Puisque je suis en période de « bilans », j’ai pensé dire aussi quelques mots de la commercialisation de mes vins.
Depuis le début de notre aventure, nous avons toujours privilégié les relations commerciales durables avec nos partenaires. Pour cela, nous avons systématiquement repoussé les offres alléchantes sur le moment mais qui n’étaient que des « coups ». Certes, il est toujours intéressant de faire rentrer de l’argent lorsqu’on en a vraiment besoin, en vendant par exemple une grosse quantité de bouteilles à des grandes surfaces. Mais ce n’est jamais durable. En agissant ainsi, on aurait perdu une partie de nos clients fidèles et on aurait aussi fait fuir d’éventuels nouveaux distributeurs de nos vins.
Notre mode de vie, écartelé entre Margueron et Pauillac, nous a toujours rendu la vente directe très difficile à envisager.
Les nombreux articles dans la presse nous ont souvent amenés des clients particuliers, mais ce n’était pas une vraie démarche volontaire et construite de notre part.
Progressivement, depuis plusieurs années, la part de notre production qui quitte la France ne cesse de progresser.
L’an dernier, on avait atteint un niveau impressionnant pour nous de 80% d’export. Cette année, même si les choses ne sont pas encore terminées, on pense dépasser ce seuil.
En valeur, c’est encore plus déséquilibré vers l’étranger. La France préfère donc les vins les moins chers de la gamme.
Par contre, ceux qui quittent notre pays font partie de commandes de « taille moyenne » pour nous, c'est-à-dire 2-3 palettes. C’est une très bonne chose car un bon équilibre entre la difficulté de préparer un grand nombre de toutes petites commandes et le risque de n’avoir que peu de très gros clients.
Donc, en quelques années, notre distribution est passée d’une majorité de très petites commandes pour des cavistes français à des commandes bien plus conséquentes pour quelques dizaines de revendeurs étrangers.
Les cavistes français qui suivent mes vins sont pour la plupart fidèles mais achètent souvent peu de caisses à la fois. Beaucoup sont devenus pratiquement des amis.
La distribution traditionnelle française semble subir de plein fouet la crise du pouvoir d’achat qui touche notre pays depuis quelques années. Les avis peuvent diverger quand à l’origine de la situation et les moyens à mettre en œuvre pour changer la donne. Mais une chose est sûre, la France connait une crise constante du pouvoir d’achat. Beaucoup de ceux qui achetaient une caisse de 12 sont passés à 6, les bouteilles de 20€ sont passées à 10€, les 10€ sont remplacées par des 5€,…
Mon avis est que les 35h ont contribué à ruiner le pays et que les charges sur les salaires sont prohibitives. Ainsi, les salariés en activité n’ont pas des revenus leur permettant réellement de consommer et les employeurs regardent à deux fois avant d’embaucher de nouveaux salariés.
Mais c’est un autre sujet…
Une chose est sûre néanmoins, le fait de cultiver en bio est devenu un vrai plus commercial pour les vins dans notre gamme.
Même s’il existe toujours mieux, je suis satisfaite des ventes de l’année. Je termine cet exercice sur un bilan commercial très satisfaisant, particulièrement dans un contexte peu favorable.
Le point noir récurant concerne les délais de paiement qui ont tendance à s’allonger démesurément.
Je joue de plus en plus le rôle de banquière ce qui ne me plait pas du tout ! D’ailleurs, je n’en ai ni la coiffure, ni les ongles, ni les vêtements.
Comment sera 2009 ? Personne ne le sait. On verra bien mais il ne faut pas s’attendre à de la facilité. Heureusement, les vins qui sont en élevage dans les chais, sont particulièrement bons. Je les adore.
Donc, si on ne les vend pas, on les boira !