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28 mars 2008 5 28 /03 /mars /2008 17:21

Dans quelques jours, je participerai à OLNE en Belgique au Salon des Vignerons.

http://www.salondesvignerons.be/

 

La colonne vertébrale de ce salon est le respect de la nature et des techniques "naturelles" de production des vins.

J'y présenterai nos vins avec toujours la même passion.

J'y vais avec mes idées et mes convictions pour tenter de donner une image positive et moderne de la biodynamie.

 

Pour animer le salon, il a été demandé à des vignerons présents de faire une petite conférence-débat sur des thèmes divers.

J'ai proposé un sujet qui me tient à cœur et qui risque de faire polémique :

 

LA BIODYNAMIE DOIT-ELLE ETRE ESOTERIQUE POUR ETRE CREDIBLE ?

 

J'aurai une vingtaine de minutes d'exposé le samedi après-midi.

 

Pour être honnête, j'appréhende un peu cet oral ; même si pour moi le but est de désacraliser la biodynamie et en montrer une facette logique et accessible à tous.

Sans vouloir dès maintenant dévoiler le contenu de mes propos futurs, je peux cependant dire que la biodynamie est avant tout une question de bon sens. Jean-Michel et moi sommes très à l'aise avec notre formation supérieure scientifique et notre statut de vignerons biodynamiques.

On en reparlera dans peu de temps...

 

J'espère que je serai à la hauteur de la tache dans cette conférence...

 

 

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26 mars 2008 3 26 /03 /mars /2008 15:32

Actuellement, le Bordeaux viticole est en effervescence avant les dégustations "Primeur" de la semaine prochaine.

Pour ceux qui ne seraient pas au fait de cette tradition, il s'agit de présenter aux professionnels le vin de la dernière récolte, cette année le 2007, alors qu'il est encore en élevage pour plusieurs mois.

Il est évident que ces dégustations concernent avant tout les grands noms de la viticulture bordelaise, pour qui la vente en primeur est une tradition séculaire.

Mais depuis quelques années, la médiatisation aidant, la présentation des vins en primeur à Bordeaux est devenue une grande messe qui attire des milliers de visiteurs professionnels du monde entiers.

Comme dans le cas du festival d'Avignon, à côté des dégustations "officielles" initiées par l'Union des Grands Crus par exemple, il existe des dizaines des dégustations "off", ne regroupant souvent que quelques producteurs, locaux ou non, qui comptent bien profiter de cet afflux pour faire la promotion de leurs vins.

Les revues spécialisées font aussi un panorama complet de la production annuelle de la région à cette occasion.

 

A notre modeste niveau, cette période est un bon moment pour montrer les derniers nés de nos millésimes et éventuellement être cité dans des magazines.

Mais avant tout, c'est une formidable opportunité d'avoir dans la région tous nos clients éloignés, dont certains ne viennent en France qu'une fois par an.

 

Mon emploi du temps n'est pas celui d'un ministre, car je me limite à un, voire deux rendez-vous par jour. La plupart du temps c'est sur le domaine que je rencontre ces clients (actuels ou futurs). La visite commence évidemment dans le vignoble puis les chais. La dégustation a lieu dans la maison et se prolonge parfois plusieurs heures lorsque les interlocuteurs sont aussi passionnés (et bavards) que moi. Si possible, on termine par un bon repas (du moins j'espère qu'il est bon) à la maison avec les mets traditionnels de la région qui sont accompagnés par les vins de notre gamme. La seule "entorse" à cette règle vient du Cognac qui n'est bien-sûr par le nôtre. Mais comme il est cher à notre cœur puisqu'il s'agit d'un Cognac TESSERON, je pense être excusée...


Ainsi, je souhaite garder un caractère convivial à ces rencontres et faire ressentir aux invités, professionnels ou même particuliers, qu'au-delà des vins qu'ils dégustent, il y a notre âme que nous transmettons à ces vignes qui sont une partie de nous-mêmes.

 

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25 mars 2008 2 25 /03 /mars /2008 13:18

Depuis plusieurs années, Jean-Michel et moi sommes de plus en plus convaincus du contraire!

Ayant appris à les observer, nous sommes toujours en admiration devant leur sophistication.

Ainsi, beaucoup de fleurs se ferment avant une pluie pour protéger étamines et pistils.

En ce moment, c'est la période de pleine floraison des pissenlits. Nos vignes n'en contiennent que très peu car cette plante est un marqueur d'une forte vigueur. Même si la couleur est belle à regarder, il n'est jamais bon signe pour la qualité des vins de voir des vignes envahies de jaune à cette saison!

Photos-0231.jpgAutour de la maison, quelques fleurs fermées semblaient indiquer qu'il n'était pas judicieux d'aller dans les vignes,...du moins sans l'équipement imperméable approprié!

Nous sommes cependant partis partiellement protégés pour réparer les fils de fer et préparer ainsi le passage des charrues lorsque les conditions seront propices.

Malheureusement, les pissenlits ne s'étaient pas trompés et la pluie est venue, froide et violente ; nous obligeant à battre en retraite.

Puis, ce n'est qu'avec une tenue parfaitement adaptée que nous avons pu mener à bien notre travail.

Une fois de plus, c'est avec humilité qu'il a fallu reconnaître que notre société ne nous apprend pas l'indispensable ; l'observation et le bon-sens paysan.

Nous avons beaucoup à apprendre de la nature.

 

Le pissenlit est une des plantes majeures de la biodynamie. Il aide la vigne à parfaire la maturation des raisins en amenant un Feu bienfaisant qu'il extériorise entre autres dans sa couleur.

Lorsque les conditions le permettent, c'est-à-dire que l'on se trouve en "jour fleur", je récolte les fleurs de pissenlit.

Photos-0230.jpgAprès séchage et en fonction des caractéristiques de l'année, elles seront utilisées en saison. Nous les employons en tisanes qui sont ensuite dynamisées puis pulvérisées sur la vigne.

C'est toute la culture ancestrale des agriculteurs qu'il nous faut retrouver pour redonner à la nature sa vraie place.

Plus nous progressons, moins nous avons de certitudes sur ce qui nous a été appris à l'école.

La vie est bien plus complexe que cela. Les "anciens" ont mis des centaines ou des milliers d'années pour apprendre à force d'observations. Les dernières décennies de "modernisme" ont détruit tout ce savoir.

 

Cette fois-ci, la pluie a eu raison de notre motivation à collecter ces fleurs.

Cependant, étant amateurs de choses bonnes et saines, nous nous sommes rabattus sur les feuilles qui constituent des salades colorées, bio et...gratuites à une époque de l'année où les légumes verts frais sont rares.

 

Photos-0238.jpgL'inconvénient des feuilles de pissenlit actuellement est leur amertume un peu prononcée.

La "parade" a été trouvée depuis longtemps puisque la grand-mère de Jean-Michel les assaisonnait avec une vinaigrette dont le vinaigre (de vin et  "auto-produit") avait été chauffé au préalable.

Les feuilles étant très épaisses, le vinaigre ne les cuit pas, du moins, s'il  n'est pas trop chaud.

 

Une option très appréciée par mon beau-père, et que je me refuse à mettre en pratique consiste à ajouter des lardons dans la vinaigrette!

Il paraît que c'est très bon, mais j'ai le sentiment que l'on perd alors quelque peu le caractère "sain" de ce plat.

 

Il est évident que tous les goûts sont dans la nature!!!
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22 mars 2008 6 22 /03 /mars /2008 14:54

Depuis quelques années, nous avons renoué avec la tradition de récolte de légumes dans les vignes.

Dans le passé, en fin d'hiver, les familles de vignerons avaient déjà l'habitude de consommer des poireaux sauvages, appelés "baraganes" dans notre région ou même "poraganes" dans d'autres parties de la région bordelaise.

Malheureusement, elles ont complètement disparu de la plupart des vignobles sous les coups répétés des pesticides et autres engrais chimiques.

Dans notre petit ilot de nature préservée, les baraganes peuvent croître et se multiplier librement!

Il s'agit de petits poireaux qui poussent naturellement dans les vignes labourées. Comme toutes les plantes, leur présence nous renseigne sur l'état du sol et sa composition.

Au-delà de ces considérations bien matérielles, elles constituent un plat de choix en ayant plus de finesse et de douceur que les poireaux "classiques".

Photos-0198-copie-1.jpgJe revois encore la mamie de Jean-Michel, partant avec son panier en osier et sa bèche pour en récolter. Elle en ramenait quelques dizaines qu'elle nettoyait consciencieusement avant de donner les fanes aux poules qui se battaient pour bénéficier de ce butin de choix.

En général, elle les servait bouillies avec un œuf mollet et de la vinaigrette. Mis à part l'huile, tout était produit sur place.

Les œufs ne provenaient pas de n'importe quelles poules car certaines avait la capacité à produire des "œufs doubles", c'est-à-dire à deux jaunes. Ces "originalités" étaient conservées pour nous jusqu'à notre prochain retour en week-end.

Puis, avec l'arrivée des enfants, Thomas et Laure, les bénéficiaires ont bien entendu changé. Pour eux, un œuf ne se concevait que double! C'est malheureusement un temps révolu. Il nous reste les souvenirs…

 En ce qui me concerne, je prépare les baraganes en omelettes avec les œufs de la voisine et une pincée de fleur de sel des marais salants de nos amis de l'ile de Ré.

Il convient de couper les légumes en petits morceaux et les faire revenir dans une poêle avec un peu d'huile.

Pour conserver toute leur saveur, j'arrête la cuisson dès qu'elles s'apprêtent à roussir.

Puis je verse les œufs. Le grand débat familial vient de la divergence entre les adeptes des omelettes baveuses et ceux qui les préfèrent cuites. C'est un sujet épineux et récurrent!

Bien entendu, c'est un Champ des Treilles Grand-Vin blanc qui accompagne ce plat de vigneron. La finesse de ce vin s'accorde parfaitement avec des œufs.

Photos-0213.jpgLes baraganes, qui n'ont pas de saveur prononcée respectent complètement le vin.


Après avoir essayé le Petit-Champ dans les mêmes conditions, il a été décidé de le déguster seul…en attendant la cuisson de l'omelette…

 

 

Est-ce raisonnable? Evidemment, car nos vins sont d'une part exempts de tout produit chimique mais aussi leur fraîcheur les rend très digestes.


C'est du moins mon opinion!...

 

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21 mars 2008 5 21 /03 /mars /2008 15:55

"Taille tôt taille tard, rien ne vaut la taille de Mars".

C'est en pensant à ce vieil adage que nous avons entrepris de terminer la taille par le Cabernet-Sauvignon, les premiers jours du mois de Mars, qui avaient en plus la bonne idée d'être des jours "fruit", c'est-à-dire particulièrement recommandés pour la vigne.

La taille de ma vigne est un vrai bonheur. En plus d'agir sur la récolte suivante, on façonne la souche pour les années futures. Chaque cep est unique et demande une réflexion spécifique. Les recettes toutes faites, n'ont pas leur place. Il faut aimer sa vigne pour lui donner ce que l'on peut faire de mieux avec pour objectif de transmettre les ceps en bonne santé aux générations suivantes.

Tout juste taillées les souches commençaient à pleurer leur sève déjà remontée ; montrant ainsi que le printemps est en vue. Ces pleurs constituent la meilleure protection contre les maladies du bois. En effet, les courants de sève empêchent les spores de champignons de s'engouffrer dans les souches par les plaies de taille.

Par ailleurs, nous utilisons aussi le petit lait donné par un ami producteur de fromage. Les bactéries contenues dans ce liquide merveilleux colonisent les plaies et empêche tout développement des champignons. C'est un moyen de lutte naturel et surtout très logique. Le petit lait est alors associé à de l'argile et un compost biodynamique. L'ensemble, dynamisé avant épandage sur les souches et le sol, protège les souches des attaques de maladies et participe à la réactivation de la vie du sol. C'est merveilleux et efficace !!!

La présence épisodique d'une future maman-lièvre donnait un sentiment de bonheur parfait.

 

Plusieurs vols de grues en migration vers le nord ont confirmé l'approche de la nouvelle saison, en nous offrant un concert de cris stridents qui trahissaient leur présence alors que nous étions concentrés.

La vue de ces oiseaux majestueux parcourant ces longs déplacements depuis des temps éloignés nous prouve une fois de plus la complexité de notre monde et nous rappelle la place toute modeste que nous y occupons en vérité! 

 

Maintenant que la taille est finie, il reste un peu de temps pour effectuer des travaux accessoires avant la pousse de la vigne. Certains sont remis à plus tard d'une année sur l'autre par manque de temps.

Cette fois-ci, la bonne humeur aidant, nous avons entrepris de nettoyer quelques mètres d'une forêt en bordure d'une parcelle pour permettre aux premières souches des rangs de bénéficier du même ensoleillement que les autres. La colonisation par la forêt est très rapide et en deux ans, une zone dégagée retrouve pratiquement sont aspect d'origine. Dans quelques jours, les jeunes arbustes seront en végétation et il sera trop tard pour toute intervention cette année.

Il reste aussi des sentiers à empierrer localement dans les zones à forte pente, des piquets de bouts à réaligner,...

Bref, rien d'indispensable mais fortement recommandé si on veut avoir la conscience tranquille à l'aube de cette nouvelle saison culturale.

Pour le reste, on en reparlera...

 

 

 

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le blog de Corinne Comme

En créant ce blog,  je souhaite faire partager une certaine approche de notre métier de vigneron afin de réhabiliter le mot « paysan ». Au-delà de son rôle dans la production de denrées alimentaires, il doit aussi être le gardien d’un savoir ancestral et faire le lien entre la nature, les animaux et l’humanité. Il est l’observateur et le garant des grands équilibres de la vie. C’est une tache prenante et passionnante qui s’accompagne de joies, de peines et de moments de doutes.

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