C’est la dernière tendance du moment ; être « plus bio que les bios » dans sa façon de gérer son vignoble.
Vous l’avez compris, cela concerne des viticulteurs, conventionnels ; on pourrait dire « ultra-raisonnés ».
Leur approche ringardise le fait de ne pas employer de produits de synthèse. Car eux, par exemple, traitent, ou disent traiter à demi-dose de pesticide.
Comme ça, à la fin, on aura un demi-cancer, une demi-leucémie ou même la maladie de parkinson que d’un côté ! Super !
J’ai croisé des gens qui pensent même être en pointe dans le secteur du respect de la planète car il dont abandonné le désherbage chimique intégral au profit du désherbage chimique sous le rang et en laissant l’inter-rang enherbé.
Cerise sur le gâteau et sans forcément le savoir, ils participent à la biodiversité. La boucle est bouclée.
Quand aux arriérés qui labourent leurs vignes sans les merveilles de la chimie, en plus de consommer du carburant, ils tuent les vers de terre ; pire ils les décapitent sans anesthésie préalable. De quoi saisir le tribunal pénal international !
C’est vrai que quand on laboure sa parcelle, on doit bien en tuer quelque dizaines mais comme il y en a des millions (2 tonnes par ha dixit l’INRA), on peut dormir tranquille et éviter d’aller se rendre à la police.
Par contre, dans une parcelle moderne conduite en biodiversité et en produits chimiques, les vers de terre, il n’y en a plus que quelques uns. Donc, si l’un deux disparait, on le regrette !
Et en plus, quand on voit le chauffeur du tracteur bien emmitouflé dans sa combinaison blanche avec ses gants verts, la cabine et ses filtres à polluants, on a vraiment envie de s’y promener dans la parcelle…et d’en déguster le vin.
Enfin, il y a LE grand argument des « plus bio que bio » : les insecticides. Ces gens là les ont supprimés.
Concrètement, c’est en général le seul pesticide qui a vraiment diminué dans leur programme de traitement. Les anti-mildiou et autres ont toujours la même place ; sinon plus. L’arbre qui cache la forêt en quelques sortes.
Ils oublient souvent de dire que, soit dans leur région il y a pas besoin d’insecticide, soit que leurs finances ne leur permet plus d’en acheter.
Les autres ont remplacé ce pesticide par une hormone pendue dans un petit récipient à raison de quelques centaines d’unités par ha ; et cela souvent sur des dizaines d’hectares.
Entre celui qui tue directement et celui qui transforme sournoisement, on hésite…
Que les bio se rassurent, ces hormones sont aussi homologuées en bio.
C’est sans danger ; craché, juré, études à l’appui. Certes, il y a bien les poissons qui deviennent femelle et les méduses qui prolifèrent parce qu’on a oublié que ces produits n’arrêtent pas leur vie et leur action après la cible que l’on leur avait fixée.
Si un jour vous croisez un de ces « plus bio que bio », proposez lui de manger un pied de pissenlit de sa parcelle ou après la véraison de déguster une baie tout juste traitée.
Un jour, une femme « plus bio que bio » et enceinte me vantait l’innocuité du programme de traitement qu’elle infligeait aux parcelles jouxtant ma maison.
Je lui ai donc proposé de venir lors du passage de tracteur-traiteur.
Là, sa réaction a été brutale, me rappelant qu’elle était enceinte.
Etrange, non ???