Hier, comme très souvent, nous avons fait notre tour du dimanche ; moment où on voit le vignoble autrement.
Nos vignes sont superbes. Comme pour nos propres enfants, on les trouve toujours superbes mais en cette saison, elles prennent une dimension supplémentaire de bonne santé et de bien-être intérieur.
Je sais, ce n’est pas dans la logique de la viticulture « moderne » que d’employer ces mots pour des plantes. Mais la vigne n’est plus vraiment une plante, elle est animale. Elle possède cette capacité incroyable de transmettre le terroir avec une précision incroyable. Tel un langage peut transcrire des
notions subtiles avec des nuances d’une grande précision, la vigne fait la même chose avec le terroir.
Elle a commencé d’aller vers la mort de l’hiver pour mieux renaitre au printemps. Pour cela, on l’a aidée. Les feuilles changent inexorablement de couleur pour aller vers le jaune paille. Il y a toujours du pastel chez nous, marqueur de sérénité et de ce bien-être ; et surtout pas de teintes violentes et agressives.
Le Petit-Verdot se retrouve dans l’herbe car cette année, elle a poussé tardivement à une époque où on ne laboure plus les vignes.
Les grappes oubliées par les vendangeurs sont toujours là, intactes. Elles pourraient presque nous faire regretter d’avoir vendangé.
Mais il y a une saison pour tout et particulièrement dans les blancs, la simple dégustation des grains intacts nous montre que doré ne veut pas forcément dire parfait. Les arômes sont partis avec l’arrivée de la surmaturité.
Par contre, les grappes de sémillon pourries « noble » nous rappellent combien cette transformation est magique et peut générer des saveurs exceptionnelles.
On se souvient aussi que c’est pour refaire du liquoreux dans cette région que l’on a repris le domaine. Pourtant, la réalité de la vie nous a bien vite remis sur le chemin de la raison en privilégiant les vins blancs secs et particulièrement maintenant le Vin Passion.
Il me reste encore quelques bouteilles de liquoreux. Mais je ne peux pas dire qu’on en produira de nouveau à l’avenir.
C’est dommage car le liquoreux est bien plus que du vin ; c’est la « substantifique moelle » d’une vigne sur un terroir.