunts.
Le pressoir neuf, qui permettra de gagner une heure de travail dans une saison ou un hectolitre d’un vin dont personne ne veut, sera-t-il à même de renforcer la compétitivité du domaine ?
Rien n’est moins sûr !
Nos élus demandent de subventions pour des projets inutiles en se disant que si on ne prend pas l’argent, quelqu’un d’autre en profitera pour un autre projet aussi peu rationnel.
J’ai donc fait comme eux.
Comme beaucoup, j’ai moi-aussi rempli mon petit dossier pour des achats de petites cuves. Qu’il soit accepté ou pas, cela ne changera pas grand-chose pour moi.
Les cuves, j’en ai besoin et je les achèterai de toute façon, une à la fois ; comme je l’ai toujours fait. Si je reçois un peu d’argent, elles me coûteront un peu moins cher.
Sinon, c’est avec la vente du vin que je pourrais les payer. La vraie logique économique !