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8 février 2010 1 08 /02 /février /2010 08:39

Quand je dis « entre amis », je sous-entends qu’il y avait de nombreux amis. En fait, il n’y en avait qu’un, un habitué, Eric Bernardin, l’auteur de fameux blog vino-culinaire.

Il avait souhaité passer nous voir samedi soir sur le domaine.

Ayant eu, comme tous les week-ends, du travail pour préparer des commandes de caisses, j’étais un peu à court d’idées pour préparer un diner digne de ce nom. Pour rajouter un peu de piment à mon stress, il y a eu une coupure de courant d’une bonne heure en milieu d’après-midi.

 

J’ai préparé un repas simple et sans prétention. De toutes façons, même en faisant de gros efforts, j’aurais été largement distancée par les talents de mon invité d’un soir.

 

L’originalité de la soirée venait des vins.

 

Nous avons choisi de faire une dégustation verticale du Grand Vin rouge du Champ des Treilles, sur les millésimes en bouteilles depuis que nous avons créé ce vin ; soit de 2000 à 2007.

Il manquait seulement le 2004 dont je n’ai plus une seule bouteille. Une erreur de compréhension avec un client étranger avait fait qu’il avait commandé plus de bouteilles que je pouvais lui en fournir. Pour honorer au mieux mes engagements, j’avais pris jusqu’à la dernière bouteille disponible. Je n’en ai pas gardé une.

 

VERTICALE.JPG

C’était la première fois que nous faisions une telle verticale de nos vins. C’est donc avec un peu d’angoisse que nous avons proposé cet exercice à notre illustre dégustateur.

 

Je suis mal placée pour juger de mes vins qui restent dans mon esprit comme autant d’enfants que j’aurais portés.

Eric fera sûrement des commentaires plus pertinents que moi sur le sujet.

 

Ce que je retiens de la dégustation de ces 7 vins, c’est tout d’abord l’homogénéité qualitative d’ensemble. Chacun avait son style, mais il n’y avait pas de bouteille que l’on pourrait qualifier de faible.

Tous les vins sont parfaitement dans leur millésime et c’est très important quand on cherche à favoriser l’effet terroir en respectant les conditions de l’année.

 

D’une façon que je pourrais qualifier de plus « émotionnelle », j’ai retrouvé dans chaque vin nos idées et nos interrogations sur notre métier au moment où ils ont été élaborés.

Les derniers millésimes semblent totalement confirmer cela. La volonté d’épurer la viticulture et la vinification pour revenir à l’essence même du terroir trouve dans les vins toute sa dimension.

 

Enfin, la dégustation aurait été instructive pour ceux qui regardent la biodynamie avec un petit sourire en coin ou un sentiment de défiance. La comparaison de vins issus du même endroit, fait par les mêmes personnes, confirme l’apport de la biodynamie.

Il ne s’agit pas de changer le noir en blanc ou le plomb en or, mais cette technique, philosophie de vie, a permis de révéler dans nos vins des arômes issus des roches du sous-sol et leur a donné un caractère indéfinissable que certains qualifient de « vibrant » mais qui s’apparentent à une profondeur envoûtante.

Le 2007, dernier millésime en bouteille, est particulièrement concerné par ces changements.

D’un avis général, c’était le vin le plus impressionnant de la série. C’est normal car c’est lui qui a bénéficié du plus grand nombre d’années en biodynamie et de cet apport de viticulture du retour à l’essentiel.

Chacun dans son terroir, on retrouve la même évolution que celle qui est constatée dans les derniers millésimes de Pontet-Canet.

 

C’est un peu normal…Jean-Michel pense donner son cœur et son sang pour Pontet-Canet

Pour moi c’est la même chose avec Champ des Treilles…avec en plus l’amour d’une mère pour ses enfants.

 

 

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1 février 2010 1 01 /02 /février /2010 11:06

Ce week-end, il y avait en même temps la pleine lune et le périgée. Ce dernier correspond en fait au moment où la lune est la plus proche de nous dans le mois. L’opposé du périgée est l’apogée.

Etant proche de la terre, elle nous apparait plus grosse lors du périgée.
Donc, ce week-end, la lune était à la fois parfaitement ronde et très grosse dans le ciel. Pour le commun des mortels, la lune est un astre presque comme les autres. Pour les agriculteurs, elle revêt une importance sans égal dans le cycle de la nature. Tous les anciens paysans savaient comprendre notre satellite naturel dans l’intérêt de leurs cultures. Maintenant, tout ou presque est perdu et il faut tout redécouvrir avec une volonté et une motivation constantes.

PERIGEE-copie-1.JPG

Il n’empêche que le spectacle de la lune dans le ciel est toujours un moment émouvant qui nous replace bien dans l’univers comme de petits grains de sable dans une structure immense dont on ne sait que peu de choses.

Margueron étant très peu pollué par les éclairages urbains (!!!), le ciel est tellement constellé d’étoiles durant les nuits sans nuage que l’on a l’impression que c’est faux et qu’un enfant a dessiné  les étoiles et en a ajouté et rajouté pour faire plus beau.

Depuis plusieurs années, Jean-Michel continue de noter la météo du jour à Pontet-Canet afin de constituer une sorte de banque de données qui, un jour, pourrait lui permettre de mieux comprendre le climat local. Ma perception de la nature fait plus appel au ressenti du moment qu’à de grandes études statistiques. Mais ensemble, nous nous complétons !

Les ambiances nous parlent ; la météo aussi. Encore faut-il être capable de recevoir les informations que la nature nous envoie.

La proximité de la pleine lune semble avoir favorisé la gelée du matin. Même s’il ne s’agit pas d’un paysage de neige, on peut quand même reconnaitre que la gelée a l’avantage de pouvoir donner un caractère magique à des paysages communs.


GEL.JPG

Mis à part le ciel et la lune, plus simplement, nous avons aussi pris le temps de nous occuper des commandes à préparer.

Une nouvelle étape est franchie car nous sommes arrivés à la dernière colonne de casiers de Vin Passion 2008. C’est une sorte de seuil psychologique, une ligne droite avant la fin du millésime. C’est là qu’on se rend compte que le temps passe et que bientôt la mise en bouteille du 2009 sera là. Avec elle, il y aura le printemps et la nouvelle saison…avant la prochaine vendange.

Mais on n’y est pas encore. Pour l’instant, c’est encore l’hiver et la lune est ronde.

Donc, contemplons là, le spectacle est toujours aussi grandiose !

 

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29 janvier 2010 5 29 /01 /janvier /2010 10:49

Hier,  j’avais deux rendez-vous sur le domaine avec deux de mes très bons clients. Il y a des jours calmes et des jours occupés.

C’est un peu comme avec le téléphone portable ; il peut rester des heures sans sonner, puis lorsqu’on reçoit un appel, un autre correspondant tente de vous joindre. Pourquoi tous les appels au même moment ? C’est un mystère qui me surprend toujours.

Pour en revenir à mon propos, je recevais, comme tous les ans, mes amis belge Mostade en voyage dans la région. Chaque fois que je les évoque dans ce blog, c’est toujours avec les mêmes mots, gentillesse et générosité. Arrivés dans la matinée, ils sont repartis après 14 h et un déjeuner simple et convivial que j’avais préparé pour pouvoir profiter au maximum de leur présence sans leur tourner le dos.

J’aime beaucoup leur compagnie. Comme beaucoup de mes revendeurs, ce sont des passionnés de vin. On a pu refaire le monde tout en dégustant les vins de la maison. Ils connaissaient déjà la plupart des millésimes et leur décision d’achat n’était pas basée sur leur passage. Mais, un verre de vin est toujours nécessaire pour refaire le monde. Et il y a tant à refaire qu’il vaut mieux plusieurs verres…

A peine étaient-ils partis que mon second distributeur arrivait. Il s’agissait de François venus du Japon. Là aussi, la discussion fut ouverte et agréable. Lorsqu’il est parti, il était pratiquement 18 heures ! Difficile d’avoir encore de la salive…

Vers la fin, il m’a filmée pour son site. La dernière question posée sur redoutable : que souhaiteriez-vous que les gens retiennent de vous ?

Il faut dire qu’avec du temps on peut y répondre facilement et clairement. Par contre, à froid devant une caméra, c’est plus difficile. Sûrement après quelques hésitations, j’ai répondu l’honnêteté. J’aimerais que l’on retienne de moi l’honnêteté vis-à-vis de mon mari, des gens qui m’entourent et aussi honnêteté vis-à-vis du terroir et de mes vins.

Maintenant, en écrivant cela, je pourrais aussi ajouter honnêteté dans mes propos sur ce blog vis-à-vis de mes idées et de mes engagements.

Même si parfois, cela me vaut quelques critiques…

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18 janvier 2010 1 18 /01 /janvier /2010 14:21

Le lot de Petit-Verdot n’avait pas été soutiré en même temps que les autres.

 

Est-ce une façon pour lui de faire valoir une fois de plus sa différence ? Peut-être. Mais dans tous les cas, il convenait de le séparer de ses lies. Avec à peine plus de 15 hl, il y avait plus de temps à passer pour installer le matériel, puis laver et tout ranger que de temps de soutirage proprement dit.

Si on devait noter avec précision les temps respectifs des différentes opérations dans un chai, on verrait que le vin ne bénéficie directement que d’une proportion assez faible de l’activité dans le chai. C’est surtout le nettoyage qui accapare nos efforts. C’est particulièrement vrai à cette période de l’année car il y a énormément de lie et de dépôt de tartre dans les cuves.

Je repensais à l’engouement de l’élevage sur lie pour les rouges qui s’est fortement développé il y a une dizaine d’année. Qu’en reste-t-il une décennie après ? Comme beaucoup de fausses grandes idées pas grand-chose. Certains persistent dans cette voie mais on ne peut pas dire qu’ils aient fait la différence avec les autres au niveau de la qualité des vins.

Beaucoup de ses techniques ne sont que des mirages qui font oublier que la qualité se construit à la vigne dans le pied de vigne et grâce au terroir. Cep et sols doivent être respectés car c’est sur eux que tout repose ; le reste c’est du détail.

 

Nous avions aussi plusieurs commandes de caisses à préparer. Notre projet et nos vins semblent intéresser toujours plus les cavistes. Nos bouteilles partent surtout à l’étranger mais en 2009, la part de vente aux cavistes français a augmenté. Nos ventes ont continué leur progression mais alors que l’étranger est resté stable, c’est la distribution traditionnelle française qui a fait la différence.

 

La seule nouvelle du week-end fut la disparition du salon de jardin en fer forgé qui était resté dehors. On vit dans une époque particulière pour laquelle on ne se vexe même plus de se faire voler. Cela fait partie des choses acquises.

On finit même par se dire qu’on a eu beaucoup de chance d’en profiter aussi longtemps.

 

C’est la relativité des choses. Quand on regarde en arrière on est des fois surpris.

Un café à 2 euros, c’est la routine. Pourtant, un café à 13 francs, c’est très cher. Un kilo de poireaux à 4 euros, c’est normal alors que 26 francs pour un kilo de poireau ne rencontrerait que peu d’acheteurs.

 

En décalant un peu chaque jour tous nos repères, on finit par ne plus savoir juger la vérité de ce qui nous entoure.

 

 

 

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15 janvier 2010 5 15 /01 /janvier /2010 10:55

Comme je le disais précédemment, la neige est tombée sur notre village. On a pu faire une petite balade dans les vignes pour profiter un peu du spectacle majestueux du vignoble en manteau blanc.

La première approche fut moins favorable car les vignes à 1 m font apparaitre encore plus distinctement les touffes d’herbes sur fond blanc.

NEIGE-VIGNE-1M.JPG 

Je plaisante car je m’en fiche totalement. C’est un clin d’œil à mon beau-père qui fait partie de cette génération de paysans pour qui une vigne bien travaillée est une vigne sans herbe. Exit la personnalité du sol et des pied de vigne ; seule compte l’absence d’herbe à tout moment de l’année.

La présence de neige sur les sols labourés évoque en moi un caractère régénérateur de la neige pour la terre. J’ai l’impression que l’on fait du bien au sol.


NEIGE-VIGNE-2M.JPG

La neige nous replace dans le grand cycle des saisons. L’hiver, symbolisé par la neige et le froid va jouer son rôle pour le nettoyage des ravageurs, l’affinage de nos sols argileux,…

Sans lui, il manquerait quelque chose. D’ailleurs, les années à hiver doux, on a le sentiment d’un manque, d’un cycle partiel et pas totalement équilibré. La présence ou l’absence de pluie ne change rien.

Il faut du froid pour la terre et la neige en est le meilleur pourvoyeur.

Je le ressens dans mon corps car mes vignes et moi ne faisons qu’un.

 Je sais que, malgré la rigueur des températures, les vignes aussi sont satisfaites d’avoir les pieds blancs.

De façon plus anecdotique, il y a les images de cartes postales qui font que l’on pourrait tout photographier.


NEIGE-ARBRE.JPG

Les nombreux animaux qui serpentent nos vignes laissent aussi des traces de leur passage. Il y a des milliers d’empreintes de pas. C’est d’ailleurs spectaculaire.



NEIGE TRACE
Et même si la chasse est fermée, cela donne une grande occupation aux chasseurs locaux qui peuvent ainsi fantasmer en imaginant la taille de chaque animal. Taille qui doublera à chaque fois qu’ils en feront part à quelqu’un ; surtout si c’est l’heure de l’apéro…

 

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11 janvier 2010 1 11 /01 /janvier /2010 10:42

Comme beaucoup, nous avons découvert la neige samedi matin en ouvrant les volets. J’ai une véritable phobie vis-à-vis d’elle, mais il faut reconnaitre que le spectacle de la campagne blanche est quand même féérique.

Pourtant, ce week-end le programme de travail était chargé et il y avait peu de place pour la rêverie.

Il y avait plusieurs cuves à soutirer. C’était la première fois qu’on leur effectuait cette opération après la fin des fermentations malo-lactiques. Comme toujours dans ces cas là, les cuves sont très sales par les lies et le tartre déposés partout sur les parois. Il y a plus de temps de nettoyage que de pompage. Parfois, nous regardions tomber les flocons en entrouvrant la porte.

Une année, avant la réfection du toit, nous soutirions des barriques avec les enfants. Nous avons été prévenus de l’arrivée de la neige par les flocons qui tombaient dans le chai en se faufilant entre les vieilles tuiles. Certes, le toit était en très mauvais état mais il ne laissait pas passer autant de pluie. La neige à un pouvoir de pénétration dans les bâtiments qui est assez étonnant.

Dimanche, au contraire il y avait les premières palettes de caisses de l’année à préparer. La trêve des confiseurs aura duré peu de temps. Je ne m’en plains pas du tout et plus il y a de caisses à préparer plus je suis contente.

Cependant, étiqueter des bouteilles avec des températures proches de zéro relève de la performance. Je ne parle pas de mon petit confort mais de l’étiqueteuse et des étiquettes autocollantes qui ne sont alors pas dans les meilleures conditions.

Pendant un changement de lot, Laure a pris le temps de faire un petit bonhomme de neige devant la porte du bâtiment. Il avait une bonne bouille et un aspect sympathique.



BOHOMME DE NEIGELe prochain redoux aura raison de lui, mais en attendant il veille sur les bouteilles !

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22 décembre 2009 2 22 /12 /décembre /2009 13:26

Ça y est, les malos sont enfin terminées.

Samedi matin, en ouvrant la dernière cuve, j’ai tout de suite vu que la mystérieuse et discrète transformation était bien engagée. Quelques petites bulles en surface témoignaient du processus. L’analyse faite dans la foulée n’a fait que confirmer cela.

J’ai donc effectué le geste magique qui consiste à tourner la clé qui commande la pompe de circulation d’eau de chauffage ou refroidissement.

Lorsque j’avais fait le geste dans l’autre sens, pour le démarrage, c’était au début des vendanges en blanc, c'est-à-dire il y a…plus de 4 mois !

A l’époque, on était en tee-shirt, il faisait chaud et on ne savait pas encore comment se dérouleraient la récolte.

Cette fois-ci, il faisait très froid dehors et le toit au dessus de ma tête était couvert d’un couche de neige.

Quel contraste !

Maintenant, les vins vont pouvoir profiter de l’hiver qui va descendre sur eux et les envelopper tendrement.

Pour nous, c’est un peu différent et même le contraire car avec la fin du chauffage des cuves, c’est la maison qui va enfin pouvoir être chauffée correctement. Dans ce cas, c’est un peu l’hiver qui va s’en aller et qui ne nous enveloppera plus tendrement, ou plutôt fermement !!

 

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17 décembre 2009 4 17 /12 /décembre /2009 11:07

Hier soir, c’était la soirée dégustation de Sciences Po Bordeaux. Jean-Michel et moi étions invités à y présenter nos vins.

 

Nous avons donc fait un bond de 25 ans en arrière en revoyant ces soirées étudiantes ; même si pour ma part, je n’en étais pas une habituée.

 

Les organisateurs avaient demandé à 2 viticulteurs de venir parler de leurs vins et de leur philosophie viticole.

Le choix ne devait sûrement rien valoir au hasard puisque le second domaine était Château Guiraud, le Premier Cru Classé de Sauternes, seul Cru Classé en bio dans le coin. Nous avons été très honorés d’être en si brillante compagnie.

 

Dans une ambiance bonne enfant, nous avons présenté successivement le Grand Vin blanc 2005 puis le Grand Vin rouge 2003.


Une fois de plus, nous avons pu constater que la dimension environnementale du vin est une donnée fondamentale dans l’esprit de tous ces jeunes gens.

 

C’était à la fois sympathique et encourageant que de voir réunis autour du vin plus de 200 étudiants d’une grande école.

A l’heure où le vin est attaqué de toutes parts, la vision d’autant yeux brillants en écoutant parler de vigne et de vin fait particulièrement chaud au cœur.

 

Qu’on le veuille ou non, la dimension culturelle du vin est toujours un pilier de notre société.


Et ce n’est pas la vigneronne qui va s’en plaindre !

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11 décembre 2009 5 11 /12 /décembre /2009 09:57

Depuis quelques semaines, nous sommes confrontés à un nouveau dilemme qui ne s’était pas présenté avant.

Notre petit domaine est devenu une vraie entreprise, petite certes, mais entreprise quand même avec la nécessité d’avoir une vision à long terme.

En biodynamie, on dirait qu’il faut être « solaire », c'est-à-dire de tracer un cap et de le suivre. C’est vraiment le trait de caractère de Jean-Michel.

Donc, nous réfléchissons à l’avenir du Champ des Treilles. Lorsque nous avions fait construire les précédents bâtiments, le projet avait été défini dans sa globalité pour intégrer des évolutions futures. Ainsi, on évitait de faire des opérations en double ou pire encore d’avoir à démolir des choses pas encore fini de payer pour en intégrer des nouvelles.

Pour des questions de budget, nous n’avions construit que 2 bâtiments sur 3. Le dernier, un cuvier devait éventuellement venir par la suite si les conditions le nécessitaient et surtout le permettaient.

Les années passant, ce moment semble être venu. Le cuvier actuel est très fonctionnel mais un peu petit pour être vraiment à l’aise.

L’époque du permis de construire précédent n’est pas très lointaine (2003) mais depuis on se rend compte que tout est un peu différent. La trame reste la même mais des idées ont changé.

Pour nous, il est encore plus important qu’avant de s’intégrer dans le paysage local, de respecter l’esprit des vieux murs vieux d’un siècle et demi et aussi de respecter l’environnement.

Pour cela, on pourrait penser que tout est simple mais pas du tout. Entre le « durable » vrai et sincère et le durable tel qu’on nous le présente il y a parfois des différences significatives.

Ainsi, l’électrique est propre sauf quand on ne sait pas recycler les batteries ou qu’on a une centrale nucléaire à proximité et des pastilles d’iode dans les placard en cas de fuite ou encore qu’une ligne à très haute tension passe à proximité.

Les matériaux modernes sont « durables », craché juré par le fabriquant, sauf qu’ils dureront largement moins longtemps que les anciennes constructions.

La pierre est le plus noble des matériaux mais son prix est quelque peu dissuasif et les compétences pour l’utiliser ont fondu comme neige au soleil.

Voilà donc, l’état de notre réflexion.

Le plus dur n’est finalement pas de dépenser l’argent mais de savoir comment on va le dépenser !

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30 novembre 2009 1 30 /11 /novembre /2009 12:43

C’est presque l’hiver mais déjà la nature nous a donné un avant goût de cette saison avec un week-end partiellement pourri.

Tous les paysans le disent, c’est une bonne chose qu’il tombe de l’eau maintenant. Il n’y a plus de récolte dehors donc, la pluie peut tomber sans regret.

 

Dans nos vignes, la taille a commencé et les ceps ont perdu leur beau feuillage d’automne pour présenter les sarments tristes et dressés.

J’éprouve toujours un sentiment de nostalgie en me promenant dans les rangs de vigne à cette saison.

Parfois, un raisin oublié par un vendangeur ramène à la surface des souvenirs de cette période, proche et lointaine à la fois. Il m’arrive même de sourire en repensant à des blagues où des propos de gamins qui sont de mise pendant les vendanges.

 

Dans les chais, au contraire il fait bon. Depuis que nous sommes entrés dans l’aire de la toiture neuve et isolée, le maintient des températures est beaucoup plus facile. Les factures d’électricité sont aussi sensiblement moins douloureuses à recevoir.

Environ la moitié de la récolte a fait sa fermentation malo-lactique. Pour l’autre moitié, c’est je l’espère, une question de jours.

Tout comme les levures à une certaine époque, les bactéries lactiques du commerce sont sur le point d’envahir totalement les chais. Pour cela, les industriels utilisent la corde facile et efficace de la peur en prédisant les plus grandes catastrophes pour ceux qui se risqueraient encore utiliser les bactéries déjà présentes dans les vins.

La technique est bien rôdée et elle est ressortie chaque fois qu’un nouveau produit est mis sur le marché.

 

Il est évident pour nous de laisser la nature faire son travail sans faire appel aux produits du commerce. Tous les ans, ça fonctionne…


Quand cette transformation arrive, je la sens arriver. Les vins changent à la surface des cuves et ils se dégustent un peu différemment. L’analyse ne fait souvent que confirmer mon ressenti.

 

Une vraie maman comprend toujours son enfant sans qu’il ait besoin de s’exprimer.

Pour mon vin et moi, c’est un peu la même chose car il est un peu la chair de ma chair.

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le blog de Corinne Comme

En créant ce blog,  je souhaite faire partager une certaine approche de notre métier de vigneron afin de réhabiliter le mot « paysan ». Au-delà de son rôle dans la production de denrées alimentaires, il doit aussi être le gardien d’un savoir ancestral et faire le lien entre la nature, les animaux et l’humanité. Il est l’observateur et le garant des grands équilibres de la vie. C’est une tache prenante et passionnante qui s’accompagne de joies, de peines et de moments de doutes.

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