Quand je dis « entre amis », je sous-entends qu’il y avait de nombreux amis. En fait, il n’y en avait qu’un, un habitué, Eric Bernardin, l’auteur de fameux blog vino-culinaire.
Il avait souhaité passer nous voir samedi soir sur le domaine.
Ayant eu, comme tous les week-ends, du travail pour préparer des commandes de caisses, j’étais un peu à court d’idées pour préparer un diner digne de ce nom. Pour rajouter un peu de piment à mon stress, il y a eu une coupure de courant d’une bonne heure en milieu d’après-midi.
J’ai préparé un repas simple et sans prétention. De toutes façons, même en faisant de gros efforts, j’aurais été largement distancée par les talents de mon invité d’un soir.
L’originalité de la soirée venait des vins.
Nous avons choisi de faire une dégustation verticale du Grand Vin rouge du Champ des Treilles, sur les millésimes en bouteilles depuis que nous avons créé ce vin ; soit de 2000 à 2007.
Il manquait seulement le 2004 dont je n’ai plus une seule bouteille. Une erreur de compréhension avec un client étranger avait fait qu’il avait commandé plus de bouteilles que je pouvais lui en fournir. Pour honorer au mieux mes engagements, j’avais pris jusqu’à la dernière bouteille disponible. Je n’en ai pas gardé une.
C’était la première fois que nous faisions une telle verticale de nos vins. C’est donc avec un peu d’angoisse que nous avons proposé cet exercice à notre illustre dégustateur.
Je suis mal placée pour juger de mes vins qui restent dans mon esprit comme autant d’enfants que j’aurais portés.
Eric fera sûrement des commentaires plus pertinents que moi sur le sujet.
Ce que je retiens de la dégustation de ces 7 vins, c’est tout d’abord l’homogénéité qualitative d’ensemble. Chacun avait son style, mais il n’y avait pas de bouteille que l’on pourrait qualifier de faible.
Tous les vins sont parfaitement dans leur millésime et c’est très important quand on cherche à favoriser l’effet terroir en respectant les conditions de l’année.
D’une façon que je pourrais qualifier de plus « émotionnelle », j’ai retrouvé dans chaque vin nos idées et nos interrogations sur notre métier au moment où ils ont été élaborés.
Les derniers millésimes semblent totalement confirmer cela. La volonté d’épurer la viticulture et la vinification pour revenir à l’essence même du terroir trouve dans les vins toute sa dimension.
Enfin, la dégustation aurait été instructive pour ceux qui regardent la biodynamie avec un petit sourire en coin ou un sentiment de défiance. La comparaison de vins issus du même endroit, fait par les mêmes personnes, confirme l’apport de la biodynamie.
Il ne s’agit pas de changer le noir en blanc ou le plomb en or, mais cette technique, philosophie de vie, a permis de révéler dans nos vins des arômes issus des roches du sous-sol et leur a donné un caractère indéfinissable que certains qualifient de « vibrant » mais qui s’apparentent à une profondeur envoûtante.
Le 2007, dernier millésime en bouteille, est particulièrement concerné par ces changements.
D’un avis général, c’était le vin le plus impressionnant de la série. C’est normal car c’est lui qui a bénéficié du plus grand nombre d’années en biodynamie et de cet apport de viticulture du retour à l’essentiel.
Chacun dans son terroir, on retrouve la même évolution que celle qui est constatée dans les derniers millésimes de Pontet-Canet.
C’est un peu normal…Jean-Michel pense donner son cœur et son sang pour Pontet-Canet
Pour moi c’est la même chose avec Champ des Treilles…avec en plus l’amour d’une mère pour ses enfants.