elle est la question que je me pose de plus en plus souvent quant à la présence de mes vins au sein de l’AOC Sainte-Foy Bordeaux ou même Bordeaux en général.
Lorsque nous avons commencé cette aventure et que la question de l’appellation s’est posée, nous avons tout naturellement choisi l’AOC locale qui avait en plus l’avantage d’être à taille humaine, ce qui n’était pas l’idée que nous nous faisions de la grande sœur « Bordeaux-Bordeaux supérieur ».
Sainte-Foy la Grande est notre ville. Jean-Michel y est né. C’est dans son lycée que nous nous y sommes rencontrés. Plus tard, nos deux enfants ont été parmi les derniers à naitre dans la maternité locale.
Et même si nous habitons à Pauillac depuis plus de 20 ans, Sainte-Foy reste notre terre.
Les étiquettes sur nos bouteilles arborent avec fierté les armoiries de la ville qui rappellent le passé chargé de la région.
Mais, il faut bien reconnaitre qu’en plus de 10 ans, notre présence au sein de cette AOC ne s’est jamais révélée franchement positive.
Etre différent est toujours une source de tracas.
Un grand vigneron m’a dit un jour que « l’AOC, c’est l’éloge de la médiocrité » ; dans le sens où celui qui veut faire bien ou mieux que les autres se trouve souvent marginalisé, voire critiqué, voire même attaqué.
Je pense que le talent et le travail individuels sont les vrais moteurs de la progression d’une marque comme la nôtre. Nous produisons du Champ des Treilles et nous le vendons. Ses arguments sont sa qualité, son prix et l’histoire qui est la sienne à travers notre projet et notre vie dédiée à la vigne.
Forte de ce constat, j’ai progressivement pris de la distance avec mon AOC. La distance est maintenant telle que je n’ai de relation avec elle que par cotisations interposées. La solidarité est une force nous dit la pub. Mais c’est surtout vrai pour celui qui reçoit et justement j’ai l’impression de ne faire que donner sans rien recevoir en échange.
Politiques démagogiques et irréalistes, absence de sens des priorités,(…) on a là le terreau pour des augmentations fortes des cotisations professionnelles ; avec un retour sur investissement nul.
L’option d’aller vers les Bordeaux et Bordeaux sup. n’est pas meilleure dans le sens où les égos et les absences de priorités sont les mêmes mais à un niveau plus élevé encore. On peut y rajouter la dimension « politique » qui n’existe pas dans les structures microscopiques comme mon AOC actuelle.
Quelle sera la bonne direction à choisir pour mes vins dans l’avenir ?
Je ne le sais pas encore ; mais je m’interroge.
L’expérience montre qu’un bon vin avec un prix juste trouve toujours preneur.
Donc si on est sérieux, passionné et raisonnable, on n’a pas trop de souci à se faire … avec ou sans AOC.