Ce week-end, nous avons soutiré quelques cuves de la récolte 2009.
Il y avait tout d’abord le blanc Vin Passion. L’équilibre est déjà tellement parfait qu’il n’y a rien de plus à faire. Il est déjà accessible et nous en avons fait notre apéritif du samedi soir !
A nos débuts, nous ne pensions que du bien du séjour sur lies pour les blancs. De nombreux articles nous incitaient à aller dans cette voie. Nous en avons donc fait ; puis progressivement on a commencé à douter de son intérêt pour nos vins. Maintenant, c’est une technique pratiquement abandonnée chez nous.
Le vin nous en remercie. Il reste plus frais et pur. Mais c’est un exercice sans filet car le vin s’exprime dans sa vérité vraie, sans fard. Il doit donc posséder dans son âme tout ce qu’il faut sans avoir besoin de maquillage.
Nous avons ensuite soutiré les premières cuves de rouge qui ont terminé leur fermentation malo-lactique.
Pendant les heures de pompage, on a tout le temps pour réfléchir. Seule sur ma cuve, je repensais à une phrase de Jean-Michel qui dit que 70% de la qualité d’un vin vient du terroir et qu’on ne peut pas y intervenir facilement, 20% vient du travail à la vigne et 10% seulement de la vinification et l’élevage. Il répartit sommairement 8% pour la vinification et 2% pour l’élevage.
Dans les conditions de Pontet-Canet, je suppose que cette analyse est justifiée.
J’ai essayé de la transposer à Champ des Treilles. Si la première valeur me semble intangible, la part de la viticulture dans le résultat final peut être discutée. Il y a à la fois plus de présence mais aussi un recul vis-à-vis de toutes les opérations. Aussi, je me demande si je dois apporter au crédit de la viticulture dans la qualité finale du vin, l’absence de certaines opérations.
On a eu tendance à faire croire que si on voulait avoir de meilleurs vins, il fallait travailler plus à la vigne. Chez nous, c’est le contraire ; une sorte de « croissance négative » pour reprendre un terme que seuls les politiques pouvaient inventer.
Nos raisins sont meilleurs parce qu’on fiche la paix à la vigne. On l’aime et on lui dit tout le temps mais on la laisse vivre et s’exprimer.
Quant aux 10% pour le travail du chai, je suis assez d’accord avec Jean-Michel. 10%, c’est même chèrement payé car plus les années passent, moins notre vinification est directive. Le vin se révèle seul ou presque. On l’a vu plus haut pour les blancs, on peut difficilement faire plus épuré. Pourtant, le vin n’a jamais été aussi bon et son accueil par les clients est meilleur chaque année.
Par contre, 8% pour la vinification sur la qualité finale, cela ne fait pas cher payé pour les centaines d’heures passées dans le chai
pendant les vendanges à nettoyer les machines, faire les remontages, décuver, soutirer,…
Si j’étais fonctionnaire, j’aurais déjà prévu une « journée d’action » pour demander une revalorisation de ces pauvres 8% ; histoire de justifier le temps passé !!