Nous avons donc repris le chemin des rangs de vigne. Les grains n’ont plus le doré des cépages blancs mais ont cette belle couleur indéfinissable des raisins rouges ; dont l’aspect est à mi-chemin entre le velours et la soie.
On ne le dira jamais assez, mais c’est vraiment une année exceptionnelle. Je ne parle pas de la qualité à venir du vin, car celui-ci n’est pas encore fait. L’ « année du siècle » ne se décrète que lorsque le vin est fini et qu’il est servi dans les verres. Avant ce moment, ce ne sont que des suppositions plus ou moins sincères.
J’emploie le mot « exceptionnel » dans le sens "hors-normes". Les concentrations en sucre sont magnifiques et grâce à notre viticulture du respect, les acidités sont suffisamment présentes pour envisager de beaux équilibres dans les vins et la présence de la nécessaire fraicheur qui incite toujours à retendre son verre lorsqu’on l’a vidé…
Maintenant la vigne a fini son travail. Elle nous le dédie mais aussi nous le confie. Il nous faut donc être à la hauteur pour ne pas la décevoir !
Les pluies sont arrivées lorsqu’il le fallait. Même si elles ont pu être fortes, elles n’ont pas perturbé le planning de vendange que j’avais pu élaborer dans ma petite tête déjà bien chargée.
Après les blancs, on a attendu pour les Merlot. C’est la préoccupation du moment pour l’équipe. Ensuite, on attendra de nouveau, dans la sérénité, pour guetter le moment idéal qui nous permettra de vendanger des Cabernet à leur optimum. Le Petit-Verdot sera pris quand il l’aura décidé. Là aussi, je suis au service de chaque cépage et chaque parcelle !
Pour l’heure, on est confronté à un problème peu courant en bordelais : la chaleur de l’après-midi qui fatigue et ralentit les vendangeurs. Il y a aussi les sécateurs qui collent aux mains, les cheveux poisseux de jus sucré,…
Heureusement, le soleil qui brille, rend les gens de bonne humeur et ils supportent ces conditions.
On profite de ces moments particuliers afin de se faire des souvenirs pour les millésimes futurs, au cas où il pleuvrait pendant les vendanges.
Heureusement, ça n’arrive jamais, du moins chez nous…