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5 avril 2013 5 05 /04 /avril /2013 16:20

La vie de nos deux enfants a été fortement influencée par la vigne et l’implication extrême qui a été la nôtre durant les premières années de notre aventure.

Ils ont sûrement payé le prix fort dans le sacrifice qu’il a fallu consentir pour créer ce que nous avons à partir de pas grand-chose et sans argent.

Leurs vacances et leurs week-ends ont plus souvent été dans les vignes que dans des activités de loisir.

 

Aussi, à l’heure des décisions pour leur avenir, ils ont délaissé ce milieu du vin qui leur semblait si exigeant. Pour un jeune adolescent, le prix à payer pour le bonheur d’un pied de vigne ou une larme tirée de la dégustation d’une bouteille de vin ne peut pas être celui qu’on s’est imposé à nous-mêmes et à notre cocon familial.

 

Nous n’avons jamais tenté de les influencer dans leurs choix. Pour une fois, on pense avoir été de vrais parents. On était là pour aider sans influencer ; chacun devant trouver sa propre identité sans devenir un prolongement des parents dans leurs idées ou dans leur vie. Nous avons le même raisonnement avec les ceps de vigne que nous aidons dans l’expression de leur identité sans leur forcer la main pour les faire ressembler à des premiers de la classe ; même quand ils n’en ont pas le potentiel.

 

Mais, nos enfant sont un peu comme nous, la sève de la vigne coule aussi dans leurs veines. Et finalement, ils reviennent toujours au vin car c’est finalement pour eux aussi une sorte d’évidence, de seconde nature, de socle culturel.

Comme le disait Cabrel « il a fait tout le tour de la Terre, il n’a pas trouvé mieux que son vieil arbre,… »

 

Et à l’heure actuelle, on les retrouve tous les deux en stage dans des entreprises travaillant pour le milieu du vin ; une en amont de la production, une autre en aval.


Après avoir appris la dégustation très tôt puis l’avoir délaissé au profit des boissons à la mode chez les adolescents, on les revoit très souvent un verre de vin à la main ; sentant les arômes et faisant tourner le vin dans la bouche pour en apprécier la structure et la complexité.

 

Pour des parents vignerons, c’est déjà une grande satisfaction…

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27 mars 2013 3 27 /03 /mars /2013 19:22

 

Souvent, je suis amenée à parler du vivant dans cette chronique. C’est une raison de vivre avant même d’être un moyen de produire du vin.

Mais au-delà du vivant dans ses trois dimensions physiques, on peut dire qu’il existe une autre dimension que l’on pourrait appeler culturelle ou historique, ou culturo-historique. C’est la façon dont le vivant a pu être compris et comment cette compréhension a été utilisée par les hommes dans le passé pour , tout simplement mieux nourrir leurs familles ou servir des causes toutes autres.

 

Cette semaine, c’est la semaine sainte. Les liens qui existent entre les fêtes religieuses et le rythme de la nature constituent une source de connaissance fondamentale dans la compréhension du monde.

 

Pour les croyants, il est évident que les moments importants de la liturgie expliquent le fait que la nature va être influencée positivement ou négativement. Il est évident que la mort du Christ constitue une période particulièrement néfaste qui se transcrit dans la nature par exemple avec des graines qui germent mal ou pas du tout lorsqu’elles sont plantées à ce moment-là de l’année. Au contraire, la naissance de Jésus, évènement particulièrement positif et porteur d’espoir impulse à la nature un mouvement de renouveau qui se traduit par le retour à l’augmentation de la durée des jours après 6 mois de baisse consécutive. Les exemples sont nombreux.

 

Pour les non-croyants, dont je fais partie, il est préférable d’inverser les causes et les conséquences. Tout part de la nature qui connait, en fonction d’éléments plus ou moins facilement détectables, des périodes propices ou néfastes pour les cultures. Les fêtes chrétiennes, sont toujours des extrapolations d’autres rites plus anciens et pour lesquels on retrouve toujours de l’agricole à sa base.

Ainsi, le fait de faire coïncider pour la mort du Christ, la période où les graines poussent mal permet d’amplifier le caractère sacré du personnage.

De même, quel autre moment serait plus approprié pour faire naitre le « sauveur » que la période où les jours recommencent à s’allonger ?

 

Tout cela est une connaissance passionnante que nous découvrons petit à petit et qui nous permet de mieux comprendre le vivant, petit ou grand. A chaque petit pas supplémentaire dans la direction d’une vérité qui s’éloigne sans cesse elle-aussi, on a l’impression de mieux respecter la terre avec un grand « T » ou avec un petit « t ». On améliore aussi l’harmonie que nous cherchons à mettre en place dans les relations que nous entretenons avec l’ensemble de la nature ; nos vignes, le climat, le terroir.

 

Mais aussi ce que l’on appelle abusivement des « pathogènes » ou des « mauvaises herbes » et qui ne sont finalement que des maillons parmi tant d’autres de cette grande chaine de la vie.

 

 

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22 mars 2013 5 22 /03 /mars /2013 12:15

Depuis quelques années, le bilan carbone s’est invité dans de nombreux débats et aussi dans beaucoup de plans de communication.

J’ai souvent dénoncé le caractère partiel ou orienté des arguments et des calculs mis en avant pour montrer le caractère vertueux de telle ou telle approche.

 

Je serais drôlement perturbée dans ma tête de nier l’action négative des activités humaines sur la planète alors que dans le même temps, je cultive mes vignes en biodynamie ; justement avec l’idée de minimiser au maximum l’empreinte de mon travail sur la nature et le vivant en particulier.

 

Mais effectivement, on a choisi des têtes de turc, mauvais élèves du bilan carbone pour culpabiliser telle ou telle pratique. Par exemple, le nombre plus important de passages de tracteur dans les vignes en bio et donc la consommation plus importante de carburant, permettent de justifier l’utilisation de pesticides cancérigènes mutagènes et autres joyeusetés du même genre.

 

On montre du doigt les bouteilles lourdes pour leur coût énergétique de fabrication et la surconsommation en carburant pour les transporter.
Evidemment, il y a eu des campagnes contre le tout-camion dans le transport des marchandises.

 

Tous ces arguments et d’autres aussi, sont parfaitement recevables et méritent qu’on s’y penche par respect pour la planète, pour les populations qu’on prive de leurs ressources naturelles au nom de la surconsommation et aussi pour les générations futures.

 

Par contre, là où les raisonnements sont malhonnêtes ou partiels, c’est quand on oublie de compter les dépenses énergétiques qui participent à notre confort ou nos loisirs.

 

La consommation moyenne d’un avion de ligne est de 4 litres pour 100 km par passager.

Ce qui fait qu’un vol aller-retour vers Pékin va générer la disparition de 800 litres de carburant par passager.

Avec un tel volume de gazole, un camion de 25 tonnes de fret pourra parcourir plus de 2000 km.

Dit comme cela, on fixe mieux les choses.

Pour aller se faire bronzer à l’ile Maurice depuis la France, il faut là-aussi compter 800 litres de carburant par « bronzeur ».

Par contre, si on choisit les plages de Tahiti, c’est 1500 litres qui seront engloutis par personne !


Si on compte tous les avions qui transportent dans le monde entier, ne serait-ce que des touristes dont le seul but est le loisir, on peut mettre en parallèle l’impact du passage supplémentaire du tracteur ou l’influence de la bouteille un peu plus lourde que la bouteille la plus moche de la gamme.

 

J’ai toujours en tête le Mondial de football au Qatar dans quelques années. Personne ne trouvera à redire d’y envoyer des centaines d’avions de toutes les parties du monde uniquement pour assister à des matchs dans des stades climatisés.

 

Récemment, on m’a raconté l’histoire d’une personne qui fait du covoiturage pour économiser du carburant (et de l’argent) pour aller au travail.

Puis la même personne est partie bronzer sur les plages brésiliennes. Ce seul voyage a représenté l’équivalent de plusieurs années d’économies de carburant par le covoiturage.

 

On pourrait parler des bateaux à moteurs qui engloutissent allègrement 30 ou 50 litres d’essence à l’heure. Oui mais là, on ne compte pas car cela permet de déstresser les gens pratiquent cette activité.

La Formule 1, les rallyes automobiles,(…) OK, mais il s’agit de sport donc on ne compte pas.

 

Que faut-il penser de tout cela ? Rien de moins et rien de plus.

Faut-il empêcher les gens de voyager ou de se détendre ? Certainement pas.

Mais il faut parfois évaluer les choses avec humilité et discernement.

 

Parmi les censeurs du bilan carbone, il doit y en avoir plein qui vont bronzer à l’autre bout du monde. Tout comme parmi les personnes qui jettent les poubelles sur le bord des routes, il doit y en avoir plein qui ont voté écologiste aux dernières élections.

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8 mars 2013 5 08 /03 /mars /2013 13:25

Comme d’autres, j’ai écouté le discours du Président Hollande lors de sa visite au salon de l’agriculture.

Tout ce qu’il a pu proposer ou promettre c’était de maintenir ou augmenter les aides au secteur.

 

Dans ce sens, gauche ou droite, il reste dans la grande tradition qui prévaut depuis quelques décennies, c’est-à-dire de faire vivre les agriculteurs d’aides ou subventions et pas de leur travail.

 

Ce n’est plus le bon sens agronomique qui détermine les rotations des cultures mais un logiciel qui oriente les choix en fonction des aides plus ou moins élevées d’un an sur l’autre pour telle ou telle production ! De la grande stratégie…

 

Je ne jette pas la pierre aux politiques car les agriculteurs et surtout leurs représentants s’accommodent fort bien de cette situation. On ne vit  plus de son travail mais des aides distribuées pour qu’on reste calme. Quand les aides font mine de diminuer, on va manifester avec des arguments de poids comme des fumiers ou du lisier pour obtenir gain de cause et pérenniser ainsi le système.

 

La viticulture n’est pas en reste car en fonction des moments, on donne de l’argent pour changer les densités de plantation, pour changer les cépages et s’adapter à une demande plus ou moins éphémère, pour équiper les chais, prendre un matériel de culture plus performant,…

Et on ne se demande jamais si on ne pourrait pas faire en sorte que l’activité viticole puisse être rentable seule sans aide.

On maintient des productions dont plus personne ne veut en faisant croire à leur créateur que c’est la faute à plein de choses sauf eux-mêmes, leurs idées et leur modèle viticole.

 

Ainsi va l’agriculture, ainsi va notre société en fin de cycle qui a perdu ses valeurs, ses repères et ses espérances.

 

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4 mars 2013 1 04 /03 /mars /2013 08:45

Pour la deuxième fois en deux ans, Pontet-Canet vient d’obtenir la note ultime de 100 sur 100 avec Robert Parker pour un vin en bouteilles. L’an dernier, c’était pour le 2009 et cette année pour le 2010.

 

C’est à la fois historique et aussi totalement logique. C’est la juste récompense d’années de travail et d’intelligence de la part de Jean-Michel ; au service de ce beau domaine viticole.

 

Comme souvent dans de tels moments, il a accueilli la nouvelle avec stoïcisme. Peut-être parce qu’il met aussi en balance de ce succès, le don de soi qu’il fait au quotidien pour faire briller le domaine.

 

Cette modération, qui peut paraitre surprenante fait aussi partie de son caractère. Dans la symbolique que nous utilisons, il est solaire. C’est-à-dire qu’il trace sa route sans se soucier des joies et des peines du moment. Il y a une force intérieure qui le guide. D’ailleurs, de son métier, il en parle avec une implication  quasi-mystique.

 

Je suis particulièrement fière de mon mari. Il y a presque 15 ans, nous avons découvert la biodynamie comme une voie logique et évidente pour notre avenir de vignerons. Cela fait bientôt 10 ans, qu’il  l’a proposée pour l’avenir de Pontet-Canet. Dans ce milieu des grands crus, il était le seul à y croire. Je pourrais dire, seul contre tous. L’apprentissage fut long et parfois douloureux mais c’est lui qui avait raison.

 

Dans ce chemin commun de la biodynamie que nous parcourrons ensemble, nous avons appris toute la puissance de cette technique qui est bien plus qu’une technique.

Ce qui me surprend, c’est que 10 ans après, il ne faille encore que 2 ou 3 doigts pour compter les grands domaines en biodynamie à Bordeaux.

 

Bravo en tous cas à Pontet-Canet !

 

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30 janvier 2013 3 30 /01 /janvier /2013 11:38

Le nouveau scandale sanitaire du moment concerne cette fois un « cachet anti boutons sur la figure » et qui a été transformé en pilule contraceptive.

Il y a quelques jours, c’était les pilules, des troisième et quatrième générations.

La constance de tout cela, c’est la naïveté de certains et la cupidité d’autres.

 

L’expérience montre que rien n’arrête le désir de rentabiliser une molécule même s’il faut faire quelques entorses aux précautions de base.

 

Et dans chaque cas, des personnes font confiance au discours de professionnels qui finalement vont contribuer à dégrader leur santé ou même à les tuer.

 

La femme que je suis ne peut pas ignorer le rôle joué par la contraception dans l’émancipation des femmes.

Mais il ne faut pas oublier que tous les produits contenus dans ces petites pastilles numérotées sont bel et bien des hormones. Et une hormone reste une hormone ; c’est-à-dire un produit très puissant.

Aucune molécule extérieure, surtout si elle est synthétique, n’est anodine.

 

Au-delà des drames humains, que peut-on retenir de tout cela ?

 

Premièrement que rien ne sert de leçon. Jamais l’histoire passée n’est prise en compte pour éviter que les choses similaires se reproduisent. On nous dira qu’il y a le principe de précaution. Certes, on va l’activer pour le sujet précis au cœur du scandale.  Mais le problème d’à côté sera magistralement oublié. Avant-hier, c’était le vaccin contre le cancer du col de l’utérus, hier c’était les coupe-faim. Aujourd’hui, c’est la pilule. Demain, ce sera autre chose. Mais jamais on ne se dira que le système tourne mal, sans contrôle et sans direction.

 

Si on veut se rassurer, il n’y a pas que les médicaments qui sont dans ce cas. Ainsi, après une inondation, on nous dit la main sur le cœur, qu’on ne construira plus dans les zones inondables. Puis, la pression démographique, la bêtise, l’absence de nouvelle crue pendant 10 ou 20 ans, la volonté des élus de remplir une école avec de nouveaux arrivants,… On se dira que finalement on a fait bien du bruit pour rien et que c’était avant et que maintenant, on sait réagir. Et on redonnera des permis de construire dans les zones inondables. Puis, une nouvelle crue viendra...

 

Deuxièmement, pour en revenir à notre métier, on peut se rappeler que les hormones, les vignerons en inondent les campagnes et leurs habitants grâce à  la confusion sexuelle pour « lutter contre » les vers de la grappe. Cela est fait avec la bénédiction de tous ceux qui disent ou pensent que c’est très « propre ». C’est même homologué bio !

Officiellement, la barrière des espèces est très étanche. Officiellement ! Aussi étanche que la frontière française face au nuage de Tchernobyl…

Après, avec ça et le reste, on va se demander pourquoi en quelques années, on constate une baisse importante de fertilité chez les agriculteurs. On va faire de grandes études. On donnera de belles conférences, toujours avec de la viennoiserie de qualité. Et le sujet va s’endormir, jusqu’au prochain scandale sanitaire.

 

Enfin, tout cela me fait penser qu’on opère les gens à la chaine du syndrome du canal carpien ou de tendinite, ou les deux à la fois. Sans se demander si la cause de cette épidémie n’est pas à rechercher un peu plus loin que sous la peau qu’on va couper au scalpel.

Hormones (contraceptives ou pas), molécules de synthèse (médicamenteuses ou pas), additifs alimentaires,…

Que sais-je d’autre ?

On pourrait éventuellement rajouter les revêtements anti-adhésifs des poêles à frire qui finissent toujours dans notre assiette. En réfléchissant un peu en regardant autour de nous, on devrait pouvoir allonger la liste !

Toutes ces substances mériteraient d’être étudiées dans une vision globale pour déceler celles qui sont neutres et celles (sûrement nombreuses) qui ne le sont pas.

 

Une question me traverse l’esprit. Chez nos décideurs, responsables politiques et leurs conseillers, quelle est la part de bêtise et celle de cupidité, de collusion dans les choix souvent idiots ou dangereux qui sont faits ?
Mais quand on regarde fonctionner des collectivités locales, on se rend compte que ce n’est pas forcément l’argent ou le copinage qui sont à l’origine des mauvais choix !

 

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19 janvier 2013 6 19 /01 /janvier /2013 14:14

On a vu que le vin peut générer de l’émotion si les pratiques culturales permettent à la vigne de pouvoir accéder à ce niveau de subtilité.

Durant son cycle, la vigne doit normalement connaitre deux phases successives, la phase juvénile et la phase d’identité.

A son niveau à lui, l’homme possède aussi dans son cycle de vie deux périodes importantes avec deux traits de caractère antagonistes. Schématiquement, c’est justement l’émotion et la conscience.

La phase d’émotion nous vient des animaux. C’est un peu l’action par la pulsion, par l’instinct de survie,…

La conscience est le propre de l’homme par rapport aux animaux. Il a la capacité de dépasser le stade de l’émotion pour analyser les situations y compris en intégrant le passé et le futur. Ainsi, il peut prendre les décisions adaptées, réfléchies.


Dans sa phase juvénile, l’homme en devenir agit surtout dans l’émotion. Le bébé qui a faim pleure et est incapable de se raisonner.

L’adolescent ne sait pas vraiment qui il est et adopte donc la personnalité d’autres personnes, chanteurs, musiciens, sportifs,… Ses références changent dans le temps car le jeune est dans l’émotion, dans l’instant. C’est le goût du moment, sinon de l’instant, qui devient la référence pour lui.

 

Puis, progressivement, il trouve son identité. Il apprend aussi à gérer son émotion. Il entre dans la phase de conscience. Il acquiert l’ « âge de raison ». Il sait de plus en plus qui il aime et pourquoi.

 

Tout comme la vigne, l’homme peut conserver des attitudes de sa phase juvénile, c’est-à-dire agir dans l’émotion, alors que son âge lui permet d’être dans la conscience.

Les exemples sont multiples et variés. L’accro aux machines à sous qui ne peut pas se raisonner, le gourmand qui ne sait pas résister à une sucrerie, l’achat dont on n’a pas besoin, la parole méchante qu’on lance dans un moment de colère avant de la regretter,…

 

Chez les politiques aussi, l’émotion est un moteur important de l’action politique alors que la première qualité d’un homme d’état serait au contraire d’agir en conscience. On ne compte plus les lois élaborées dans l’action du moment, dans l’émotion, pour faire suite à un fait divers. C’est tout le contraire de la raison. L’émotion est d’ailleurs un des principaux outils et un terreau de la vie politique actuelle. L’hyper-communication ne fait qu’amplifier le phénomène.

L’actualité nous donne un nouvel exemple de décision politique dans l’émotion avec le départ en guerre de notre pays, sans avoir visiblement évalué toutes les composantes de la situation !

 

De même, dans beaucoup de cas, les néo-vignerons ont connu des sorts malheureux tout simplement car ils n’avaient vu de ce métier que la face noble, celle du vin que l’on fait et dont on n’a qu’à parler avec poésie pour qu’il se vende et qu’il se vende cher.
Si ces gens-là n’avaient pas été dans l’émotion au moment de prendre la décision d’acheter un domaine, une simple calculette de première génération leur aurait montré que leur projet était mort-né car non rentable dans n’importe quel scénario.

Difficile parfois de faire ressurgir la nécessaire conscience dans la décision que l’on doit prendre.

 

Et le vin dans tout ça ?

Lui aussi va dépendre du degré d’émotion contenu dans les décisions du vigneron. Quand on a la possibilité de regarder vers l’arrière, on voit un grand nombre d’idées surgir et être suivies, avant de disparaitre. Ces idées, ces modes d’un moment sont autant de leviers qui vont orienter le vin. Ce dernier se trouve modifié par des décisions, des choix techniques dont beaucoup ne sont pas pris en conscience, après un raisonnement dans l’intérêt du vin et par rapport à la vision idéale que l’on a pour lui. Ces orientations sont au contraire prises dans l’émotion en fonction d’un discours entendu ou de la réussite d’un exemple croisé ailleurs.

 

Ces vins créés dans l’émotion ne peuvent pas vraiment devenir des grands vins car il manque une ligne directrice au vigneron. La vigne le ressent à sa manière et produit alors un vin imparfait ; c’est-à-dire un vin qui peut être un bon vin mais pas un grand vin, de ceux peuvent générer de l’émotion au moment de la dégustation.

 

Autrement dit, pour qu’un dégustateur ressente de l’émotion en dégustant un vin, il faut que le vigneron qui a élaboré ce vin n’ait pas été dans l’émotion…

Bougrement compliqué !

 

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11 janvier 2013 5 11 /01 /janvier /2013 13:50

Souvent, il m’arrive de parler d’émotion lors de la dégustation d’un vin.

 

Pourtant, ce mot ne s’applique pas forcément que pour qualifier un vin. Dans l’approche biodynamique qui est la nôtre, il revient très souvent dans les conversations.

 

Pour que le vin puisse générer de l’émotion, il faut entre autres que durant son cycle annuel, la vigne ait pu réaliser les deux étapes indispensables à son épanouissement.

 

La première, qu’on pourrait qualifier de juvénile va permettre à la vigne de faire sa croissance en produisant des branches et des feuilles.

 

La seconde période, dite d’identité arrive normalement après la fleur, …quand elle arrive.

En effet, la viticulture moderne est devenue tellement dégradée pour ne pas dire décadente que bien souvent la vigne ne fait qu’effleurer cette phase d’identité tout en restant dans la période juvénile.

 

En faisant le parallèle avec les humains, la première phase, c’est la croissance de l’enfant. Il grandit par une multiplication vigoureuse de ses cellules. Puis, quand il arrive à l’âge adulte, il trouve qui il est, c’est-à-dire qu’il découvre sa propre identité.

 

Lorsqu’on laisse à la vigne l’autonomie de sa destinée, elle produit des feuilles pendant une période donnée de son cycle annuel, c’est son adolescence. Puis elle s’arrête de pousser en atteignant l’âge adulte après sa fleur et elle va pouvoir s’occuper de ses raisins. Ainsi, elle peut accéder à l’identité. Et l’identité d’une vigne, c’est celle de l’endroit où elle a poussé ; c’est donc l’expression de l’endroit, du terroir dans les raisins puis dans le vin.

 

Beaucoup de vignes modernes restent dans l’adolescence pendant tout leur cycle. Elles ne trouvent jamais l’identité ou plus exactement, les pratiques culturales et les décisions du vigneron les empêchent d’accéder à cette phase cruciale.

 

Pour preuve, les rogneuses qui coupent jusqu’aux vendanges des jeunes feuilles sans cesse renouvelées. Ou même des rameaux qui continuent de pousser bien après les vendanges.


Transposé à l’humain, c’est l’adulte qui continuerai tà grandir ou le vieillard dont les pantalons seraient sans cesse trop courts.

Aberrant, pourtant une réalité pour cette pauvre vigne décidément bien malmenée

 

La suite bientôt car je suis dans la saisie du bilan comptable...

 

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4 janvier 2013 5 04 /01 /janvier /2013 14:00

Ces quelques jours de fête de fin d’année ont été une occasion devenue bien rare de retrouver nos habitudes avec les enfants autour de nous.

Il s’agit d’une certaine manière des instants volés au temps qui passe car Thomas et Laure ne sont plus vraiment des enfants mais des jeunes adultes qui commencent à avoir leur vie propre tout en étant encore souvent avec nous.

 

Il y a peu d’années, ils étaient des bébés ou de jeunes enfants, attachés à nous ou dépendants de nous pour toute les facettes de notre vie.

Les fêtes de Noël se passaient avec eux et même autour d’eux.

 

Dans peu de temps, ils auront définitivement construit leur vie ailleurs. Jean-Michel et moi ne serons plus qu’une composante de leur existence.

Nous sommes aux prémices de cette nouvelle période car très souvent, ils sont loin de nous. Il arrive que les anniversaires ou les fêtes se passent sans l’un ou l’autre, voire les deux.

 

Eh bien, cette année nous avons profité pratiquement à temps complet de nos deux gros bébés.

Les repas de fête ont été élaborés avec eux ou même par eux et c’est ensemble autour de notre table du petit cocon familial que nous avons dégusté les plats préparés.

 

Avec l’âge, ils ont gagné en précision culinaire et peuvent ou souhaitent s’attaquer à des recettes beaucoup plus élaborées qu’avant.

 

Un autre avantage d’avoir de grands enfants, c’est qu’ils sont capables d’apprécier de bons vins.

Très jeunes, ils ont été initiés à la dégustation des vins ; en crachant bien-sûr.

Ils donnaient avec beaucoup de spontanéité leur ressenti sur les arômes et l’équilibre du vin.

Pour pouvoir exprimer les subtilités d’une structure tannique alors qu’ils maitrisaient encore mal les méandres de notre langue, Jean-Michel leur demandait de dessiner sous forme d’une courbe l’évolution des sensations de la structure tannique dans leur bouche.

Ils pouvaient ainsi matérialiser les vins courts, les vins montants, les vins équilibrés,…

C’est d’ailleurs une façon d’aborder la dégustation qu’on pourrait conseiller à tous les débutants et même à beaucoup de « dégustateurs confirmés » incapables de faire la distinction entre la profondeur dans le vin et le gras amené par l’alcool ou la sucrosité due à la barrique…

 

Puis est venue pour Thomas et Laure, la période d’adolescence durant laquelle ils ne trempaient plus leurs lèvres dans un verre de vin. Histoire de ne pas faire comme nous !

Ils redécouvrent maintenant les choses vraies de la vie ; le vin en fait partie. Heureusement !

 

Donc, on se pose moins de questions au moment d’ouvrir plusieurs bouteilles quand on sait qu’il y a au moins quatre amateurs autour de la table.

 

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21 décembre 2012 5 21 /12 /décembre /2012 14:30

En cette période de calme avant les fêtes de fin d’année, c’est un moment propice pour réfléchir sur soi-même.

Tous autant que nous sommes, qui nous sommes, quel est notre vrai « Moi » intérieur ?

 

Dans cette quête, il est un livre qui revient toujours à mon esprit. C’est « L’Etranger » de Camus. Je l’ai lu et relu des dizaines de fois et il reste sûrement mon livre préféré entre tous.

 

Je suis fan de longue date de Stephen King et j’ai lu presque tous ses livres ; certains en français, d’autres en anglais, parfois même dans les deux langues. J’adore sa façon d’écrire et les sujets qu’il évoque à travers ces romans.

 

Mais L’Etranger possède une dimension supplémentaire ; quelque chose qui me touche au plus profond de mon être.

Sûrement parce que je suis aussi un peu étrangère dans ma mon cœur.

 

Evidemment, il y a la façade la plus simple, celle du lieu de l’histoire, Oran, qui est mon lieu de naissance et que je n’ai jamais vue. Ce déracinement me pèse de plus en plus au fur et à mesure que le temps passe. On dit que les plaies mettent du temps à se refermer. C’est vrai pour celles de surface.

 

Cependant, les plaies plus internes, plus intimes ne se referment jamais vraiment. Et dans notre vision symbolique de la vie, quand on vieillit et qu’on laisse progressivement de côté le superflu, qu’on se débarrasse de la surface, du superficiel, pour ne conserver que l’essentiel, les plaies enfouies ressortent telles de vieilles fondations qui revoient le jour quand on enlève la terre qui les recouvrait depuis des siècles ou des millénaires.

 

Mais avant tout, il y a surtout le caractère du personnage qui est une sorte de handicapé des sentiments. Et parfois, je suis moi aussi comme lui ; avec toute la difficulté que cela génère dans les relations à l’autre. L’effort qu’il faut accomplir pour dire à quelqu’un qu’on l’aime. L’impossibilité d’exprimer ses peines ou ses frustrations.

 

Heureusement,  j’ai eu la chance de rencontrer le meilleur des maris. Son caractère solaire (toujours dans notre symbolique) et la verticalité que cela lui procure, en fait une vraie colonne vertébrale pour l’Etrangère que je suis.

Je ne suis pas la seule accrochée à lui car il doit aussi porter une grande partie de Pontet-Canet.

Parfois, il doit avoir les épaules un peu retombantes avec tous ces fardeaux à porter !

 

Le personnage de Camus n’a pas eu cette chance. C’est aussi pour cela qu’il reste un proche dans mon âme, depuis longtemps et de toute évidence, pour longtemps encore…

 

Etrangère, certes mais je me soigne !

 

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le blog de Corinne Comme

En créant ce blog,  je souhaite faire partager une certaine approche de notre métier de vigneron afin de réhabiliter le mot « paysan ». Au-delà de son rôle dans la production de denrées alimentaires, il doit aussi être le gardien d’un savoir ancestral et faire le lien entre la nature, les animaux et l’humanité. Il est l’observateur et le garant des grands équilibres de la vie. C’est une tache prenante et passionnante qui s’accompagne de joies, de peines et de moments de doutes.

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