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13 août 2008 3 13 /08 /août /2008 10:02

Quelques jours après la mise en bouteilles, nous n’avons qu’une hâte, goûter les vins pour nous rendre compte de leur état après cette période douloureuse de leur jeune existence.

Mais chez nous, pas question de faire une dégustation façon « assemblage » avec un alignement de bouteilles et de verres. Ce ne serait pas respectueux du vin.

A chaque dégustation, nous n’ouvrons qu’un seul flacon…et en général nous le finissons.

Très souvent, le moment choisi est celui de l’apéritif. C’est un moment propice à la dégustation. Mais en plus, c’est une période de décontraction après les tracas de la journée.

On prend le temps de déguster tout en discutant. Parfois même, nous refaisons le monde ; et il y a de quoi faire !!!

On finit par se dire que ce n’est pas raisonnable et qu’on va devenir alcooliques. Mais en discutant avec nos proches ou des amis, on se rend compte que beaucoup d’entre eux font de même. Ça ne guérit pas mais ça rassure de se sentir appartenir à un clan !

Donc, la première bouteille ouverte fut bien entendu une bouteille de blanc sec 2007. Nous attendions ce moment avec impatience car nous avons fait évoluer notre gamme.

En fait, c’est en grande partie le vin lui-même qui a dicté nos choix. J’en avais  parlé il y a quelques semaines. Nous sommes revenus aux fondamentaux des vins blancs de Bordeaux.
Cette nouvelle cuvée est composée des 3 cépages, Sémillon, Sauvignon blanc et Muscadelle à proportions égales. Chacun apporte sa contribution à l’édifice. On retrouve donc  le vin blanc à servir dans un repas, aromatique, complexe mais ayant une belle structure en bouche avec la longueur venue du Sémillon. Exit la barrique pour retrouver l’essence même de chaque cépage. Dans ces conditions, c’est le terroir qui parle pratiquement seul. Le cépage devient son support. C’est une relation vraie. Quand j’ai dégusté ce nouveau blanc, j’ai ressenti par la minéralité les silex qui affleurent sur le sol des parcelles. Cette sensation se mêle aux arômes d’agrumes,  de fleurs, de tisane……que du bonheur !

Les résultats sont à la hauteur de nos attentes.

Ce vin est l’opposé d’un vin de concours. Mais surtout c’est un vin frais et digeste. Lorsqu’on a fini son verre, on n’a qu’une envie, s’en resservir un autre !

Jusqu’à l’ouverture de cette bouteille, la cuvée n’avait pas vraiment de nom, ou plutôt de prénom car elle portera avant tout les couleurs du Château du Champ des Treilles.

Finalement, un terme s’est directement imposé à nous : VIN PASSION.

Ces 2 mots illustrent parfaitement les relations que nous avons avec nos vignes et nos vins. La passion qui nous anime oriente totalement notre vie dans tous ses aspects. Nous le ressentons dans nos vins et bien souvent nos clients aussi. C’est donc que l’objectif est atteint.

Maintenant, il faut valider les nouvelles étiquettes, soumettre le projet à Ecocert,…

En plus, c’est le mois d’août, le mois où rien n’avance.

 

Pourtant, il faut faire vite car il ne reste plus que quelques caisses du  millésime précédent.

Maintenant, il reste encore à déguster les rouges puis le liquoreux « vieilles vignes ».

Que de travail en perspective…Mais enfin, le travail c’est le travail !!!

 

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11 août 2008 1 11 /08 /août /2008 08:31

Récemment, en rentrant de traiter  les vignes avec l'enjambeur, Jean-Michel a fait une remarque qui tout d'abord m'a surprise.

Il a vu des cailles! Certes, il n'y en avait que deux, mais il a été obligé de stopper son engin dans le rang à plusieurs reprises car les volatiles pas très futés, il faut bien l'avouer, courraient devant le tracteur devant les roues au lieu de s'envoler directement ou tout simplement de bifurquer dans le rang d'à côté.

Puis en parlant avec lui, je me suis rendue à l'évidence que c'était la première fois depuis 10 ans que nous évoquions ce gibier.

Nous sommes des habitués des lièvres qui ont élu domicile dans nos vignes indemnes de ces odeurs de mort. On ne fait plus cas des chasseurs qui habitent eux-aussi dans les mêmes parcelles. En fait, lorsque c'est la saison des chasseurs, les lièvres semblent disparaitre. C'est bizarre, même si mon beau-père m'assure que les chasseurs en question n'apprécient pas le lièvre. Ils doivent surement être là uniquement pour promener les chiens, qui comme chacun le sait, ne savent pas se promener sans la présence d'un fusil chargé porté par un individu en costume de guerre.

A l'occasion, on rencontre aussi un ou deux faisans, vestiges encore vivants du dernier lâcher du samedi après-midi pour la chasse du dimanche matin.

Dans tous ces cas, cela reste des anecdotes.

 

Par contre, les cailles!!!

L'arrivée de mon beau-père a donné quelques éléments historiques plus précis que ceux de Jean-Michel. Ce dernier était tout petit lorsque les cailles et autres petits animaux sauvages ont disparu du paysage rural.

Jusque dans les années 60-70, il était fréquent d'en voir. Parfois, en coupant le foin, la faucheuse détruisait malencontreusement un nid de caille. Ou bien un de ces volatiles était amputé par le terrible engin.

Les faisans et les perdreaux existaient mais sans avoir l'obligation d'en lâcher quelques uns un jour avant de les tuer.

Bref, il y avait de la vie dans les champs.

 

En écoutant ces récits qui n'avaient rien des aventures de Tartarin de Tarascon, j'ai pu faire la parallèle avec notre époque actuelle.

 

En 30-40 ans d'agriculture intensive, tout ou presque a disparu. On a tout détruit.

En écoutant mon beau-père parler avec passion de cailles cuisinées dans le passé par sa femme, sa mère ou sa grand-mère Ida, j'ai fait la comparaison avec celles que j'ai eu l'occasion de gouter il y a nombreuses années lorsque j'étais encore citadine et qui venaient d'un élevage intensif. Une fois de plus, quelque misère et quel appauvrissement culturel.

 

Je me suis aussi souvenue d'une remarque du grand-père qui aimait beaucoup voir les petits oiseaux. Lorsqu'il était arrivé à Margueron, à la fin des années 50, les mésanges avaient l'habitude de nicher dans la vieille pompe à main du puits. Puis avec l'arrivée des pesticides, particulièrement sur les pruniers, il avait de nombreuses fois découvert les oisillons morts dans le nid; sûrement après l'empoisonnement de leurs parents.

Une année, les mésanges ont tout bonnement disparu du paysage. La vieille pompe à eau, dont c'était la seule utilité, avait un jour était démontée.

Il nous reste encore son chapeau quelque part devant la maison, comme pour nous rappeler l'époque où il servait de toit à des couvées de petits oiseaux.


Certes, on peut très bien vivre sans avoir de caille dans ses champs ou de mésange dans sa pompe à eau, mais leur absence est le signe d'une situation beaucoup plus grave. On a vu les animaux disparaitre, progressivement, au gré des nouvelles molécules de l'industrie chimique.

Maintenant, on peut se demander quels seront les prochains sur la liste. Peut-être nous...

 

Pour conclure, je ne sais pas si les cailles resteront longtemps dans nos vignes, mais je suis très fière qu'elles aient élu domicile dans notre domaine. C'est une preuve supplémentaire que la voie choisie, même si elle est exigeante, reste la meilleure, pour nos vignes tout d'abord mais aussi pour l'avenir de nos enfants.

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28 juillet 2008 1 28 /07 /juillet /2008 07:52

Comme tous les ans, je l'ai redoutée et comme tous les ans la mise en bouteilles s'est déroulée sans incident ; parfaitement comme prévue.

N'ayant pas de matériel pour cette opération particulière, comme la plupart des gens, je fais intervenir une société extérieure.

Toutes ces entreprises ne se valent pas. J'ai eu l'occasion d'en "tester" certaines qui travaillaient avec beaucoup plus d'approximation que celle-là.

Une des difficultés chez moi vient du petit nombre de bouteilles de chaque catégorie. A choisir, ils préfèrent de loin des lots peu nombreux mais très importants en nombre de bouteilles.

A chaque changement, c'est du temps perdu (qui est facturé malgré tout) et aussi une source d'erreurs.

Ensuite, lorsque la machine est lancée c'est un jeu d'enfant. Elle avale les bouteilles vides goulument et recrache avec la même constance les bouteilles pleines.

 

Une de mes angoisses préalables venait des bouteilles vides. Il y a actuellement une pénurie ou plutôt une tension assez forte dans ce secteur. Il semble que seuls les clients fidèles et bon payeurs puissent espérer bénéficier des précieux contenants.


Heureusement, j'ai des défauts mais pas celui de laisser trainer les factures. Donc, j'ai eu mes bouteilles.

Mais il se dit que certains n'ont pas pu faire leur mise. Il est sûr que les dates ne sont confirmées par les prestataires que lorsque la commande de bouteilles peut être honorée. C'est une situation bizarre de pénurie que nous n'avions jamais connu et qui fait un peu penser aux années d'après-guerre.

 

Dans notre métier, nombreux sont les produits qui semblent concernés par un début de pénurie ou de forte augmentation de prix.

On peut penser que bien souvent les ruptures d'approvisionnement sont orchestrées pour faire flamber les prix.

Que peut-on faire ? A vrai dire pas grand-chose, surtout lorsqu'on dépend de groupes en situation de quasi-monopole.

On en arrive presque à être content de pouvoir payer des fournitures à prix d'or en pensant qu'on aurait pu ne pas en avoir ! C'est sûrement le but recherché par ceux qui tirent les ficelles.

 

Bref, ma mise est faite. Il me reste à m'acquitter des différentes factures en me montrant bonne élève en pensant à l'an prochain.

Mais surtout, il me faut maintenant vendre ce vin...pour pouvoir payer les prochaines factures.

C'est la roue du commerce!

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23 juillet 2008 3 23 /07 /juillet /2008 13:41

Depuis quelques temps, il est de bon ton de tout compter en CO2 dégagé pour toute opération dans le vignoble et au chai. Certains, en créant eux-mêmes leurs normes, se décrètent directement champion du monde de la discipline.

Une chose est sûre, lorsqu'on est en bio, la question de la consommation de carburant est fondamentale car le nombre de passages en tracteur peut faire penser à une dégradation de l'environnement plus importante qu'en lutte "chimique".

Il n'est pas rare de voir maintenant des comparaisons pertinentes dans ce sens rapportées par des gens de bonne foi.

Doit-on comparer la production de C02, l'utilisation de pesticides, la contamination des nappes phréatiques, ou même le pillage tout simple de la réserve en eau ?

La réponse n'est pas simple.

 

Pour ce qui est du travail du sol, nous avons toujours essayé d'intégrer la consommation énergétique dans notre raisonnement, allant ainsi souvent à l'encontre de beaucoup de tendances actuelles.

 

Après plusieurs années de tâtonnements, nous en sommes revenus aux outils traditionnels pour l'entretien de nos parcelles.

Lorsque nous avons repris le domaine, il y avait des appareils que nous pensions ne jamais revoir fonctionner chez nous. Puis, petit à petit, à force de réflexions, ils se sont imposés dans notre environnement. Après avoir pensé donner les vieux outils à un musée, on a décidé de les garder et…ils ont tous été utilisés depuis ; à notre plus grande satisfaction.

 

Au Champ des Treilles, pour les vignes à 2m, il y a la charrue vigneronne qui pousse la terre une fois dans un sens (pour le buttage ou chaussage à l'automne), puis dans l’autre sens la fois suivante (au printemps pour le déchaussage).

Notre charrue a bien 40 ans et pas une ride. Remarquez, c'est tellement simple qu'il ne peut rien arriver ou presque.

Elle prépare le passage de la décavaillonneuse qui est une charrue animée qui va chercher la terre sous le rang puis se rétracte lorsqu'un tâteur détecte un cep ou un piquet.

 

Dans les vignes à 1m, c’est beaucoup plus simple, il n’y a besoin que de la décavaillonneuse car les rangs sont très proches les uns des autres.

 

La seule concession au modernisme vient du fait que les décavaillonneuses sont hydrauliques pour une plus grande sensibilité par rapport à leurs cousines mécaniques.

La pression nécessaire sur le tâteur pour faire écarter le soc est bien moindre.

 

Le décavaillonnage est une opération très risquée car il est très facile d’arracher des ceps si le chauffeur n’a pas toute son attention sur son travail. C’est aussi une opération très longue (1 ha par jour en vignes à 1m)

Les beaux jours des désherbants chimiques sont venus de la suppression de décavaillonnage.

En ne travaillant plus la terre sous le rang, on sauve des pieds de vigne et on économise du temps. Bien entendu, il y a des contreparties qui sont très graves selon nous et qu’il serait malhonnête d’occulter.

C’est d’ailleurs pour cela que nous acceptons de prendre autant de peine à décavaillonner.

 

Nous utilisons des décavaillonneuses Egretier. Avant, tout le monde ou presque avait le même équipement. Jean-Michel est fasciné par ces outils spectaculaires. Il vous racontera avec passion (comme il l'a fait pour moi des dizaines de fois) que depuis les modèles des années 60 à ceux de maintenant, il n'y a eu aucun changement tellement le système était bien pensé. Tout est réglable pour s'adapter à toutes les conditions. Même le passage à l'hydraulique s'est fait en conservant intégralement ce qui existait. On peut donc en 2008 rendre hydrauliques des charrues de 1960 sans modification ou presque. C'est magique.

 

Nous n'aimons pas les engins rotatifs qui malaxent la terre même s'ils sont la tendance actuelle. D'une conception complexe, ils laissent le sol lisse mais déstructurent la terre. De plus, ils nécessitent des puissances importantes qui s'accompagnent de dépenses énergétiques en proportion.

 

Après plusieurs années de notre organisation actuelle de travail du sol, nous pensons avoir trouvé un équilibre acceptable entre la propreté des parcelles, le respect du sol, le nombre de souches arrachées par la charrue et la consommation de carburant.

Cette volonté de réduire au maximum le nombre de passages et donc la consommation en carburant nous amène à choisir de dates de labours assez tardives.

Malheureusement, cette année les conditions pluvieuses ont joué contre nous et nous ont obligé ensuite à décavaillonner avec des niveaux d'enherbement des parcelles en limite de l'acceptable.

Mais, il faut se rendre à l'évidence que le temps de la simplicité est terminé.

De plus, il ne faut jamais oublier qu'en travaillant avec la nature, il y a toujours une part d'incertitude; c'est même une base de notre métier.

 

Il y a 50 ans, les viticulteurs locaux devaient avoir terminé les labours de printemps avant le 20 mars, c'est-à-dire avant la foire de Sainte-Foy. Il y avait une sorte de compétition entre eux. C'était à celui qui terminerait le plus tôt. Cette émulation obligeait à labourer de nombreuses fois les parcelles dans la même saison.

 

Cette fierté gratuite ne doit plus être de mise maintenant car chaque passage supplémentaire signifie un impact environnemental.

 

On doit aussi intégrer au raisonnement la puissance (du tracteur) nécessaire à l'entretien du sol.

Dans ce domaine, les outils simples dont nous disposons restent des références difficiles à égaler.

 

En conclusion, lorsqu'il est intégré dans une démarche sincère et globale, le bio ce n'est pas aussi simple que l'on pourrait le penser.…

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15 juillet 2008 2 15 /07 /juillet /2008 07:35

Comme d'habitude, c'est dans les vignes et les chais que nous avons passé le 14 juillet et le reste de ce week-end de 3 jours.

Il faut dire qu'avec le retour du beau temps, il y a du travail dans toutes les directions.

 

J'ai aussi des commandes qui doivent partir dans les jours prochains. C'est toujours une bonne chose de voir des palettes de caisses bien rangées avec le nom de leur destinataire. Parfois, on se prend à rêver de suivre le vin jusque chez le consommateur final. Qui consomme mon vin, dans quelle maison, avec quel mobilier, à quelle occasion, avec quel plat,...

On revient très vite à la dure réalité avec l'aide du rouleau d'étiquettes qui se termine ou la machine qui connait des ratés.

Il y a un autre avantage à faire partir du vin. Je libère ainsi des casiers métalliques de 600 bouteilles dont j'aurai besoin dans quelques jours pour la future mise en bouteilles.

Ces casiers coûtent assez cher et de plus en plus cher. Je dispose donc de la quantité nécessaire sans plus.

Les derniers départs de vin de cette saison participent donc à diminuer mon angoisse d'avant mise. Il y aura largement assez de casiers vides; donc j'ai déjà un problème de moins.

Rassurez-vous, il y a de nombreuses autres occasions pour moi d'être angoissée pour la mise en bouteilles. Par exemple, je compte et recompte les commandes de bouchons en comparant avec le volume de vin à embouteiller. Je finis par tout mélanger dans ma tête et donc chaque recomptage me rassure.

 

J'ai aussi les vins blancs à finir de soutirer pour une filtration dans la semaine.
Les rouges quant à eux ne seront filtrés qu'au moment de la mise. Pour la première fois, ils ne seront pas collés. Ce n'est pas un choix de notre part mais une décision du vin lui-même si on peut dire. Après essais de collage, il nous est apparu que les témoins étaient meilleurs que les essais collés. On a donc respecté la volonté du vin!

 

Jean-Michel ne m'a pas beaucoup aidé car il est resté pratiquement tout le week-end avec son enjambeur. D'abord pour décavaillonner (enfin), puis pour traiter. Il a juste pris le temps de dépanner un problème électrique de l'étiqueteuse.

Le rognage a été l'œuvre de notre fils Thomas ; sous l'œil attentif de son père néanmoins.

 

Jean-Michel n'a jamais vraiment de repos. Après sa semaine à Pontet-Canet, il fait une autre semaine (en deux jours) dans notre domaine. Souvent, je suis inquiète pour lui mais il ne se plaint jamais. Il faut dire que la vigne est sa passion et sa vraie raison de vivre.
Souvent, il dit que la sève de la vigne circule dans ses veines et que son sang se mêle à la sève de la vigne. C'est sûrement en partie vrai, surtout quand on a connu 2007…

 

En positivant, on peut penser que le fait d'avoir une vraie expérience de terrain constitue un avantage dans son travail de régisseur. Rares sont les responsables de grands domaines qui savent décavaillonner, traiter en le faisant réellement, ou qui ont déjà passé des journées à tailler sous la pluie. Tant qu'on ne l'a pas fait, on ne peut pas savoir ce que c'est.

 

Ce fut donc pour nous un week-end ordinaire de travail. Ce qui ne l'est plus tout à fait, c'est d'avoir eu les enfants avec nous pendant 3 jours.

Pour Thomas, les semaines sont maintenant comptées avant son départ à Tarbes pour 5 ans mais surtout pour commencer à vivre sa vie sans nous.

Laure est plus jeune, mais elle a l'âge où on commence à moins rechercher la présence de ses parents pour préférer celle des copains.

 

Finalement, le bonheur est peut-être tout simplement là en étant avec ses enfants, même s'il y a entre nous une palette de caisses à monter ou un tracteur et sa rogneuse.

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11 juillet 2008 5 11 /07 /juillet /2008 09:10

Récemment, je vous ai peut-être étonné en vous parlant de dégustations de fleurs de vigne.

Mais je pense que là, vous allez plutôt me prendre pour une folle.

 

Pourtant, c'est tout à fait sérieux. Je vais vous parler de dégustation de …feuilles de vigne.

Si vous pensez à la spécialité grecque des feuilles de vigne farcies, vous n'y êtes pas du tout.

 

Il s'agit bien de feuilles natures et crues.

 

Le but n'est pas de faire un repas gastronomique mais d'un vrai exercice destiné à mieux comprendre les différents cépages.

 

Avant toute chose, je dois préciser qu'il est indispensable d'être en bio avant de mettre des feuilles dans sa bouche. Pour une fois, les adeptes de la chimie lourde (ou de sa version édulcorée qu'est la lutte raisonnée), seront d'accord avec moi sur le fait qu'il existe bien une différence entre les deux viticultures. Dans l'une on peut manger les feuilles, pas dans l'autre.

 

Il est cependant souhaitable de les laver si elles ont été traitées.

Les jeunes feuilles sont préférables aux vieilles, plus dures.

 

En fait, on ne mange pas les feuilles, on les mâche avant de les recracher ; comme pour le vin en dégustation.

 

Assez de bla-bla, je me lance.

 

Le petit-verdot est sec et acide. C'est une surprise car la forme arrondie des feuilles fait plutôt penser à l'eau. Les tiges sons cassantes et paraissent très aqueuses. Hors, les feuilles semblent ne pas contenir beaucoup d'eau.

Cela peut expliquer en partie la faible réceptivité de ce cépage au mildiou.

 

Le merlot quand à lui est charnu. Il a une forte acidité en finale. Là aussi, en goutant la feuille, on comprend bien pourquoi avec ce caractère charnu, le merlot est si sensible au mildiou.

 

Avec la muscadelle, on découvre un autre profil. La feuille est sèche, comme celle du petit-verdot ; cela confirme sa faible appétence pour le mildiou. Il n'est cependant pas du tout acide, ce qui tranche avec les autres cépages.

Par contre, elle est poivrée. Même si on est loin des notes fleuries présentes dans les vins, on ressent que c'est un cépage particulier avec son caractère propre!

 

Le Sémillon est lui aussi sec et acide. Il est très typé par des notes de condiments que je ne sais pas nommer mais que l'on retrouve dans une préparation du commerce appelée "Savora".

 

Pour finir, le Sauvignon. Il n'est pas sec comme nos autres cépages blancs. Il est cependant acide. Il est très marqué par des notes  d'écorces d'agrumes, citrons ou oranges confits. Il est aussi fin et floral avec un retour aromatique marqué en finale. On n'est pas loin des termes employés pour les vins issus de ce cépages.

 

Voilà résumées quelques unes de mes appréciations gustatives sur la dégustation de feuilles.

J'aurais pu tester aussi les cabernets; ce sera pour la prochaine fois.

 

Que peut-on tirer comme conclusion de tels exercices?

Premièrement, on comprend un peu mieux les différents cépages ; avec un éclairage différent.

 

Il faudrait cependant renouveler l'expérience avec différents terroirs pour détecter l'influence du sol sur les appréciations gustatives des feuilles.

En faisant cela, on a simplement l'impression d'avoir ouvert une porte vers plus de connaissance de nos vignes.

 

Finalement, on se rend compte qu'on ne connait pas grand-chose à notre métier et qu'il existe de nombreuses choses à découvrir. Une seule vie ne suffirait pas.

 

Une fois de plus, la nature nous donne une leçon d'humilité.

 

L'essentiel du travail reste donc à faire…

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7 juillet 2008 1 07 /07 /juillet /2008 08:06

J’ai enfin trouvé la bonne idée pour devenir célèbre.

C’était là tout près de moi et je n’y pensais pas. Heureusement, mieux vaut tard que jamais.

En plus, c’est une idée qui va rendre service à l’humanité entière.

 

J’ai enfin trouvé comment faire venir la pluie. Eh bien, c’est très simple, cela tient en un seul mot : décavaillonneuse.

 

Je m’explique. Depuis plus d’un an, chaque fois que je souhaite installer les décavaillonneuses pour labourer mes vignes, il se met à pleuvoir. Ca marche à tous les coups.

Déjà l’an dernier, dès que je les ai sorties, il s’est mis à pleuvoir peu après, et ce pendant 4 mois. Nous nous sommes contraints à les utiliser mais l’herbe n’est jamais vraiment morte. Lorsque le beau temps est revenu, on était trop proche des vendanges. Il a fallu abandonner et récolter avec des herbes dans les rangs.

 

Cette année, c’est encore pire. Il suffit de prononcer le mot pour que la pluie arrive. 

Ce week-end en fut encore un magnifique exemple.

 

Cela fait maintenant des mois que nous attendons de pouvoir décavaillonner les vignes. J’en ai parlé souvent sur ce blog.

Avec le retour du beau temps depuis quelques jours, j’ai cru que le moment était enfin venu de pouvoir redonner aux vignes un air de propre en faisant un sort définitif aux herbes en tous genres qui s’y sont développées.

 

Nous avons donc attelé nos outils. Jean-Michel et l’enjambeur pour les vignes à 1 mètre, moi et le tracteur interligne pour les vignes à 2 mètres.

Nous en rêvons depuis des mois. Notre désir est devenu réalité. Après quelques réglages, les charrues ont enfin pu retourner des milliers de pieds d’herbe.

Le sol était parfait, ni trop sec, ni trop humide. Rang après rangs, on commençait à voir les vignes devenir propres.

 

Samedi soir, un grand élan d’optimisme avait envahi le Champ des Treilles.

Les prévisions d’avancement étaient déjà faites pour le lendemain et les jours suivants.

Malheureusement, dans la nuit, un gros orage est venu contrarier nos projets.

24 mm de pluie qui s’ajoutent à ceux déjà tombés.

On n’avait pas besoin d’eux pour que le mildiou se sente en confiance. La situation déjà difficile ne va pas s’arranger.

Mais en plus, il va y en avoir pour plusieurs jours avant de retrouver des conditions de sol correctes pour pouvoir envisager de labourer.

D’ici là, un nouvel orage aura peut-être redonné suffisamment d’humidité au sol pour repousser les travaux.

L’herbe, elle ne connaît pas de répit.

 

La parade à cet état de fait est d’atteler les charrues sans en avoir parlé au préalable pour prendre la pluie de vitesse.

 

Mais à contrario dans les pays arides, on peut envisager de mettre bien en évidence des décavaillonneuses pour faire venir l’eau du ciel. On pourrait ainsi multiplier les récoltes et sauver des milliers ou même des millions de personnes.

Mon nom serait donc cité dans les livres d’histoire pour avoir rendu la fertilité à des zones arides depuis des lustres.


Avant ce futur glorieux, il me reste quand même à finir de labourer mes vignes. J’en arrive à me demander si nous y arriverons cette année.

 

Les seules véritables gagnantes de cette situation particulière sont sans aucun doute les limaces qui profitent de l’humidité du sol et de températures douces pour se balader avec sérénité.

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4 juillet 2008 5 04 /07 /juillet /2008 07:20

Nous avons partagé une partie de nos jours et même de nos nuits depuis pratiquement 1 ou 2 ans et c’est déjà bientôt l’heure de se quitter.

 

Certes, ce n’est pas un départ immédiat ; il y aura bien une période transitoire mais ce ne sera plus tout à fait pareil.

 

Vous vous demandez sûrement qui peut bien partir au point de me rendre triste ?

 

Je veux parler des vins, rouge 2006 et blanc 2007, qui vont être mis en bouteilles dans les semaines à venir.

Pour cela, il faut les préparer à cette étape essentielle de leur vie.

Je suis donc en train de procéder aux derniers soutirages et ajustements avant le moment fatidique.

 

Je sais que tous les ans c’est pareil, mais j’ai toujours le sentiment qu’une page de ma vie se tourne avec la mise en bouteilles annuelle.

 

Les vins en questions, nous les avons d’abord préparés dans la vigne durant de longs mois. C’est un peu comme une grossesse. On prend garde au bébé à venir et on imagine comment il pourra être, quel sera son caractère.

Puis lorsqu’il se décide à venir, on est là. Notre présence est d’abord de tous les instants, jour et nuit.

Certaines années tout est facile, presque trop simple. Parfois, c’est le contraire comme lors d’une grossesse mal engagée ou d’un accouchement difficile.

Mais finalement, on aime toujours le vin que l’on vient d’enfanter.

 

Puis les choses deviennent plus calmes, mais il faut toujours l’accompagner.

Le vin devient ensuite adolescent avec une autonomie toujours plus grande malgré la présence indispensable de ses parents.

 

Puis un jour, arrive la mise en bouteilles avec l’échéance du départ programmé. C’est là qu’on se dit que ce vin que l’on a porté ne nous appartiendra plus vraiment.

Il partira bientôt dans des lieux et chez des gens que nous ne connaissons pas.

 

J’espère seulement qu’il fera honneur à sa famille et à ses parents qui, quoi qu’il arrive seront toujours fiers de lui.

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2 juillet 2008 3 02 /07 /juillet /2008 07:51

 Malheureusement, je ne vais pas vous parler de dégustations de Latour 61 ou Mouton 45 car ces vins là, je ne les ai pas dégustés et je pense ne jamais avoir l'occasion de le faire.

 

Si je vous parle dégustation aujourd'hui, c'est pour tout autre chose.

Depuis quelques semaines, j'avais prévu d'écrire ce billet, mais le temps passe trop vite et la vigne nous a demandé tellement d'attention que je n'ai pas pris les quelques minutes nécessaires à la réalisation de ce texte.

 

En effet, depuis quelques années, nous avons pris l'habitude de déguster des fleurs de vigne. Etrange pratique me direz-vous. Mais c'est tout à fait sérieux.

 

Nous avions entendu parler de cette technique mais nous la jugions folklorique, voire farfelue. Puis, lors de notre évolution vers cette viticulture du "ressenti" nous avons éprouvé le besoin d'essayer.

Et là, ce fut une véritable révélation pour nous. Le terroir s'exprime vraiment dans les fleurs.

Finalement, c'est assez logique.

Au-delà de la simple constatation, nous avons cherché quel bénéfice nous pourrions tirer de cette découverte, ou plutôt de cette constatation.

Nous avons donc procédé scientifiquement. D'abord, nous avons vérifié la corrélation entre les impressions olfactives de grappes de diverses zones du vignoble et les caractéristiques gustatives des vins qui y sont produits.

Nous avons constaté que la "noblesse" du terroir s'exprime à la fois dans l'intensité et la complexité aromatique des fleurs et dans la qualité du vin.

 

A partir de là, on avait donc une technique très fine de zonage de notre terroir.

 

Effectivement, on est très loin de la carte pédologique qui trône souvent en bonne place dans les salles de dégustation de domaines viticoles et qui ne sert à rien ou presque car personne ne sait vraiment la lire et le lien entre les informations qu'elle contient et la qualité du vin est parfois difficile à faire.

 

Nous nous intéressons avant tout à la réalité concrète du terroir.

Malheureusement, pour pouvoir apprécier les caractéristiques gustatives générées par chaque micro-zone grâce à une vinification, il faut un volume de vendange minimal pour remplir une cuve.

Les micro-vinifications ne sont jamais à comparer avec une vinification en taille réelle car les extractions ne sont pas les mêmes ou la maitrise des températures n'est pas aussi bonne.

Chez nous, il est possible de vinifier dans des très petites cuves de 20, 10 et même 6 hl. Mais, même dans ces conditions, c'est encore trop important pour pouvoir se faire une idée du niveau qualitatif d'une zone de quelques dizaines de m2.


Avec la dégustation de fleurs, cela devient possible. On peut même "descendre" au niveau du pied de vigne si on le souhaite.

 

Certes, on ne redécouvre pas tout chaque année. On garde l'expérience acquise mais on tente de l'améliorer par des dégustations supplémentaires.

 

La finalité de l'opération est de connaître le plus précisément possible à quel endroit de la parcelle le terroir change au point de changer le vin. Bien-sûr, on en a déjà une idée mais notre connaissance reste approximative quand elle ne se base par exemple, que sur un changement de couleur ou de texture du sol.


Pour procéder, il y a quand même une règle fondamentale : centraliser toutes les grappes au même endroit. Je ne suis pas capable de mémoriser une senteur à un endroit puis me rendre dans un autre lieu et me souvenir parfaitement de l'odeur pour la comparer avec une autre.

 

Donc, comme dans le cas de contrôle de maturité, j'utilise des sacs congélation. Je mets 3 ou 4 grappes d'une même zone dans un sac.

 

Lorsque j'ai collecté des grappes dans toutes les zones, je les place devant moi. Puis je sens chaque lot et le compare aux autres, comme dans le cas d'une dégustation de vins.

A ce moment là, on peut noter de grandes différences entre certaines origines. Deux lots identiques ou très voisins nous font penser que les terroirs sont très proches qualitativement.

Dans le cas contraire, on en déduit qu'il est préférable de séparer la vendange des différentes zones.

 

Grace à cette technique toute simple, gratuite et finalement très logique, j'ai pu augmenter la précision de la connaissance de mes différents terroirs.

Cela explique pourquoi je demande aux vendangeurs de commencer à tel pied dans le rang ou de laisser de côté tel autre rang de la parcelle.


En faisant cela, je n'ai pas l'impression de tout savoir sur mon vignoble. J'ai le sentiment d'avoir progressé, mais je me dis aussi qu'il y a sûrement encore beaucoup de choses à découvrir.

 

Steiner disait qu'il faut être "clair sentant".

 

Je m'y emploie un peu plus tous les jours avec force et modestie.

 

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26 juin 2008 4 26 /06 /juin /2008 12:18

Pour la deuxième fois en quelques mois, je viens d'avoir une expertise de mes bâtiments neufs.

Tous ceux qui ont un jour fait construire savent de quoi je parle. Il est rare que tout soit parfait.

Certes, le toit est étanche et les murs ne laissent pas passer le jour. Mais les petites malfaçons sont nombreuses. Il s'agit surtout de petits détails qui auraient pu avoir été traités correctement pour le même prix et le même effort.

Les défauts les  plus visibles viennent des enduits d'un mur qui tombent.

Lors de la première expertise, les experts avaient conclu qu'il s'agissait uniquement d'un problème esthétique et qu'il n'y avait donc pas matière à poursuivre les réclamations.

J'ai été un peu choquée par un tel comportement car l'esthétique de mon bâtiment, je l'ai payé!!

 

Lors de la définition du projet, Jean-Michel et moi avions voulu des bâtiments rappelant les constructions locales traditionnelles, c'est-à-dire des colombages et des poteaux bois comme les maisons de Sainte-Foy la Grande issues du moyen-âge mais aussi des bardages bois à l'image de hangar à tabac que l'on peut encore voir en grand nombre non-loin de chez nous, dans la vallée de la Dordogne et celle de la Garonne.

Nous avions confié la demande à Christophe Massie, architecte bien connu sur Bordeaux et qui intervient dans de nombreux Châteaux viticoles prestigieux.

Comme toutes les personnes brillantes, il a tout de suite répondu à nos attentes en trouvant les bonnes idées mais sans lourdeur dans les rappels des détails souhaités.

 

Malheureusement, la nécessité de tenir un budget serré ne nous a pas permis de lui demander d'assurer la coordination du chantier. C'est bien dommage.

Lorsqu'on est pauvre, c'est toujours plus difficile. Autrement dit, il vaut toujours mieux être riche. Je m'en souviendrai la prochaine fois...

 

Pour en revenir aux bâtiments, c'est surtout au niveau des colombages que l'entreprise chargée des enduits n'a pas pris la pleine mesure de la difficulté. Comme tout matériau naturel, le bois sèche et se rétracte en permanence. Et donc dans les zones très fournies en bois, l'enduit n'a pas résisté aux pressions fréquentes. Une fois de plus, il aurait fallu agir de façon plus fine pour éviter tout problème.

 

Pour rajouter une couche à la complexité du dossier, l'entreprise sous-traitante pour les enduits à maintenant disparu.

Heureusement, mon contrat d'assurance prévoit l'assistance juridique pour mes problèmes.

 

Mais, il faut encore partir dans des procédures, des devis et factures à retrouver, à photocopier, à envoyer à l'avocat, l'expert,...

Bref, beaucoup de temps à passer et du tracas à venir.

 

Courage Corinne...

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le blog de Corinne Comme

En créant ce blog,  je souhaite faire partager une certaine approche de notre métier de vigneron afin de réhabiliter le mot « paysan ». Au-delà de son rôle dans la production de denrées alimentaires, il doit aussi être le gardien d’un savoir ancestral et faire le lien entre la nature, les animaux et l’humanité. Il est l’observateur et le garant des grands équilibres de la vie. C’est une tache prenante et passionnante qui s’accompagne de joies, de peines et de moments de doutes.

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