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5 octobre 2009 1 05 /10 /octobre /2009 13:12

Cela aurait pu être une fable de Lafontaine de plus mais notre célèbre auteur n’avait pas encore entrevu la situation que nous vivons actuellement.

 

Lorsque je parle de cochon, il faut bien entendu comprendre qu’il s’agit de sanglier. Le mot « cochon » est une sorte de nom de code utilisé par les chasseurs lorsqu’ils parlent de sanglier.

 

Je regarde les choses de loin mais je suis aussi en contact plus proche avec ces gens là par l’intermédiaire de mon beau-père qui chasse le gros gibier comme beaucoup d’autres.

 

Personne ne s’est encore posé la question du "pourquoi", c'est-à-dire, comment on a pu passer d’une situation sans aucun sanglier à un niveau de population problématique pour les récoltes.

J’en avais déjà parlé il y a quelques mois. Ce serait en effet la première question à laquelle il faudrait essayer de répondre avant d’aller plus loin. En comprenant les choses, on peut éventuellement essayer de les modifier dans le bon sens, sans effusion de sang.

 

Malheureusement, notre société, ses chasseurs et ses agriculteurs ne fonctionnent pas de cette façon. On envoie l’artillerie pour pacifier sans comprendre pourquoi on en est arrivé au stade d’avoir à sortir l’artillerie.

Evidemment, il est logique de se défendre lorsque la situation l’impose. Lorsqu’un champ de maïs est ravagé par un troupeau de sangliers, on ne peut pas laisser les choses en l’état jusqu’à la destruction totale de la récolte.

Mais pour les sangliers comme pour les vendanges vertes, c’est la conséquence d’une série d’erreurs préalables qui oblige à détruire l’excès de sangliers ou de raisins.

 

Donc, personne ne se demande pourquoi il y a des sangliers ou pourquoi il y a trop de récolte. On intervient avec des fusils ou des sécateurs (selon les cas). Parfois même, les chasseurs interviennent dans des vignes pas encore vendangées, en enfreignant la loi. Mais que reprocher à quelqu’un qui a en main une arme qui tire des balles d’une portée de plus d’un kilomètre ??

 

Cette chasse bâtie sur des bases illogiques prend un air de ridicule quand on apprend que bien souvent, pour pouvoir les trouver plus facilement (et donc les détruire plus efficacement), les chasseurs nourrissent les sangliers en leur distribuant de la nourriture. Ainsi, les animaux en excellente santé deviennent particulièrement productifs et leur espérance de vie s’en trouve fortement améliorée ! Les troupeaux s’agrandissent facilement.

 

Heureusement, les chasseurs sont là pour les tuer et donc réduire les nuisances. Mais quand on examine les scores de chaque battue, on ne peut qu’être perplexe sur l’efficacité de telles démonstrations de force.

Ainsi, lorsqu’un animal est tué sur un total de huit ou dix, les chasseurs sont satisfaits. Mais ils ne voient pas qu’il reste encore la majorité des animaux.

 

Ils ne tirent pas les mères qui portent des petits. La raison évoquée est que ce n’est pas moral de tirer sur une mère. Pourtant, lors des battues au renard, personne n’a de tels états d’âme vis-à-vis des femelles pleines. Oui mais voilà, les petits renards ne se mangent pas !

 

En laissant vivre les petits, dans quelques semaines on pourra tirer et donc manger les petits marcassins si tendres…

Juste après l’alerte tsunami ou l’alerte enlèvement, il y a l’ « alerte sangliers » à Margueron. Comment ne pas sourire ?

Les chasseurs reçoivent un appel sur leur téléphone portable. Le rendez-vous est fixé à un endroit donné car des sangliers ont été vus. Deux ou trois heures plus tard, au moment du premier apéro de débriefing, on compte au mieux un animal à terre, voire rien du tout.

 

La lutte contre les sangliers ne sert donc à rien pour la régulation des populations. On permet seulement aux chasseurs de jouer à la guerre et de se donner une source de nourriture pour les nombreux repas bien arrosés qu’ils organisent.

La protection des cultures n’est qu’un leurre.

Tout le monde a bonne conscience, les chasseurs, les officiels et même les agriculteurs qui se sentent épaulés.


Ainsi est faite notre société de colmatage des brèches. Une main de fer et de feu dans un gant de velours...mais surtout sans cerveau pour commander l’ensemble !!!

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commentaires

M
<br /> Nous avons ce problème aussi en Périgord Noir. A côté des sangliers, ne pas oublier biches, chevreuils, cerfs, daguets et autres beaux animaux "sauvages" qui se développent de façon inquiétante. Je<br /> trouve tous ces animaux magnifiques mais les dégats sur nos cultures sont vraiment impossibles à accepter. Ils sont trop nombreux... finalement comme nous les humains!<br /> <br /> <br />
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J
<br /> Comme tout ceci est bien vu, et bien écrit !<br /> Aux Mondains j'ai droit aussi, une fois par an, au déploiement des forces armées de Margueron: quel arsenal ! Avec leur casquette rouge fluo ils ont l'air bien rigolo, ces "bidasses" en campagne...<br /> Bien dangereux, aussi ! Mais ne sont-ils pas, ces "écolos avant l'heure", les protecteurs-régulateurs de la faune nationale ? En ce moment, ce sont les palombes qui morflent: dimanche les coups de<br /> feu successifs et rapprochés semblaient indiquer qu'une invasion de ces malheureux (mais malfaisants, sans doute ! ) volatiles était repoussée avec ardeur !...<br /> Pitoyable!<br /> Comment diable vous y prenez-vous, Corinne, pour trouver le temps d'alimenter si abondamment votre blog alors que vous avez tant à faire avec la vigne ?<br /> Vous me sidérez !<br /> J2C<br /> <br /> <br />
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le blog de Corinne Comme

En créant ce blog,  je souhaite faire partager une certaine approche de notre métier de vigneron afin de réhabiliter le mot « paysan ». Au-delà de son rôle dans la production de denrées alimentaires, il doit aussi être le gardien d’un savoir ancestral et faire le lien entre la nature, les animaux et l’humanité. Il est l’observateur et le garant des grands équilibres de la vie. C’est une tache prenante et passionnante qui s’accompagne de joies, de peines et de moments de doutes.

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