Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
8 mai 2008 4 08 /05 /mai /2008 06:50

Il y a un peu plus d'un mois que je tente de vous faire partager mon quotidien et mes états d’âme. Je ne prétends pas avoir, loin s’en faut, le talent de Jean-Luc Thunevin ou Hervé Bizeul dans ce domaine.

 

Dans la tenue d’un blog, il y a quelques contraintes comme l’obligation de mettre régulièrement en forme les sujets qui me passent par la tête.

Mais il y a surtout les joies procurées par cette ouverture à l’extérieur.

 

Jean-Michel et moi ne sommes pas des caractères « expansifs » et nous n’allons pas aisément vers l’autre. C’est sûrement un handicap pour faire du commerce…

Grâce au blog, nous avons pu rencontrer des fous de vin, de véritables passionnés qui partagent le même plaisir que nous de cultiver la vigne ou de déguster du vin.

 

Parmi eux, il en est un qui force mon admiration. Tous les jours, il tient gratuitement un blog (lien) qui n’a rien à envier aux magazines dédiés à la cuisine et au vin. C’est un vrai travail de professionnel au seul service des plaisirs gustatifs.

 

Parfois, on se sent seul dans son coin avec ses problèmes. Et le fait de recevoir un message de l’autre bout de la France d’une personne qui compatit simplement  par pure amitié alors qu’on ne la connaît pas, c’est très réconfortant.

 

Enfin, il y a les pros des forums dédiés au vin et dont certains « animateurs » sacrifient leur temps libre à la découverte de vignobles et à la dégustation. Nous avons pu en  recevoir certains (lien) avec qui nous avons passé des heures de vrai plaisir autour d’une table et de quelques bouteilles...

 

Bref, tenir un blog, c’est du pur bonheur !

Partager cet article
Repost0
7 mai 2008 3 07 /05 /mai /2008 07:15

Lors d'une promenade, mon regard a été attiré par une plantation nouvelle dans laquelle le sol m'a paru particulièrement propre. C'était louche...

En m'approchant, j'ai très vite compris que la parcelle a été désherbée chimiquement dès que les plants ont été mis en place. Depuis, avec l'arrivée du printemps, ces ceps de vigne en devenir tentent de pousser mais ils sont contaminés par le poison qui a été répandu pour leur rendre les abords plus "propres" sans effort.

J'ai donc pu en faire quelques clichés.

 

 



J'en conviens, on a mal pour eux.

En comparaison, les plants mis en terre cette année chez nous respirent la bonne santé. La différence entre les deux vient avant tout d'un manque d'amour dans la vigne et dans ce métier si particulier.


 


En voyant ces pauvres pieds pollués; je me suis souvenue des premières plantations faites après la reprise de notre domaine.

Toujours par manque de moyen, les chantiers ont été réalisés par nous, surtout Jean-Michel et moi pendant des week-ends de folie car Jean-Michel était occupé la semaine à Pontet-Canet.

Il me faut pas oublier que les plantations sont faites à une période où la vigne pousse et nécessite une attention de tous les instants. Il fallait tout faire en peu de temps; deux jours voire trois jours, arrosage compris. Au début, on plantait en pots car les prix étaient légèrement inférieurs et chaque sou économisé était pour moi une bénédiction avant d'être une nécessité, même si par la suite il y avait beaucoup plus de travail avec ce type de plant. Notre travail manuel n'était pas payant, donc le choix était vite fait...

A l'arrivée du pépiniériste, le hangar et la vieille grange se transformaient en prairie verte avec les milliers de petits pots et leur petite tige. Chaque plant était chouchouté, manipulé avec une infinie précaution car il représentait pour nous de l'argent et aussi la base de tous nos espoirs.

Le transport des caisses à l'intérieur de la parcelle était en partie fait par Thomas et Laure, alors jeunes enfants. Eux aussi, ressentaient à travers nous, l'importance de leur mission et la nécessité de soins.

Puis après la plantation, il fallait arroser. Là aussi, le sérieux était de mise. Avec mon tuyau à la main derrière la cuve d'eau, j'avais l'impression de faire du bien à chaque plant. Mais, je devais être généreuse de la même façon avec tous, pour ne pas risquer d'en affaiblir certains en manquant d'attention pendant quelques secondes.

Vers, la fin du week-end, on regardait nos montres pour évaluer s'il y avait encore assez de temps pour parfaire l'arrosage surtout dans les zones les plus caillouteuses. J'inspectais au pas de course les rangs avec l'angoisse de me trouver confrontée à une feuille flétrie, premier signe d'une agonie rapide. Certes, ici tout allait bien, mais était-ce la même chose dix mètres plus loin ?

Puis, sales et courbatus après ces quelques jours de travail qui restent marqués à jamais dans nos corps, nous repartions satisfaits du travail accompli, mais aussi l'angoisse au ventre.

Il nous tardait une chose, revenir le plus vite possible pour vérifier que tout allait bien. Parfois, un plant n'avait pas supporté sa nouvelle vie et était mort en quelques jours.

Cela constituait une déchirure pour moi ou plutôt une aiguille dans le cœur.

Enfin, lorsque ça et là, de nouvelles feuilles commençaient à apparaître, la tension baissait un peu. La plantation était "prise".

Pour en revenir aux photos, vous comprenez donc, que même si ce n'est pas chez moi, j'ai toujours mal pour les pauvres petits plants qui ne connaitront que les pesticides toute leur vie. Comment pourraient-ils transmettre la subtilité d'un terroir avec un tel régime? Le besoin de produire moins cher doit-il toujours primer au point de tremper les plants dans les désherbants?

Pour moi les réponses sont claires, pour d'autres, c'est moins sûr...

Partager cet article
Repost0
6 mai 2008 2 06 /05 /mai /2008 06:29

Et aussi bravo à Alfred et Gérard Tesseron.

Pour une fois, je ne vais pas parler de ma vie au Champ des Treilles, mais plutôt de la satisfaction que j’ai à voir les efforts de Pontet-Canet récompensés dans un millésime très difficile comme a pu l’être 2007 par Robert Parker ; mais aussi par la plupart des critiques en vin.

 

Jean-Michel donne une part importante de son énergie pour ce cru qu’il dirige depuis près de 20 ans ; même si souvent je suis jalouse du temps qu’il consacre à Pontet-Canet qui est une maîtresse séduisante s’il en est.

Les orientations extrêmes de ce domaine sont intimement liées aux évolutions que Jean-Michel et moi connaissons depuis quelques années.

 

Le millésime 2007 fut difficile pour lui. La pression des maladies et la méchanceté de certains l’ont beaucoup affecté. Mais il faut ajouter aussi un sentiment de culpabilité vis-à-vis des propriétaires qu’il a amené dans cette voie si logique mais si différente.

Au bout du chemin, il y a un vin, certes en plus faible quantité, mais d’une exceptionnelle qualité que j’ai du plaisir à déguster pendant des moments de calme le soir avant le repas.

 

Souvent il s’est senti seul. On s’est beaucoup questionné sur le fait de savoir si la voie choisie était la bonne tellement elle est exigente. Il est sûr qu’il est peu confortable de se poser des questions sur tous les gestes, tous les détails, mais quand on vit réellement dans les vignes, comment faire autrement ?

Il est réconfortant qu’une personne qui ignore toutes ces péripéties ait ressenti dans le vin quelque chose d’exceptionnel à l’image d’une viticulture pour laquelle nous militons.

 

Plus que cela, je pense que Jean-Michel est un artiste dans son domaine. Il a de la sève dans les veines et c’est son sang qui coule dans les ceps des vignes. Que cette symbiose soit récompensée n’est que pure justice.

 

En fait, bien avant les dégustateurs, c’est la vigne qui a remercié Jean-Michel pour l’amour qu’il lui porte.

 

Pour peu que le bonheur survienne,

Il est rare qu’on se souvienne

Des épisodes du chemin.

G. Brassens.

 

Partager cet article
Repost0
25 avril 2008 5 25 /04 /avril /2008 06:44

En bonne épouse, j'ai entrepris de lire les quelques interventions de Jean-Michel sur les forums sur La Passion du Vin ou Buveurs d'Etiquettes.

Je ne suis pas une lectrice régulière de ces forums mais je note quand même une certaine agressivité au sujet de la biodynamie.

J'en suis touchée mais aussi surprise.

 

Je me pose des questions.

 

Pourquoi devrait-on avoir peur de parler de ce que l'on fait? Pourquoi devons-nous en permanence nous justifier sur le fait d'essayer de comprendre la nature pour mieux la respecter ?

Demandera-t-on un jour des comptes à ceux qui ont utilisé 25 ou 30 produits chimiques différents l'an dernier? Non, sûrement pas.

 

La viticulture que nous pratiquons devrait être une viticulture d'échange et de respect, porteuse des valeurs généreuses qui sont associées au vin depuis l'antiquité. C'est en fait une viticulture de la justification permanente face à des gens que la biodynamie passionne en la détestant au point qu'ils semblent en faire une fixation.

 

Bien-sûr, dans la biodynamie, il y a les « décalés » qui font la route seuls loin devant, tellement loin quils semblent sêtre perdus. Mais l’essentiel des autres est constitué de vignerons humbles, qui tentent de conserver ce lien ancestral avec la terre en perpétuant le bon-sens paysan.


En début de mois, lors de la dégustation primeur Biodyvin, j'ai assisté à des propos véhéments contre la biodynamie par quelqu'un qui était certes invité, mais qui n'avait aucune obligation d'aller à une dégustation de vin de biodynamie alors qu'il semblait avoir un avis négatif très tranché sur la question.

 

Pourquoi une personne a-t-elle jugé utile l'an dernier de lacérer 2 pneus de notre véhicule et de verser de l'acide sur la carrosserie devant la maison au Champ des Treilles ?

Pour se venger de quoi? Du fait que l'on tente de faire le meilleur vin possible dans un secteur difficile en sacrifiant nos week-ends et une grande partie de notre train de vie ? Parce qu'on a 10 petits hectares de vignes dans un village inconnu appelé Margueron? Une moitié constitue le fruit d'une vie de labeur pour la famille de Jean-Michel et l'autre moitié des week-ends de folie à planter les vignes avec nos mains pleines d'ampoules et mes articulations meurtries.

Parce qu'on a des vignes à 10000 pieds par ha? Parce qu'on continue de vendanger à la main? Peut-être parce qu'on a une bouteille à 50€ à Sainte-Foy?

Sûrement parce qu'on est endetté jusqu'à la retraite pour avoir offert à nos vins des conditions dignes en construisant des bâtiments.

Qui sait ? Peut-être même pas celui qui l'a fait.

 

On nous a un jour reproché d'aller trop vite et trop loin! Mais par rapport à qui et à quoi?

Devait-on arracher un rang de-ci delà dans nos vignes pour se rapprocher d'une densité de plantation qui était un objectif ambitieux à long terme pour certains mais un recul mémorable et instantané pour nous?

 

Les sentiments humains sont parfois difficiles à cerner. Nous avons toujours agi sans bruit dans le but de servir notre passion pour ce métier dont le grand-père disait qu'il était le pire du monde,...en pensant exactement le contraire!

Partager cet article
Repost0
21 avril 2008 1 21 /04 /avril /2008 08:52

 


Oh, on peut quand même faire quelques commentaires...
  1. On peut saluer le travail de l'auteur qui a fait preuve d'une vraie persévérance en établissant cet organigramme. Il était destiné à illustrer un article, dont j'ai oublié le nom, paru dans La Revue des Œnologues.
  2. Quand on voit qu'il s'agit d'un schéma "général" dont pas forcément complet, on a des peines à imaginer ce que peut être la réalité du monde du vin en France!
  3. On comprend aussi mieux pourquoi la filière viticole française est incapable de se réformer pour affronter l'avenir et une concurrence de plus en plus féroce. Le viticulteur français court le 100 mètres avec des poids aux poignets et aux chevilles; sans oublier l'entraineur sur le dos. En face de lui, il y a les coureurs des autres pays. Ils sont prêts pour la compétition et leurs entraineur-états les aident avec sincérité pour qu'ils puissent donner le meilleur.
  4. Cela explique pourquoi les cotisations professionnelles sur le vin augmentent de façon vertigineuse et inexorable. Les taxes ne suffisent même plus à payer les légions de personnes uniquement là pour contrôler notre travail à toutes les étapes de la production. Il ne reste rien ou presque pour mettre en valeur le vin lui-même et la culture de notre pays qu'il véhicule.
  5. Enfin, le mammouth que Claude Allègre avait pensé dégraisser, doit avoir un grand frère obèse qui travaille dans le vin,...mais qui ne l'aime pas.
Partager cet article
Repost0
16 avril 2008 3 16 /04 /avril /2008 07:27

Il y a environ 1 an, notre ami Hervé Bizeul écrivait un billet sur le dossier PAC qu'il venait de recevoir. Cette année, c'est moi qui me trouve inspirée par cette liasse de documents de toutes les couleurs.Comment puis-je faire ressentir au lecteur la taille du dossier ?
Certains seront peut-être éclairés en sachant qu'il en a coûté 2,97 € à l'administration pour me le faire parvenir.

Il commence par une lettre de notre cher Ministre de l'agriculture, Michel Barnier. Ce brave homme rêvait sûrement de mieux mais s'est retrouvé dans ce ministère exposé au déversement de lisier ou au lâcher de porc charcutier à la moindre crise.
S'il assume son rôle sans encombre, il héritera peut-être de l'intérieur ou de la défense nationale au prochain remaniement ministériel...
En fait de courrier, il s'agit plutôt d'une pauvre photocopie, en couleur pour mettre en évidence une touche manuscrite bleue de son auteur (présumé) et destinée à donner une certaine humanité et de la proximité avec le lecteur. La copie faite de travers rajoute une sensation de malaise et dénote bien de l'état d'esprit vis-à-vis des agriculteurs de la part des responsables de l'envoi.

Il faut dire que je ne touche pas d'aides de la PAC, mais il y a quelques années, j'avais signé un CAD (contrat d'agriculture durable) lors de mon passage en bio. J'ai donc pu bénéficier de quelques avantages financiers. Mais pendant plusieurs années, je suis obligée de remplir de satané dossier qui n'a pas de rapport réel avec mon CAD.

Il faut dire qu'il n'existe qu'un seul modèle pour toute la France. On y apprend donc l'existence de certaines cultures inconnues comme l'Accidentera ou de d'au moins quatre types différents de gels des terres.

Un des points importants du dossier est la photo aérienne de la zone sur laquelle mes parcelles sont entourées en jaune. Le moindre écart entre la réalité constatée et la situation théorique débouche sur une demande de justification. Actuellement, mon plan est correct, mais la première fois, il y avait un écart de quelques mètres carrés dans une parcelle triangulaire et pour laquelle le fonctionnaire en charge du dossier n'avait pas compris que pour la vigne, la présence indispensable d'allées pour tourner interdit d'avoir 100% de la parcelle occupée par les ceps de vignes. Après justification de la différence, les choses sont rentrées dans l'ordre.

Bref, tous les ans je dois rassembler toute ma motivation pour mener à bien cette mission.
Il faut tout lire afin de ne rien oublier et surtout ne pas s'arrêter avant la dernière page car vers la fin se trouvent tous les Erratum qui corrigent ce que l'on vient de lire.

C'est tellement compliqué mais aussi sûrement changeant dans le temps que les gens chargés de la préparation des formulaires ne peuvent pas le faire sans erreur.

Ce dossier PAC est pour moi un bon exemple de la déliquescence de notre agriculture qui en est réduite à survivre par les aides publiques qui sont là pour compenser les erreurs d'orientation des politiques suivies par l'Europe depuis plusieurs décennies.

Les agriculteurs sont obligés de s'humilier à demander l'aumône pour survivre.

En viticulture, ce n'est guère mieux. On paye les gens pour planter de la vigne puis ensuite on va les payer pour arracher la vigne qui n'est pas encore adulte.
On donne des aides à la restructuration qualitative des domaines viticoles mais pour ne vexer personne on finit par distribuer les aides à tout le monde ou presque, sans condition qualitative.

Pour mon dossier PAC, je vais être obligée de consacrer une bonne demi-journée pour rien. Ce temps aurait sûrement été plus utile à démarcher de nouveaux clients ou tisser des liens plus forts aux clients actuels pour espérer les conserver.
A l'autre bout de la chaine, un fonctionnaire va passer du temps à tout contrôler, vérifier alors qu'il n'y a même pas d'argent en jeu.

 Malheureusement, la viticulture comme le reste de notre pays ne prend pas la voie de la simplification; c'est même tout le contraire!

Partager cet article
Repost0
7 avril 2008 1 07 /04 /avril /2008 07:31

Lorsque j'ai écrit le billet précédent, je pensais en avoir fini avec la période des primeurs. Mais, à la réflexion j'éprouve le besoin d'énoncer quelques idées que la convenance occulte trop souvent.


Ces dégustations m'ont donné l'occasion unique de déguster de nombreux vins du millésime 2007. Parmi eux, beaucoup proviennent de Grands Crus Classés. Sans vouloir jouer l'experte mondiale en dégustation, ni me livrer à une critique gratuite, il semble évident que de certains vins sont indignes de leur classement. C'est du reste un avis que partagent beaucoup des personnes avec qui j'ai pu en discuter.

 

Je pense qu'il faut aussi arriver à le dire, sinon comment peut-on espérer que les choses s'améliorent.

Certes, le millésime 2007 était difficile mais il existe de belles réussites, toujours les mêmes. A l'opposé, il existe des choses "peu-glorieuses", toujours les mêmes.

Comment est-il possible de voir encore présentés à notre époque, des vins végétaux, dilués ou même les deux à la fois?

 

Ce cri du cœur est celui d'une amoureuse de la vigne et du vin. Les crus classés sont des domaines magiques qui peuvent produire des véritables chef-d'œuvres, des vins d'exceptions capables de procurer de vrais émotions chez ceux qui les dégustent. Leurs noms sont mondialement connus et leur commercialisation est d'une facilité déconcertante comparée à celle de la masse des autres vins.

 

Dans ce contexte si privilégié, certains sont capables de dégrader leur joyau au point de ne pouvoir proposer que des vins fantômes, véritables ombres de ce qu'ils pourraient être sans bien plus d'effort ni de moyens financiers.

C'est pour cela que les propriétaires de Crus Classés devraient être convaincus du fait qu'un Cru Classé se mérite.

 

Tous les jours ils devraient se souvenir de la chance qu'ils ont d'en posséder un et donc tout faire pour en être dignes.

Partager cet article
Repost0
4 avril 2008 5 04 /04 /avril /2008 17:59

La semaine intensive de dégustations "primeur 2007" s'achève à Bordeaux.

Comme prévu, elle a été pour moi l'occasion de rencontres avec des clients déjà convaincus et aussi d'autres que j'espère avoir convaincus.

 

Tant que la commande n'est pas signée, on n'est jamais sûr de rien! Cependant comme cela a été le cas par deux fois ces jours-ci, lorsque c'est la personne qui fait elle-même la démarche vers vous, les chances de succès sont bien plus fortes! On verra bien...

 

J'ai aussi profité de quelques temps libres pour aller déguster quelques vins de collègues en biodynamie dont le syndicat (Biodyvin) organisait une dégustation chez notre ami Alain Moueix au Château Fonroque à Saint-Emilion.

Lors de mon passage en biodynamie, j'avais envisagé d'adhérer à ce syndicat dont je me sens très proche. J'ai même subi les contrôles annuels qui sont effectués par Ecocert pour le compte de Biodyvin. Mais le prix de la cotisation annuelle m'a paru très élevé, en comparaison de la taille de mon domaine et du prix de mes vins.

Il y a déjà la facture obligatoire à régler à Ecocert dans le cadre de la lutte biologique.

Le passage en bio n'est pas du tout un acte gratuit. Et le prix à payer peut en rebuter certains. Maintenant le législateur compense une partie du coût par des subventions. La logique serait plutôt de moins taxer pour ne pas ensuite avoir à subventionner!

Finalement, après discussion je m'interroge. Le fait d'être affilié à un syndicat n'améliorerait pas mon engagement vers la biodynamie que je pratique avec sincérité et conviction. Mais, dans l'esprit des consommateurs, il existe tellement de domaines qui se réclament de la biodynamie sans réellement la pratiquer que l'appartenance à Biodyvin peut constituer un gage de bonne foi.

Ce n’est malgré tout pas très grave car dans la vie, il y a des problèmes plus épineux à résoudre…

 

J'ai donc dégusté de très beaux vins de la France entière. Mon attention a été cependant plus concentrée vers les vins d'Alsace car Jean-Michel et moi sommes en réflexion sur les vins blancs de notre vignoble.

Avec l'arrivée de la muscadelle, l'élevage en barriques a évolué vers une présence du boisé moins importante. Ce cépage, aux arômes fins et subtils, ne semble par vouloir partager la vedette avec le chêne !

Nos goûts vont de plus en plus vers les élevages en cuves et des bâtonnages très modérés.

Il faut dire qu'après plusieurs années de culture biodynamique, les vins ont changé et expriment beaucoup plus de minéralité, et cela de plus en plus tôt.

C'est du reste assez impressionnant de voir avec quelle facilité la vigne peut réagir positivement à des soins attentifs.

Nos goûts semblent donc nous attirer actuellement vers des relations directes et sans concession avec les cépages; une sorte de "mano-à-mano" selon le terme taurin.

Ce type d'élevage n'est-il pas tout simplement un simple retour en arrière vers des pratiques classiques à Bordeaux pour l'élaboration des vins blancs ; c'est-à-dire des vins aromatiques mais pas caricaturaux, des structures en bouche fraîches mais pleines et longues. En somme des vrais vins de soifs, au sens noble du terme, à consommer à table avec des mets élaborés.

 

Sur ce terrain, les vins d'Alsace de cette dégustation semblent être porteurs d'enseignements pour moi. Il ne faut pas oublier leurs producteurs qui par leur connaissance, mais aussi leur sagesse et les relations passionnées qu'ils ont avec leurs vignes, sont une source d'inspiration pour moi.

 

Après ce grand bol d'air à Fonroque, j'ai pu vérifier en traversant les régions viticoles prestigieuses, que les désherbants chimiques ont encore de beaux jours devants eux !

 

Je me suis aussi demandée comment des Grands Crus sont encore capables en 2008 de recevoir leurs clients ou les journalistes au milieu de parcelles de vignes qui font penser à des paysages lunaires dépourvus de toute vie.

La réponse m'a semblé évidente : le manque d'amour pour la vigne.

Partager cet article
Repost0

le blog de Corinne Comme

En créant ce blog,  je souhaite faire partager une certaine approche de notre métier de vigneron afin de réhabiliter le mot « paysan ». Au-delà de son rôle dans la production de denrées alimentaires, il doit aussi être le gardien d’un savoir ancestral et faire le lien entre la nature, les animaux et l’humanité. Il est l’observateur et le garant des grands équilibres de la vie. C’est une tache prenante et passionnante qui s’accompagne de joies, de peines et de moments de doutes.

Recherche